Sang
C’est un mot « sang », qu’il faut orthographier en vérité, pour ne pas se tromper de sens, parce que sous le son san se cachent au moins trois homonymes, j’entendais en effet une publicité ainsi prononcée « san s’abstenir ». De fait, on pourrait ne pas comprendre hors contexte : s’agissait-il de « cent [c e n t] s’abstenir », ne pas dépasser le cent à l’heure, ou encore de « sang, [s a n g] s’abstenir », surtout pas de violence ou encore et c’était le jeu de mots « c’est bon, vous pouvez en prendre sans [s a n s] s’abstenir », sans limite. Eh bien aujourd’hui c’est le mot sang s a n g qui va retenir notre attention.
Du latin, cela c’est certain, de sanguem, une déclinaison du latin classique sanguis, « sang qui coule », et en latin on opposait le sang qui coule dans nos veines, et qui doit y rester si j’ose dire, en tant que force vitale, s’opposant à « cruor », le sang répandu. Et on comprend donc que les mots cruel et cruauté étaient de sens très fort, associés au sang versé. La famille du mot « sang » est nombreuse et repérable, avec par exemple consanguin, ensanglanter, saigner, sanguinaire, mais aussi moins évident les mots sangsue, -sue venant du verbe sugare, sucer, et aussi, plus sympathique, la sangria, qui vient de l’espagnol sangre désignant le sang, la sangria étant de couleur rouge comme chacun sait. Eh bien sûr, c’est un sujet qui a toujours passionné les savants : d’où vient-il, comment est-il constitué ? Et nos dictionnaires en ont donné des définitions qui ont forcément beaucoup changé.
La toute première définition est celle de Pierre Richelet, dans son Dictionnaire françois, de 1680, et puis aussi la toute dernière. Alors voici pour Richelet : « Ce mot n’a point de pluriel & dans le propre il veut dire l’humeur qui se fait des aliments pour la nourriture du corps. Le sang se fait dans le cœur & passe des artères dans les veines ». Et voici celle du Petit Larousse : « Liquide rouge qui circule dans les artères, les veines et les capillaires sous l’impulsion du cœur, et qui irrigue tous les tissus de l’organisme, auxquels il apporte les éléments nutritifs (glucose, par ex.) et l’oxygène, et dont il recueille les déchets ». En définitive, beaucoup plus courte, j’aime beaucoup celle aussi des verbicrucistes : « sang : eau-de-vie » ! Encore un peu de sang disent les alcooliques…
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