Dimanche 7 juillet a lieu le second tour des élections législatives. En Sarthe, si trois triangulaires et deux face à face se profilaient à l'issue du premier tour, il y aura finalement cinq duels.
412 000 électeurs sarthois sont appelés à voter dimanche. Les cinq circonscriptions sarthoises ont toutes un point commun : le parlementaire sortant se maintient et affronte un candidat investi ou soutenu par le Rassemblement national.
Tentons d'y voir plus clair.
1ère circonscription : Beaumont-sur-Sarthe, Conlie, Fresnay-sur-Sarthe, Le Mans centre et nord-ouest, Sillé-le-Guillaume
Céline de Cossé-Brissac, candidate du parti de Marine Le Pen, sort en tête à l'issue du premier tour. Elle a recueilli 33,60% des voix.
Elle trouvera en face d'elle, Julie Delpech. 30,84 % des suffrages se sont portés sur la candidate Ensemble! La députée sortante souhaite "poursuivre son travail parlementaire pour défendre ses projets mais aussi écouter les colères". Comme au premier tour, elle a pu compter sur la venue en Sarthe de têtes d'affiche de la majorité présidentielle, à savoir Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et ancien maire d'Angers, et Catherine Vautrin, ministre du Travail et de la Santé.
Cela suffira-t-il à combler les 1354 voix qui la séparent de la discrète candidate du RN qui, pour sa part, évite soigneusement les médias ?
Le report des voix sera bien sûr déterminant. Ghislaine Bonnet, investie par le Nouveau Front populaire, aurait pu se maintenir avec son score de 25,01%. Lundi, elle a annoncé dans un communiqué se désister afin de "tout faire pour battre le RN". Détail qui n'en est pas un, elle invite ses électeurs "à ne pas donner une seule voix au RN" mais ne cite pas Julie Delpech.
2nde circonscription : Bouloire, Le Mans Est-Campagne, Sud-Est, Sud-Ouest, et Ville-Est, Montfort-le-Gesnois
C'est la seule qui n'a placé le candidat du RN en tête dimanche soir. Marietta Karamanli, élue sortante socialiste, a réuni 39,95% des voix. Dans cette élection, elle met en avant son travail parlementaire "de femme engagée, responsable dans ses choix et dans ses votes".
Elle trouve en face d'elle François Fèvre, investi par les Républicains à droite (les proches d'Éric Ciotti) et du Rassemblement national, qui a fait un score de 35,29%. Pour rattraper son retard de 2418 voix, ce dernier reconnaît courtiser les voix du candidat malheureux UDI Samuel Chevallier.
Le conseiller départemental, qui a été le choix au premier tour de 23,09% des votants, s'est désisté. Il soutient officiellement Marietta Karamanli pour ne pas voir la circonscription élire un député d'extrême droite. Cependant, il ne cache pas ses réserves quant à l'appartenance de la députée socialiste au Nouveau Front populaire, et il y a peu à l'intergroupe parlementaire Nupes.
3ème circonscription : La Chartre-sur-le-Loir, Château-du-Loir, Ecommoy, La Flèche, Le-Grand-Lucé, Le Lude, Mayet, Saint-Calais
Romain Lemoigne, candidat du Rassemblement national, bénéficie une avance confortable avec 42,55% des voix, soit 13 points de plus que son adversaire et député sortant Éric Martineau.
Mais contrairement à d'autres circonscriptions partout en France, la gauche locale affiche un soutien explicite au candidat de la majorité présidentielle. Mathilde Jack, qui a manqué la triangulaire pour 416 voix, a appelé à voter pour Éric Martineau. Ce dernier a également réuni autour de lui nombre d'élus socialistes ou communistes, parmi lesquels Nadine Grelais-Certenais, maire de La Flèche ou l'ancien député PS Guy-Michel Chauveau.
