Révélations dans l'Église catholique : une transparence vitale ?

Un article rédigé par Jeanne d'Anglejan - RCF, le 18 novembre 2022 - Modifié le 18 novembre 2022
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Mardi 15 novembre, un communiqué publié par la CEF nous apprenait des "gestes déplacés" commis par Jean-Pierre Grallet, archevêque émérite de Strasbourg. Cette révélation s’ajoute à une longue liste d’aveux. Le grand tremblement en cours dans l’institution met au jour de nombreux enjeux, parmi lesquels l’engagement des laïcs et l’accompagnement des victimes. Christophe Henning, journaliste du service religion de La Croix, et Antoine-Marie Izoard, directeur de la rédaction de Famille Chrétienne, étaient à l’antenne pour en parler. 
 

Mgr Jean-Pierre Grallet, le 04/10/2015 crédit Jean-Matthieu Gautier / Hans LucasMgr Jean-Pierre Grallet, le 04/10/2015 crédit Jean-Matthieu Gautier / Hans Lucas

Le besoin de transparence 

 

Antoine-Marie Izoard estime que les victimes ont avant tout droit au respect. Parler des abus sans filtres est certes crucial, mais elles ont besoin d’un cheminement personnel. "Les détails appartiennent aux victimes et à la justice", rappelle-t-il. Christophe Henning ajoute que certaines victimes refusent d’être exposées. Pourtant, la couverture médiatique de ces révélations est nécessaire et fertile, puisqu’elle permet de lever l’omerta. "En parler, c’est donner aux gens la possibilité de se reconstruire et d’être réparés par l’Église", rappelle le journaliste. 

 

La série de bouleversements est l’occasion de se questionner sur la formation des évêques. Christophe Henning note que "les évêques d’aujourd’hui sont les prêtres d’hier". Ainsi, la nomination à l'épiscopat devrait être plus sélective. Parmi les questions qui leur sont posées par le nonce avant d’être nommés, on leur demande si il y a dans leur parcours personnel des "faits qui peuvent être condamnables pour le peuple de Dieu". La question existe, mais n’est sans doute plus suffisante dans le contexte actuel. Les évêques étant ceux qui portent la parole de l’Église dans le débat public, ils se doivent d’être irréprochables et d'incarner une Église saine et sainte. 

 

"C’est très réjouissant de voir les initiatives des laïcs émerger"

 

Antoine-Marie Izoard est témoin de nombreuses actions menées par des fidèles qui œuvrent à changer les choses. Le collectif Agir pour notre Église a par exemple publié une tribune nommée "Frères évêques, laissez-nous vous aider". La collaboration entre clercs et laïcs est indispensable pour traverser au mieux la période. Christophe Henning opine : "Le travail se fera d’autant plus vite si les laïcs agissent." Et d'ajouter : "On sent le peuple de Dieu plus rassemblé." La crise met en exergue la "vitalité ecclésiale" des fidèles. 

 

Pourtant, il existe chez certains catholiques une forme de défiance. Une défiance due aux non-dits, et traduite par la désertion des paroisses. "Certains quittent l'Église sur la pointe des pieds, d’autres en claquant la porte", remarque Antoine-Marie Izoard. Mais les journalistes gardent espoir grâce à des initiatives comme le Congrès Mission ou Talenthéo, miroirs d’une "sorte de maturité et d’autonomie des fidèles". 

 

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