Robert Chazal, ancien résistant, décoré de la légion d'honneur au CHU de Grenoble

Entouré de ses proches et des résidents du Centre Gérontologique Sud du CHU de Grenoble, Robert Chazal, 98 ans, laisse le lieutenant-colonel Fabrice Gaudelet apposer la médaille de chevalier sur son costume bleu marine. Et pour cause, il a combattu dans le maquis de l’Ardèche à partir de 1943, aux côtés de son frère aîné. Robert Chazal avait alors seulement 17 ans.

Au départ, le refus de partir pour l’Allemagne

A l’origine de son engagement, on trouve un courrier du Service du travail obligatoire (S.T.O), comme on en envoie à de nombreux jeunes français lors de l’Occupation par l’Allemagne nazie. Robert Chazal et son frère de 18 ans refusent et prennent le maquis. “Nous n'étions que des gosses.” dit l’ancien combattant à propos de cette période.

Un engagement qu’il tiendra jusqu’à la fin de la guerre

A l'occasion de la remise de la médaille, ses proches ont organisé une rétrospective de sa vie en diaporama, des photos et des commentaires qui retracent son parcours. “Tu seras l'un de ces résistants ardéchois qui s'engagèrent dans l'armée régulière.” raconte sa fille aînée Edith Chazal. Le 3 octobre 1944, Robert Chazal et son frère quittent Privas, chef-lieu du département de l’Ardèche, pour le 159ème bataillon du Régiment d'infanterie alpine de Briançon. En février 1945, il participe à la campagne d'Alsace, qui permet de libérer la région. Il passe ensuite en Italie par le Mont-Cenis et le Piémont, où il fête l'armistice. Un mois plus tard, direction le Jura. Enfin, c'est dans le Tyrol, dans l’armée d'occupation de l'Autriche, qu’il est démobilisé en décembre 1945.

“Pourquoi j'ai reçu une médaille ?”

Le résistant a été profondément marqué par la mort de ses amis combattants. “Très souvent, il nous dit que lui, c'est un miraculé et qu'il ne comprend pas pourquoi lui, il est passé au travers des balles, et pas les autres.” témoigne son petit-fils Matthieu Afsharian, qui l’a convaincu d’accepter la médaille. “Il ne se sent pas très légitime à la recevoir. Il a été dans le rejet très longtemps.” confie sa fille. Robert Chazal lui demande d’ailleurs “Pourquoi j'ai reçu une médaille ?” “Pour la résistance, Papa.” lui répond t-elle “Oh, mais alors, il y en avait des dizaines et des dizaines!” 
D’après le lieutenant-colonel Fabrice Gaudelet, qui lui remet la Légion : “C'est non seulement un exemple pour la Nation, mais sachez que s'ils n'avaient pas été là, lui et tous ses camarades, on ne serait peut-être pas là non plus, et on ne serait peut-être pas Français, en tout cas.”

En tout, la Légion d’honneur compte 77 000 membres. Nombreux sont les résistants qui en ont été décorés. Certains, comme Robert Chazal, la reçoivent seulement en 2025, plus de 80 ans après leurs faits d'armes.