Sécurité au Louvre : les failles d’un musée sous haute tension
Quinze jours après le spectaculaire cambriolage, sept personnes ont été interpellées. Trois ont finalement été relâchées sans poursuites à ce stade, tandis que quatre ont été mises en examen. Au moins une personne est toujours recherchée par la police. Mais les bijoux, d'une valeur estimée à 88 millions d'euros, demeurent introuvables. Didier Rykner, journaliste et fondateur de La Tribune de l’Art, décrypte la situation.
Le musée du Louvre © matt_86 / pixabayLe ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, s’est déclaré ce week-end « optimiste » quant à la possibilité de retrouver les bijoux volés au Louvre.
Des risques accrus pour les bijoux
Les œuvres d’art ne courent pas toutes les mêmes risques, avertit Didier Rykner. « Il faut se poser la question de la protection des objets en argent précieux, voire en bronze, car les gros objets en bronze sont souvent fondus », explique-t-il. Plusieurs vols ont ainsi conduit à la fonte des objets et à leur revente, sans qu’un lien puisse être clairement établi avec les œuvres d’origine. « Les tableaux et les sculptures sont aujourd’hui beaucoup moins menacés qu’avant, car ils sont invendables : ils sont trop connus », poursuit le journaliste.
Il faut se poser la question de la protection des objets en argent précieux, voire en bronze, car les gros objets en bronze sont souvent fondus
Les voleurs se tournent désormais plus souvent vers l’or et les bijoux. Il faut alors les dessertir. « J’espère que ce ne sera pas le cas », soupire Didier Rykner. Les pierres anciennes sont en effet difficiles à dessertir et nécessitent souvent d’être retaillées pour passer inaperçues, une opération complexe qui requiert l’intervention d’un joaillier. Didier Rykner évoque également une autre hypothèse : la possibilité d’un chantage à l’État. « Je sais que ça existe, il y a déjà eu des cas », confie-t-il.
Un manque d’investissement dans la sécurité
Selon Didier Rykner, le manque d’investissement dans la sécurité du musée du Louvre serait lié à l’annonce du plan “Louvre – Nouvelle Renaissance” par le président de la République le 28 janvier 2025. Laurence des Cars aurait, d’après le fondateur de La Tribune de l’Art, repoussé certains investissements, notamment ceux destinés au renforcement de la sécurité, afin de privilégier ce projet titanesque et très coûteux.
Elle avait les fonds, elle avait toutes les informations lui permettant de savoir que la sécurité n’était pas assurée
Cela la rendrait en partie responsable de la défaillance du dispositif de sécurité survenue il y a deux semaines. « Elle avait les fonds, elle avait toutes les informations lui permettant de savoir que la sécurité n’était pas assurée », estime-t-il. Le président de la République est également pointé du doigt, en raison du rôle central qu’il a joué dans « un projet totalement mégalomane, sans véritable utilité ».


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