Roseline Hamel: "Trouver le chemin vers le pardon"
Sacrement de réconciliation, possibilité de rencontrer un prêtre personnellement, messe d'action de grâce... Les 24 heures du pardon ont eu lieu les 17 et 18 mars 2018 en l'église Saint-Alpin de Châlons-en-Champagne (Marne). L'occasion d'entendre des témoignages forts comme celui de Roseline Hamel, la soeur du Père Jacques Hamel tué à Saint-Etienne-du-Rouvray en juillet 2016 par deux djihadistes. Michel Barone de RCF Coeur de Champagne s'entretient avec Roseline Hamel.
Quelle a été votre première réaction à l’annonce de la mort de votre frère ?
"Un cri d’horreur, de douleur profonde. J’ai eu l’impression que mes entrailles se déchiraient. Cette journée-là, nous étions dans une bulle. Quand on n’a pas vécu ce genre d’atrocités envers nos familles, on peut être compatissant mais on ne s’imagine pas dans quel état de douleur on peut être. Après, on commence à raisonner, à vouloir comprendre le pourquoi du comment, à trouver le chemin pour aller vers le pardon.
Quatre ans auparavant, on m’aurait dit qu’on allait vivre ce drame, j’aurais certainement eu la réaction suivante : il faudrait que ces gens paient, ceux qui ont fait du mal à mon frère. L’archevêque nous a demandé : avez-vous la haine, de la colère ? Nous étions dans une bulle de souffrance, mais étonnamment, même avec ce choc, ça ne nous a pas traversé l’esprit. Et ça, c’est le premier miracle de mon frère. C'est pour ça que je tiens à témoigner."
Vous avez rencontré la famille des meurtriers ?
"J’ai éprouvé le besoin de rencontrer cette maman. C’était au début comme une recherche d’un pansement à ma douleur. Ensuite je me suis mise à penser à l’envers : si j’étais cette maman dont le fils a provoqué cette horreur, comment je la vivrais ? J'ai imaginé comment elle vivait cette douleur, comment elle arrivait à la supporter. J’ai essayé de trouver de façon subtile un chemin qui m’amène à elle.
Je l’ai rencontrée, et franchement ma douleur est énorme, profonde, mais je ne l’échangerai pas contre la sienne. En tant que maman, c’est une douleur beaucoup plus forte. Nous avons gardé un lien. On parle du Coran, de comment il est lu, de la correspondance avec les Evangiles… cela nous fait du bien d’en parler ensemble."
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