Partager

Souvenir

RCF,  - Modifié le 21 septembre 2018
Fanny Cohen MoreauFanny Cohen Moreau

Souvenir, souvenir, il me semble que c’était une chanson de Johnny Halliday. Pour se souvenir, il faut en fait avoir un peu vécu. Ce n’est assurément pas le bébé qui peut affirmer comme Baudelaire le fait en 1857 dans Les Fleurs du mal que « J’ai plus de souvenirs que si j’avais mille ans ». Eh bien, puisqu’hélas je ne suis plus un bébé, nous allons essayer de se souvenir de l’histoire à ce mot « souvenir ».

En fait, souvenir, ne cache pas trop sa construction il vient du latin subvenir, c’est-à-dire « venir sous ». Et il faut comprendre qu’il vient mémoire, par-dessous en somme. Il ressurgit. La première définition du mot souvenir est d’ailleurs réduite à un synonyme, chez Richelet : « Souvenir. Mémoire » avec un exemple délicieux. "Elle est toujours dans mon cœur", dans mon souvenir », citation tirée du poète Voiture.

En fait ce mot, le « souvenir » va littéralement et littérairement être revivifié par Marcel Proust, qui considérait son roman comme une « cathédrale du souvenir ». Par exemple, dans Du Côté de chez Swann, voilà ce qu’il dit avec tant de finesse : « Arrivera-t-il jusqu’à la surface de ma claire conscience, ce souvenir, l’instant identique est venue de si loin solliciter, émouvoir, soulever tout au fond de moi. Je ne sais ». On se souvient aussi, c’est le cas de le dire, de cette fameuse Madeleine dont le goût le revien, la Madeleine de Proust. « L’édifice immense du souvenir », c’était aussi une formule de Proust, évoquant le fait que quand « d’un passé ancien rien ne subsiste », « l’odeur et la saveur restent encore longtemps, écrivait-il, comme des âmes à se rappeler, à attendre, à espérer sur la ruine de tout le reste ».

Et puis au-delà de ces pensées très sérieuses existent aussi des pensées plaisantes. Par exemple Jacques Dor qui définit ainsi le souvenir dans son dictionnaire humoristique : « Bestioles qui vous démangent n’importe où qu’on refile à des inconnus en buvant un coup. ». Mais en fait, je me sens fleur bleu et la réflexion que je préfère, je la dois à Françoise Hardy dans une chanson de 1973, Message personnel : « Mais si tu crois un jour que tu m’aimes Ne crois pas que tes souvenirs me gênent, Et cours cours jusqu’à perdre haleine, viens me retrouver. » Ah Françoise Hardy, que c’est beau…

Cet article vous a plu ?
partager le lien ...

RCF vit grâce à vos dons

RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation  de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !

Faire un don