Situation politique : le MEDEF 43 alerte sur « un flou artistique »
La démission de Sébastien Lecornu et de son gouvernement ce lundi, après quelques heures d'existence, a créé une déflagration en France. Le monde économique lui s’inquiète de cette instabilité. Pour relancer les investissements, les embauches, le MEDEF de Haute-Loire souhaite avoir un cap clair.
Jérôme Chalaye (à gauche) et Stéphane Vray (à droite), président et délégué du MEDEF 43 ©Martin ObadiaLe monde économique n’était déjà pas très serein depuis plusieurs mois, la démission de Sébastien Lecornu et de son gouvernement ne font que rajouter de l’instabilité pour les entreprises de Haute-Loire. Pour Jérôme Chalaye, le président du MEDEF de Haute-Loire « tous les chefs d’entreprise sont dans la difficulté ». Pour lui cela s’explique par plusieurs facteurs. Le premier c’est qu’ « on a pas de pilote et malheureusement ça fait longtemps ». L’absence de stabilité au niveau du gouvernement est aussi responsable de l’absence « de ligne directrice, de programme clair. Nous, entreprises, on a besoin d’un cap. Aujourd’hui il n’y a aucune visibilité ». Le patron se permet une pique en direction du monde politique, sans le citer, « aujourd’hui c’est le flou artistique et j’ai l’impression que certains se complaisent dans ce flou ».
Peut se poser la question de la responsabilité du MEDEF national dans cette situation. Est-ce que le syndicat patronal n’a pas participé un peu à cette instabilité à travers l'instauration de lignes rouges ? Pour Stéphane Vray, le délégué du MEDEF 43, « le MEDEF ne souffle jamais sur les braises. On va toujours pour essayer de donner une idée. Je ne pense pas que le Medef soit plutôt un frein, on peut avoir des idées » se défend il.
Le monde économique confronté à plusieurs enjeux
Pour l’organisation patronale (550 adhérents en Haute-Loire), les difficultés des chefs d’entreprises reposent aussi sur les charges qui restent trop élevées. « On fait partie des plus chargés en termes de charges salariales de l’OCDE, voire du monde. On a clairement un manque de compétitivité » explique Jérôme Chalaye. « Aujourd’hui le chef d’entreprise est arc bouté sur les charges, sur sa réalité économique et sa performance économique et il n’y arrive plus ». A cela s’ajoute des exigences grandissantes des salariés, ce qui complique les recrutements.
Quant aux investissements, « il y a eu un coup d’arrêt, y compris en Haute-Loire et comme on dit souvent, quand une entreprise n’investit plus, elle n’évolue plus, elle n’avance plus et c’est quelque part une forme de récession ».
Pas d'aides mais pas plus de taxes
Ces derniers mois, le débat public s’est principalement centré sur les difficultés budgétaires de la France et de la nécessité de résorber la dette (3 305 milliards d’euros) et le déficit public (168,6 milliards d’euros soit 5,8% du PIB). Jérôme Chalaye compare la situation française à « une grande baignoire qui fuit de toute part parce qu’on a des dépenses abyssales ». Selon lui, certains remèdes ne sont pas les bons. « On ne peut pas réformer et combler cette dette que par de l’impôt, de l’impôt et de l’impôt. Après on bricole, on essaie de faire des allègements, des aides, nous, entreprises on ne demande pas d’aides, on veut juste retrouver de la performance industrielle ». Il ne faut pas lui parler de la taxe sur les hauts patrimoines. « La taxe Zucman, on nous a abreuvé de ça pendant 15 jours pour éviter de parler des vrais problèmes ». Il exprime la nécessité de s’attaquer aux dépenses publiques. « Le budget de l’Etat c’est comme une société, ça devrait se gérer de la même manière » affirme le président du MEDEF de Haute-Loire.
L’enjeu aujourd’hui pour relancer une dynamique dans le monde de l’entreprise est de notamment s’interroger sur la transposition des règles européennes, d’avoir une taxation en adéquation avec les voisins européens. Cela permettra, selon lui de retrouver de la compétitivité et de pouvoir réembaucher. Il lance un appel « redonnez nous de la performance, que l’industrie puisse réembaucher, ça va automatiquement faire des recettes ». Des recettes portées notamment par la consommation. « Nous ce qu’on veut donner c’est du pouvoir d’achat aux salariés. Si on peut le faire, on le fera ». Toutes ces revendications devaient être portées par un grand rassemblement à Paris des chefs d’entreprises le 13 octobre. Le rendez-vous est pour l’instant reporté pour ne pas « rajouter de la problématique à la problématique » explique Jérôme Chalaye.