Ces ralliements questionnent Romain Lemoigne. Il imagine mal les électeurs de gauche donner leur voix "à un député qui a voté la réforme des retraites" (Ndlr : la réforme des retraites qui recule l'âge légal de départ à 64 ans a été promulguée le 14 avril 2023 sans avoir été soumis au vote de l'Assemblée nationale). Pour sa part, Éric Martineau légitime ses soutiens car il estime être "depuis toujours dans le dialogue et l'ouverture" et d'ajouter que leur point commun est une opposition au Rassemblement national.
Le candidat du centre affirme aussi avoir le soutien de Vincent Gruau, maire de Jupilles et candidat LR au premier tour, qui a réuni 5,07% des suffrages.
4ème circonscription : Allonnes, Brûlon, Loué, Malicorne-sur-Sarthe, Le Mans Ouest, Sablé-sur-Sarthe, La Suze-sur-Sarthe
C'est clairement la circonscription qui fait le plus parler durant cette campagne suite au parachutage de Marie-Caroline Le Pen par le Rassemblement national. Celle-ci a terminé en tête dimanche dernier avec 39,26% des voix.
Elle devance largement la députée sortante Élise Leboucher qui repart sous les couleurs du Nouveau Front populaire. Cette dernière accuse un retard conséquent avec un score 25,94% au premier tour.
De son côté, Sylvie Casenave-Péré, investie par Ensemble!, s'est désistée afin "de ne pas permettre l'entrée à l'Assemblée nationale d'un autre membre du clan Le Pen." Elle avait recueilli 25,88% des suffrages et talonnait la candidate de gauche de 35 voix. Elle appelle ses électeurs "à voter selon leur cœur".
Marie-Caroline Le Pen affirme que si elle est élue , elle serait proche des préoccupations des Sarthois. "Je réunirais rapidement les maires [de sa circonscription] pour prendre en compte tout ce qui bloque à cause d'une administration étouffante" avance-t-elle. De son côté, Élise Leboucher s'engage en cas de renouvellement de son mandat "à rester une élue de proximité, qui vit et travaille dans la circonscription" et d'axer son programme sur "le pouvoir d'achat, les services publics, l'accès à la santé et l'école."
La candidate de gauche bénéficie de nombreux soutiens dont le maire du Mans Stéphane Le Foll, le sénateur PS Thierry Cozic ou d'autres élus, dont le président de l'Association des maires de Sarthe et élu LR Emmanuel Franco.
5ème circonscription : Ballon, Bonnétable, La Ferté-Bernard, , Mamers, Le Mans Nord-Campagne et Nord-Ville, Montmirail, Tuffé, Vibraye
Là aussi, une triangulaire est sortie des urnes dimanche soir. Mais Christophe Rouillon, maire socialiste de Coulaines et bon troisième avec 26,67% des voix a annoncé dès dimanche soir son désistement. Dans la foulée, il a appelé ses 15 261 électeurs à voter pour Jean-Carles Grelier.
Ce dernier, député sortant et investi par Ensemble! est arrivé second avec 31,28% des voix. À ses yeux, donner des clés du pouvoir au parti de Jordan Bardella revient "à se lancer dans une aventure dont on connaît le début mais pas la fin." S'il reconnaît que "tout n'a pas été parfait", il invite les électeurs à faire le choix "de la responsabilité, le choix de ceux qui ont de l'expérience."
Quête de stabilité contre envie de nouveauté. Son adversaire, Pierre Vaugarny (RN) juge durement les consignes de vote qu'il compare à "un vol des élections". Il espère convaincre les indécis de faire "le choix d'une autre voie avec des gens nouveaux." Au soir du premier tour, il a viré en tête avec un score de 38,23%.
Le candidat du Rassemblement national a presque 4000 voix d'avance sur le sortant. Il peut compter le soutien de Cécile de Bayle-Jessé, représentante de Debout la France, que 2,25% des votants ont choisie dimanche dernier.
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