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Sentinelle

RCF,  -  Modifié le 28 mars 2018
Pascal Hausherr Pascal Hausherr

Il y a des mots très anciens qui bien qu’en rien oubliés reprennent soudain du poids. C’est le cas de sentinelle qui, à travers l’expression "opération sentinelle", destinée à faire face aux menaces terroristes, revient en fréquence dans notre langue. Mais alors d’où vient ce mot assez doux à prononcer, il faut bien le dire.

A dire vrai, son origine se devine si on pense au verbe « sentir », et à son origine en latin classique. Au départ, il y a en effet le latin, sentire désigne le fait de percevoir par les sens, tous les sens, par la sensibilité, par l’intelligence. D’où sentir une atmosphère puis on l’a parfois réduit au seul odorat, ou au toucher. Et en italien, sentire a plutôt désigné le fait d’entendre, d’où l’italien « far la sentinella », être à l’écoute, et du coup « faire la sentinelle » est passé ainsi en français au XVe siècle, et lancé par Rabelais en 1546.

« Faire la sentinelle » est ainsi devenu « faire le guet », en tant que soldat, avec assez vite des expressions élargies comme « être en sentinelle », c’est-à-dire exercer une surveillance sur quelqu’un, en se tenant immobile. La sentinelle épie, observe : on en a l’illustration par exemple à travers le roman Gaspard de la nuit, par Alosius Bertrand, roman écrit en 1841, mais publié tardivement, où je lis « une sentinelle, le mousquet au bras et enveloppée dans son manteau se promène le long du rempart. Elle se penche entre les noirs créneaux de moment en moment, et observe d’un œil attentif l’ennemi dans son camp. » Et puis, en prenant un exemple tiré de Balzac, dans la Vendetta, publié en 1830. « En s’apercevant de l’obstination de l’inconnu, la sentinelle lui présenta sa baïonnette en matière d’ultimatum. » On ne plaisante pas avec une « sentinelle ». Il en va de même aujourd’hui avec nos soldats armés d’une mitraillette pour nous protéger.

Le mot sentinelle a aussi d'autres sens, dont certains à ne pas retenir comme en argot, la « sentinelle » posée par un chien, très malodorante. Bien plus élégante est la sentinelle, qu’on appelle ainsi et qui est un genre de passereau qu’on appelle aussi un Macronyx, et n’est-ce pas merveilleux que ce soit notre Président presque de même nom qui relance l’opération Sentinelle, qu’il aurait pu appeler, toute modestie mise à part, finalement appeler l’opération Macronyx

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