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RCF Retour aux sources pour le patineur caennais Bruno Massot
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Retour aux sources pour le patineur caennais Bruno Massot

Un article rédigé par Julie Menard - RCF Calvados-Manche,  -  Modifié le 5 avril 2018
Mercredi 4 avril, Bruno Massot, champion olympique et champion du monde de patinage artistique, revenait à la patinoire de Caen, celle de ses débuts.
2018 RCF - Avant de décrocher l'or olympique le 15 février à Pyeongchang, Bruno Massot a connu un parcours semé d'embûches. 2018 RCF - Avant de décrocher l'or olympique le 15 février à Pyeongchang, Bruno Massot a connu un parcours semé d'embûches.

Deux semaines après son sacre de champion du monde à Milan, le patineur franco-allemand Bruno Massot était ravi de revenir à la patinoire de Caen la mer où il a passé dix-huit ans. Il a apprécié le temps passé avec sa famille et ses fans de l'Acsel, club de patinage artistique et synchronisé de Caen. Des moments de partage qui comptent beaucoup pour le jeune homme de 29 ans. "Revenir à Caen, c'est beaucoup d'émotions" confie-t-il.

 C'est avec plaisir que le Normand s'est prêté au jeu des dédicaces et des selfies. Il a aussi donné quelques conseils aux patineurs en herbe : "Ne jamais baisser les bras et toujours se battre, quoi qu'il arrive."

Une détermination qui pourrait augmenter le nombre de licenciés de l'Acsel. Son président, Ludovic Le Guennec, constate aujourd'hui un regain d'intérêt pour les sports de glace, notamment "un engouement chez les jeunes".

Si les médias se sont emparés du phénomène Massot, la Normandie comptait déjà de fervents supporters. "Malheureusement, on n'a pas toujours pu le soutenir corps et âme" admet Ludovic Le Guennec. Avant de se justifier :  "Nous sommes affiliés à la fédération française des sports de glace donc on ne peut pas défendre aveuglément la fédération allemande. Mais Bruno a toujours pu nous compter parmi ses plus fidèles fans."
 

AU PLUS HAUT

Décrocher une médaille d'or olympique est certainement la plus belle consécration pour un athlète de haut niveau. Pour Bruno Massot, le podium restera un des meilleurs moments de sa carrière. "L'objectif était de tout gagner et on l'a fait." se félicite le champion. "La médaille d'or olympique symbolise l'accomplissement de toute une carrière. Le titre aux championnats du monde était la cerise sur le gâteau."

Le sacre du patineur fait également la fierté de ses proches. Pour son père, Jean-Marie Massot, le bonheur est d'autant plus grand au vu des sacrifices concédés par le jeune homme. "Il n'a jamais voulu quitter l'Acsel et son entraîneur. Quand j'ai été muté à Niort, il a préféré rester sur Caen alors qu'il n'avait que quatorze ans. Cette médaille olympique va changer sa vie. Elle lui ouvre des portes."

Jean-Marie Massot, premier supporter de Bruno Massot.

 

LE VIRAGE ARTISTIQUE

L'essentiel à retenir pour Bruno Massot : le travail finit par payer.

Son entraîneur Jean-François Ballester n'a jamais cessé de croire en son poulain. "J'ai fait des projets avec un petit garçon, j'ai essayé de le laisser rêver, de le laisser y croire" se souvient le coach. "Au plus jeune âge, il avait une belle qualité. C'était un très bon patineur individuel mais, vu son gabarit, je savais qu'il aurait moins de facilités que les autres. S'il voulait faire du très haut niveau et une grande carrière internationale, le couple était sa voie. Quand il a enfin accepté de changer de catégorie à l'âge de dix-sept ans, j'étais sûr qu'il irait très loin." Jean-François Ballester déplore que la fédération ne l'ait pas cru. "Quand je disais que Bruno serait un jour sur les podiums mondiaux, ils pensaient que j'étais un doux rêveur. Tant pis pour eux, tant mieux pour nous."
 

LA PIROUETTE ALLEMANDE

En 2014, le patineur décide de concourir pour l'équipe d'Allemagne avec sa nouvelle partenaire – Ukrainienne de naissance et naturalisée allemande – Aljona Savchenko. Un choix complètement accepté par ses proches. "Ils étaient plutôt contents parce que c'était une opportunité énorme. C'était la meilleure patineuse du monde (NDLR : quintuple championne du monde et quatruple championne d'Europe). Patiner pour l'Allemagne n'était pas le souci. Je pensais avant tout à moi, à ma carrière. Le plus important était que j'obtienne des médailles. C'est aussi grâce à l'Allemagne que j'en suis là." Sa mère, Marie-José Massot, fut la première à soutenir le départ de son fils : "C'était naturel dans la mesure où l'Allemagne lui avait donné les possibilités d'arriver là, alors que la France malheureusement non. Ce n'est pas le premier ni le dernier sportif à changer de nationalité."

Pour Bruno Massot, les rares personnes qui lui reprochent son départ sont celles qui ne connaissent pas son histoire et ses raisons. "La plupart des gens ne savent pas que, quand on est sportif de haut niveau, il y a beaucoup trop de politique." explique le patineur. "Nous ne sommes pas les seuls à gérer. Il faut voir le résultat du sportif et non du pays. On est en Europe. Il n'y a plus de frontières. Je ne suis pas allé à Sotchi avec la France pour des problèmes administratifs. C'est la vie d'un athlète de haut niveau."
 

En froid avec la fédération française des sports de glace

Un seul bémol. Bruno Massot regrette que la fédération française n'ait pas cru en lui comme la fédération allemande l'a fait. "Ils ne m'ont pas soutenu et aidé durant ces quatre ans" constate le médaillé olympique. "L’Allemagne pense avant tout au potentiel et aide les athlètes talentueux tandis que la France décide d'aider les gens qui réussissent déjà. Pour obtenir plus de résultats, il faut pousser les jeunes à évoluer en les aidant financièrement, avec des bonnes conditions de vie et d’entraînement. C'est grâce à ça que j'ai pu évoluer pleinement en Allemagne."

Cette situation a rendu le Normand plus conquérant : "Ca joue énormément sur le mental. De nombreuses fois, j'ai voulu baisser les bras et tout arrêter. Ma fiancée et ma famille me poussaient et me reboostaient. En France, je n'aurais peut-être jamais été champion olympique."
 

LE SAUT VERS L'INCONNU ?

Concernant la saison prochaine, Bruno Massot et sa partenaire se laissent un temps de réflexion. "La décision de continuer ou non la compétition n'a pas été prise. Nous avons pas mal de spectacles prévus, notamment des tournées en Asie. Une décision devrait être prise fin avril." Avant de prendre des vacances bien méritées, le champion normand a complété sa collection. Le maire de Caen, Joël Bruneau, lui a remis en soirée la médaille d'honneur de la Ville.

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