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Rentrée des classes : des enseignants parfois "dégoutés" qui ne croient plus aux discours selon la CFDT Auvergne

Rentrée des classes : des enseignants parfois "dégoutés" qui ne croient plus aux discours selon la CFDT Auvergne

Un article rédigé par Stéphane LONGIN - RCF Puy de Dôme, le 28 août 2025 - Modifié le 1 septembre 2025

Alors que les écoliers, collégiens et lycéens vont retrouver leurs établissements après 2 mois de vacances. Les enseignants reprennent du service dans un contexte très particulier. Les incertitudes politiques et les nouvelles réformes qui entrent en vigueur (évolution du brevet et du bac) n'aident pas à rassurer une profession qui souffre selon le Secrétaire Général de la CFDT Education Auvergne. Marc Meissonnier qui était l'invité de RCF en ce lundi 1er septembre.

Marc Meissonnier, secrétaire général de la CFDT éducation AuvergneMarc Meissonnier, secrétaire général de la CFDT éducation Auvergne
Rentrée des classes, la CFDT Education Auvergne ne croit plus aux discours

Stéphane Longin : Comment vont les enseignants en ce jour de rentrée scolaire ? Eux qu'on dit fatigués et lassés...

Marc Meissonnier :  Hélas j'aimerais vous dire qu'ils vont bien et qu'on part d'une page blanche avec de nouveaux cahiers, un nouvel agenda un peu comme les élèves. Malheureusement les enseignants sont effectivement fatigués et c'est souvent mal compris parce que les gens pensent qu'après les vacances d'été nous avons eu tout le temps de nous reposer. Mais cela va au delà de la fatigue normale liée au travail. Il y a un système abîmé et des personnes qui sont souvent épuisés, dégoutés et je dirais même détachés des discours de nos ministres.

SL : Qu'est ce qui rend, aujourd'hui, ce métier si difficile ?

MM : Cela n'a rien de nouveau... Il faut énormément de patience et une bonne dose d'optimisme, d'espoir, d'espérance... C'est un métier qui a toujours été exigeant mais qui l'est probablement davantage aujourd'hui parce qu'on a une crise générale de confiance. Et l'école n'est pas un sanctuaire, tous les problèmes de la société se retrouve dans nos salles de classe. Les élèves ne vont pas bien, le enfants ne vont pas bien, les adolescents ne vont pas bien. Et comme il y a aussi de grandes transformations dans le monde de l'information et du numérique, que les écrans prennent beaucoup de place, l'école n'est plus ce qu'elle était autrefois. Ce n'est plus le seul canal d'accès au savoir et à la connaissance. Tout cela a transformé le métier d'enseignant.

Les élèves ne vont pas bien, les enfants ne vont pas bien, les adolescents ne vont pas bien 

SL : Vous avez le sentiment que les élèves n'attachent plus la même importance à l'apprentissage et à l'école ?

MM : Il faut déjà qu'ils aient suffisamment bien dormi pour être attentif, pour réussir à se concentrer pendant les séances de français, de calcul ou de mathématique. Faire des progrès à toujours demandé une forme de patience et de persévérance. Que ce soit dans la vie ou en classe, on sait à quel point c'est important [de faire preuve de persévérance] mais c'est peut être plus difficile aujourd'hui car tout est immédiat, dans l'instant. Quand je vois mes élèves pour la première fois, quand je les accueille en classe le 1er septembre, l'objectif est de les porter le plus loin possible et je leur dis souvent que je serai un accompagnateur mais que je ne vais pas porter leurs sacs. Ils vont devoir porter leurs sacs et faire des efforts.

SL : Tout n'est donc pas qu'une question de rémunération des enseignants ? le mal-être est plus profond ?

MM :  Bien sûr la rémunération est importante. On ne vit pas d'amour et d'eau fraiche. Mais ça ne suffira pas à restaurer l'attractivité de ce métier. Il y a un sentiment de dénigrement de la profession et du coup  une forme de culpabilité qui s'installe chez les enseignants. Les résultats des élèves ne sont pas bon et on nous demande ce qu'ont fait alors qu'on met beaucoup d'argent... 

 

SL : Elisabeth Borne, la Ministre de l'éducation a annoncé la semaine dernière 16 Milliards d'Euros de plus en 2025 que lors de la rentrée 2017. Ce n'est pas suffisant ?

MM : Je vous parlais tout à l'heure de mes collègues qui sont détachés [des annonces politiques]. C'est pareil pour moi... Vous connaissez ce que sera le budget de la France ? Je n'ai rien contre Elisabeth Borne mais impossible pour moi d'y croire.

 

SL : Même quand vous entendez le Premier Ministre François Bayron parler de l'école comme "la mère de toutes les batailles" ?

MM : C'est une belle formule mais aujourd'hui le discours est usé, la parole politique est usée... Aujourd'hui mes collègues attachent plus d'importance à leur établissement, à leurs élèves, à leurs classes. Ils font tourner les choses du mieux qu'ils peuvent et ils font confiance au premier cercle, leur chef d'établissement parce qu'ils les connaissent. Au delà il y a un immense détachement et les collègues n'écoutent plus les informations nationales et bien souvent haussent les épaules à chaque annonce d'augmentation de budget.

 

Est-ce qu'on prend en charge ou est-ce qu'on enseigne ? 


SL : Concrètement, les élèves Auvergnats auront-ils toujours un professeur face à eux cette année ? Ou des absences sont à craindre ?

MM : Elles sont à craindre évidemment ! Et parfois mettre une personne face à une classe n'est pas un gage de qualité. Est ce qu'on prend en charge ou est-ce qu'on enseigne ? Avec le respect que j'ai pour les contractuels qui font du mieux qu'ils peuvent. Mais au bout d'une semaine de formation peut-on prendre en charge une classe avec parfois plus de 30 élèves. Et il faut aussi faire beaucoup de cas par cas, avec notamment l'école inclusive. Ce sont aujourd'hui beaucoup d'adaptation à trouver pour faire face à des situations très variées et une exigence d'adaptation au cas par cas. Et tout cela c'est très dur pour les enseignants.

 

 

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