Soupçons d’emprise au sein de la Famille missionnaire de Notre Dame, la justice devrait trancher en 2026
Le Père Bernard Domini a-t-il eu une emprise sur certains membres de la Famille missionnaire de Notre Dame ? Le Père supérieur de cette congrégation catholique devra bientôt comparaître au tribunal judiciaire de Privas pour répondre de ces accusations émises par cinq parties civiles. L'audience, qui devait avoir lieu à la fin du mois de septembre, pourrait être repoussée de plusieurs mois.
Dessin du père Bernard Domini ©RCF - Fanny GastaldiC’est un procès hors norme pour le petit tribunal ardéchois et son unique salle d’audience… Le père supérieur de la Famille missionnaire de Notre Dame sera jugé pendant trois jours pour les faits de suggestion psychologique qui lui sont reprochés. Ce procès très attendu, qui devait avoir lieu du 24 au 26 septembre prochain, pourrait être repoussé à 2026, d’après nos informations. L’instruction, ouverte par le parquet, il y a plusieurs années, serait toujours en cours.
Dans cette affaire, cinq parties civiles, quatre femmes et un homme, reprochent au père Bernard Domini d’avoir eu une emprise à leur égard sur une période allant de 2015 à 2020. Au moins deux d’entre eux ont été membres de la Famille missionnaire de Notre-Dame durant plusieurs années. Cette congrégation catholique compte un peu plus de 150 membres répartis dans une quinzaine de foyers en France, et notamment à Saint-Pierre-de-Colombier, siège de la communauté. C’est dans ce village ardéchois que cette communauté (reconnue en 2005 comme institut de vie consacrée de droit diocésain) a été créée en 1946.
Altération du discernement et souffrance psychique
En juillet 2024, dans le cadre de cette affaire, une première audience avait eu lieu à Privas dans une salle pleine à craquer. L’avocat du père Bernard, Me Jérôme Triomphe, avait alors plaidé l’inconstitutionnalité des poursuites, qui allaient, selon lui, à l’encontre de la liberté religieuse. Si son argument n’a pas été retenu, le tribunal a accepté de poursuivre l’instruction, qui n’interrogeait pas les membres de la congrégation ou le père Bernard Domini.
D’après les premiers éléments communiqués lors de cette audience, il est reproché à ce dernier d’avoir organisé des conditions de vie difficile, créé un environnement d’isolement et de culpabilité, ou encore d’avoir empêché l’accès à des soins adaptés… Le tout pouvant conduire à une altération du discernement et une souffrance psychique importante.
Un autre calendrier : celui du projet contesté d’église
Ces accusations sont jugées calomnieuses par la Famille missionnaire de Notre Dame, qui souligne que ce procès s’inscrit dans un autre calendrier : « celui de l’opposition à la construction de l’église du Cœur Immaculé de Marie ». Ce projet d’église avait notamment fait parler à l’automne 2023, quand des heurts avaient éclaté sur le chantier entre les religieux et les opposants.
Le chantier était toutefois limité à la construction d’une passerelle sur la rivière et d’un bâtiment d’accueil puisque l’évêque de Viviers, dont dépend le siège de la Famille missionnaire, n’avait pas donné son accord à la construction d’une église. Ce décret diocésain a également été confirmé par le Vatican. En mars 2024, la présence d’une espèce végétale protégée sur le site a conduit à une suspension du chantier, en attendant de réaliser une étude environnementale complémentaire à la demande de l’État.
L’édification de cette église ne devrait, toutefois, pas être abordée lors de la prochaine audience, qui concerne davantage les règles qui régissent la vie de la Famille missionnaire de Notre-Dame.
