Saugues : les éleveurs en colère sur le dossier du loup
Le territoire de Saugues est connu pour être régulièrement victime d’attaques de loups. Les éleveurs de brebis sont à bout. Une rencontre vient d’avoir lieu en présence du préfet Yvan Cordier. Des mesures ont été annoncées.
En Haute-Loire, 4 attaques de loups ont été recensées depuis le début de l’année 2025. ©RCF Haute-Loire.Depuis le 17 mai dernier, la Haute-Loire enregistre 4 attaques de loups contre « 5 en 2024 », explique le préfet de Haute-Loire. Yvan Cordier était à Saugues pour rencontrer des éleveurs inquiets, mais surtout en colère. Les éleveurs du territoire demandent des actions plus fortes localement pour lutter contre ce prédateur. Aujourd’hui, la préfecture a déjà délivré 2 arrêtés pour autoriser le tir de défense simple dans deux exploitations. « Deux autres sont actuellement en cours d’étude », poursuit le préfet.
Le problème : la complexité pour être autorisé à avoir recours à ce tir de défense simple. Les éleveurs doivent mettre en place au moins une des trois mesures de protection suivantes : la présence d’un chien, des clôtures électrifiées ou d’un berger. Beaucoup d’éleveurs n’ont pas les moyens de se payer, surtout les clôtures électrifiées. Ces dernières sont d’ailleurs pointées du doigt car pas suffisamment hautes pour empêcher une attaque. Pour essayer de calmer l’agacement de la profession, le préfet de Haute-Loire indique que dans plusieurs communes, les aides versées en cas d’attaque sont revues à la hausse.
Un problème de comptage
Malgré tout, les éleveurs sont sur les nerfs, le sujet reste sensible sur le plateau sauguin. D’autant que des associations de défense du loup se sont introduites sur des exploitations, sans autorisation, pour filmer les défenses mises en place par les agriculteurs. « C’est inacceptable », embraye Yannick Fialip, le président de la Chambre d’Agriculture de Haute-Loire. D’ailleurs, trois plaintes ont été déposées par des agriculteurs. « Tout est fait pour retrouver les auteurs », assure le préfet Yvan Cordier.
Présent également sur place, le député de la circonscription, Jean-Pierre Vigier (LR), met en avant un autre argument : un problème de comptage du loup. « Aujourd’hui, on nous dit qu’il y a 1900 loups en France, mais c’est au moins le double, voire le triple », détaille l’élu qui reconnaît qu’avoir un nombre réel de loups reste compliqué. Néanmoins, si le comptage était relevé, le nombre de prélèvements autorisés augmenterait mécaniquement.
Un risque de perte de production ovine
De son côté, la Chambre d’Agriculture semble surveiller le dossier du loup comme le lait sur le feu. Le sujet est explosif, la colère monte à Saugues. Yannick Fialip déplore aujourd’hui les conséquences directes de ces attaques de loups à répétition. Il pointe une baisse importante de cheptels, pas que sur la Haute-Loire d’ailleurs. « Sans les ovins, il n’y a plus d’entretien du paysage et donc le risque de feu de forêt est accru », estime le président de la Chambre.
Malgré le contexte morose, Yvan Cordier enjoint les acteurs à rester dans les règles. Il annonce qu’il va faire remonter à la préfète de région, Fabienne Bussio, les doléances des éleveurs. Certains se montrent déjà résignés : « La seule chose que je sais, c’est que quand tout le monde sera parti, j’aurai toujours autant de boulot pour protéger mon troupeau », lâche, amer, un éleveur.
Le préfet Yvan Cordier (au centre) a répondu aux questions des éleveurs au sujet du loup, appelant les agriculteurs à rester dans les clous de la loi. ©RCF Haute-Loire.