Retour sur un week-end d'ordinations en France
90 nouveaux prêtres ont été ordonnés en France à l’occasion de la Saint Pierre et Paul 2025. Ils viendront compléter les rangs des quelques 12 000 prêtres présents en France, une tendance à la baisse. Les cérémonies à travers la France ont permis de porter un message d'espérance et de lancer pleinement les nouveaux prêtres dans leur sacerdoce.
Ordinations des nouveaux prêtres du diocèse de Paris à Notre-Dame © DRCe week-end, quelque 90 prêtres se sont engagés à vie dans le sacerdoce à l’occasion des ordinations dans les diocèses français. Parmi eux, 73 nouveaux prêtres diocésains, au service des diocèses et à majorité dans les grandes agglomérations, et 29 prêtres religieux, intégrés à un ordre. Au micro de RCF Notre-Dame le nouvellement ordonné père Quentin Huillard, membre de la congrégation des Sacré-Cœurs de Jésus et Marie, plus communément appelée congrégation des Frères de Picpus.
Entrer pleinement dans la prêtrise
Le père Quentin Huillard conservera longtemps un souvenir de son ordination. À 42 ans, le membre de la congrégation de Picpus s’est enfin décidé à passer le pas et son parcours de discernement et d’apprentissage au séminaire s’est achevé par son ordination à Notre-Dame de Paris. Désormais, le père Quentin est engagé perpétuellement à l'Église, un engagement symbolisé par l’apposition des mains de l’évêque sur le jeune prêtre. “Avant de vivre cette célébration des ordinations, pour avoir déjà assisté à des ordinations dans le passé, c'est vrai que c'est ce geste qui me touche le plus parce qu'il symbolise vraiment la transmission du sacerdoce de prêtre en prêtre depuis les premiers temps de l'église. C'est vraiment là qu'on prend conscience de la profondeur de cette institution à travers les siècles.” Une institution pour laquelle le père Quentin se rendra en mission en Belgique. Contrairement aux ordinants diocésains qui seront affectés à un diocèse, le père Quentin reçoit lui ses missions du supérieur de la congrégation des Sacré-Cœurs de Jésus et Marie.
Ce qui décoiffe, c'est l'entrée en postulat, quand il faut tout lâcher, son appart, son boulot, son autonomie financière. Mais le désir était suffisamment fort pour d'essayer cette vie-là, donc finalement, j'ai passé le cap.
Peu de prêtres entrent dans le sacerdoce à 42 ans. Quentin Huillard fait figure d’exception. Dans la vie active jusqu’à récemment, il a décidé de changer de vie pour suivre sa vocation. “Une de mes chances, c'est d'avoir bien accroché avec les études, alors que ce n'était pas forcément gagné de redevenir étudiant à 35 ans. Finalement, j'ai découvert une passion pour la philosophie, alors qu'en terminale, je n'avais pas accroché plus que ça. Et puis, je suis tombé aussi sur des frères qui ont pris en compte mon âge, donc ont adapté la formation au fait que j'étais déjà un homme fait. Ce qui décoiffe, c'est l'entrée en postulat, quand il faut tout lâcher, son appart, son boulot, son autonomie financière. Mais le désir était suffisamment fort pour d'essayer cette vie-là, donc finalement, j'ai passé le cap. J'ai mis du temps à prendre ma décision, et une fois qu'elle était prise, c'est bon, j'étais sur des rails.”
Servir l'Église "in aeternum"
Après s'être prostrés à-même le sol des églises et avoir été ordonnés, les prêtres rentrent dans le sacercode à vie. Un moment vertigineux pour beaucoup et qui nécessite un apprentissage. Monseigneur Emmanuel Tois, évêque auxiliaire de Paris, se rémémore son ordination et en particulier les figures qui l'entouraient. " J'ai une photo complètement anodine qui a été prise de moi à l'ordination. Je suis en train de donner la communion etil y a derrière moi dans le champ deux personnes : le cardinal XXIII qui vient de m'ordonner, et mon père spirituel, un vieux jésuite qui revient d'avoir donné la communion. Ces deux personnes me montrent aussi comment on devient prêtre. J'ai été ordonné par un successeur des apôtres et j'ai été accompagné par l'Église tout au long de mon séminaire, ce vieux père jésuite en est vraiment le signe." Le service de l'Église se fait aussi lorsque celle-ci traverses des heures sombres. Si les questions des abus sexuels peuvent agir en repoussoir pour des aspirants à la prêtrise, elles font partie intégrante de la formation des séminaristes. "Je crois que l'église a progressé dans tout ce qui est accompagnement, bien sûr spirituel, du séminariste, mais aussi dans l'accompagnement psychologique et l'accompagnement humain. Cela passe par la vie fraternelle qui est au centre de la vie de la formation des séminaristes, et l'accompagnement par des laïcs. La présence des femmes dans les conseils des séminaires est capitale à cet égard, avec un regard qui est forcément différent, complémentaire, de celui d'une dizaine de prêtres formateurs d'un conseil autour du supérieur, du recteur..."
Une crise des vocations
Les ordinations de l'année 2025 s'inscrivent dans un contexte global de crise des vocations. Alors que l'année 2022 voyait un record avec 114 ordinations de prêtres diocésains et 27 ordinations de prêtres religieux, l'année 2023 voit une chute atteignant également des records avec toujours 27 nouveaux prêtres membres d'ordres de congrégations religieuses, mais seulement 58 prêtres diocésains ordonnés. De même le nombre de séminaristes en France décroit progressivement. Pour autant le diaconat permanent séduit de plus en plus avec un nombre de diacres permanent en hausse.
Malgré le nombre de plus en plus faible de prêtres et les différents scandales au sein de la prêtrise, Léon XIV s'est montré optimiste lors du Jubilé des prêtres à Rome. "Merci pour ce que vous êtes ! Car vous nous rappelez à tous qu'il est bon d'être prêtres, et que tout appel du Seigneur est avant tout un appel à sa joie. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous sommes amis du Christ, frères les uns des autres et fils de sa tendre Mère Marie, et cela nous suffit".




