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Reportage. « C'est l'ultime refuge » : à Lyon, des dizaines de jeunes à la rue dorment dans l'église Saint-Polycarpe

Reportage. « C'est l'ultime refuge » : à Lyon, des dizaines de jeunes à la rue dorment dans l'église Saint-Polycarpe

Un article rédigé par Thierry Weber, Grégoire Dubois - RCF Lyon, le 26 novembre 2025 - Modifié le 26 novembre 2025

Depuis dimanche 23 novembre, de jeunes migrants, installés depuis début 2025 dans un campement de fortune dans le Jardin des Chartreux (Lyon 1er), ont trouvé refuge dans l'église Saint-Polycarpe. Un accueil paroissial et une coordination assurée par le collectif Soutiens/Migrants Croix-Rousse, qui alerte depuis plusieurs mois sur les conditions de vie de ces plus de 200 personnes à la rue. Reportage sur place.

Des dizaines de jeunes dorment depuis le 23 novembre 2025 dans l'église Saint-Polycarpe, dans les Pentes de la Croix-Rousse, dans le 1er arrondissement de Lyon - © RCF Lyon (Thierry Weber)Des dizaines de jeunes dorment depuis le 23 novembre 2025 dans l'église Saint-Polycarpe, dans les Pentes de la Croix-Rousse, dans le 1er arrondissement de Lyon - © RCF Lyon (Thierry Weber)

Les couvertures sont pliées, les matelas sont rangés dans les travées sur les côtés de l'église Saint-Polycarpe, rue René Leynaud, dans le 1er arrondissement de Lyon. Moussa Diakité, un jeune homme de 15 ans originaire de Côte d'Ivoire, enfile une veste et un bonnet pour commencer sa journée après sa deuxième nuit passée à l'abri : « Ça s'est bien passé, en fait. C'est calme, on ne nous embête pas, ça tient chaud. On nous aide, donc on peut dormir [ici] pour le moment, mais on ne sait pas combien de temps ».

Entre les jeunes à la rue et les autorités, un collectif en lutte

« Depuis des semaines, nous alertons sur l'hiver et le froid qui arrivent. Aujourd'hui, le froid est là, mais les institutions nous ignorent ou nous répondent qu'elles n'ont pas de solution de mise à l'abri ». La solution de l'édifice religieux a été trouvée dans l'urgence samedi 22 novembre par le collectif Soutiens/Migrant Croix-Rousse, dont fait partie Sébastien : « Évidemment, ça n'est pas une solution pérenne. On espère aussi que ça peut être un moyen d'à nouveau visibiliser la situation et faire bouger les institutions responsables qui, pour nous, sont la Métropole de Lyon, et peut-être la préfecture ».

C'est la métropole qui est en charge de la protection de l'enfance, et ces jeunes se déclarent mineurs : ils devraient être présumés mineurs, d'après la Convention internationale des droits de l'enfant (CIDE).

L'église des Pentes de la Croix-Rousse ouvrent ses portes chaque soir de 18h jusqu'à 9h le lendemain matin, pour accueillir plusieurs dizaines de jeunes. Anne, une autre membre du collectif, habite le quartier, elle est reconnaissante envers le diocèse de Lyon : « Ils sont très contents, ils disent tous "ça va". C'est mieux que le campement, et nous on est vraiment contents que l'église soit un accueil pour eux, parce que c'est notre dernière cartouche, après on n'a plus rien. Parce que quand on va dans les gymnases, on se fait expulser. Les squats, on n'en parle plus, parce qu'on n'a plus le droit avec la loi Kasbarian [Loi de juillet 2023 « visant à protéger les logements contre l'occupation illicite », ndlr]. C'est l'ultime refuge. Maintenant, on attend le résultat des autorités ».

Si les jeunes ne savent pas encore combien de temps ils pourront rester ici, le collectif est à la recherche de couvertures de survie pour les protéger de l'humidité. Si vous souhaitez donner du matériel pour l'hébergement de ces jeunes, contactez le collectif de soutien à l'adresse lecollege@riseup.net ou en message privé sur le compte Instagram @collectif_soutiens_migrants_xr.

Un reportage de Thierry Weber et Anaïs Sorce, enregistré le 25 novembre 2025 au matin dans l'église Saint-Polycarpe, à l'heure où les derniers jeunes commencent leur journée.

Lyon : de jeunes migrants réfugiés dans l'église Saint-Polycarpe

Le diocèse de Lyon, qui a communiqué le 24 novembre 2025, précise que cet accueil « n'entend pas se substituer aux décisions que les responsables politiques de notre pays ont à prendre, ni aux lois opportunes à établir pour faire face à la crise migratoire actuelle ».

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