Réhabilitation psychosociale : « On peut vivre une vie pleine de sens avec un trouble psychique »
Du 6 au 19 octobre ont lieu partout en France les Semaines d'Information sur la Santé Mentale. L’occasion de découvrir la réhabilitation psychosociale permettant aux personnes atteintes d’un trouble psychique de vivre de manière satisfaisante.
150 personnes étaient présentes le 18 septembre au Haras de Saint-Lô pour cette journée sur la réhabilitation psychosociale organisée par la Fondation ©Fondation du Bon SauveurAccompagner de manière globale les personnes souffrant d’un trouble psychique pour permettre leur rétablissement, c’est le but de la réhabilitation psychosociale. Cette philosophie de soins a été mise en lumière le 18 septembre 2025 au haras de Saint-Lô, lors d’une journée organisée par la Fondation Bon Sauveur de la Manche. Le principal objectif pour les organisateurs était de déstigmatiser les troubles psychiques, en montrant qu’il est possible d’être inséré dans la vie en ayant une maladie mentale. Cette journée permettait de faire se rencontrer professionnels et usagers, mais aussi les professionnels entre eux. « L’accompagnement des personnes souffrant de troubles psychiques est divers, il est sanitaire, social, médico-social, explique le docteur Arnaud Poissier, psychiatre à la Fondation Bon Sauveur. Nous, professionnels, pouvons travailler de manière isolée. Or, on ne travaille jamais mieux ensemble que lorsqu’on s’est vu. Lorsqu’on a discuté ensemble, on aura plus de facilité à prendre le téléphone pour échanger sur une situation. »
La réhabilitation : une approche pluridisciplinaire
Dans un service de réhabilitation, comme celui de la Fondation Bon Sauveur à Saint-Lô, le psychiatre n’est pas seul. L’équipe est composée également d’un ergothérapeute, d’un neuropsychologue et d’un médiateur de santé pair, un nouveau métier. « Ce sont des personnes souffrant eux-mêmes d’un trouble psychique qui intègrent des équipes de psychiatrie. Ils font le lien entre les équipes, qui ont parfois un regard biaisé sur la maladie, et les patients. »
Déstigmatiser les troubles psychiques
Le regard de la société sur la maladie est la première difficulté à laquelle sont confrontés les patients. « La maladie psychique fait peur, car ce qui est toujours mis en avant dans les médias, ce sont des actes bruyants qui ne sont pas représentatifs de la psychiatrie. » Psychiatre depuis une quinzaine d’années, Arnaud Poissier voit un changement de regard positif sur la dépression, les troubles anxieux et le suicide dont on parle beaucoup plus, mais remarque une stigmatisation toujours très forte concernant la schizophrénie et la bipolarité.
Le regard des autres va conduire à une auto-stigmatisation de la personne. « Lorsqu’on va poser un diagnostic, par exemple de schizophrénie, la personne va intégrer tous les stéréotypes véhiculés par la société, comme l’image dangereuse, ce qui va la conduire à se retirer de la société.» La personne souffre bien sûr de la maladie elle-même. « Ce ne sont pas forcément les symptômes bruyants qui ont le plus d’impact dans le quotidien, ce seront plutôt les éléments dépressifs, l’émoussement des affects… Il y a aussi beaucoup de troubles cognitifs qui empêchent d’entrer en contact avec l’autre, les difficultés à planifier, les problèmes attentionnels. »
Les patients en psychiatrie rencontrent également des difficultés au niveau des soins somatiques. « Les patients ont du mal à gérer les soins somatiques qui passent au second plan et de l’autre côté les professionnels ont un peu peur de la maladie psychique. Tout cela a un impact sur leur vie quotidienne.»
Déconstruire le caractère inéluctable du trouble psychique
La réhabilitation psychosociale invite à déconstruire le caractère inéluctable du trouble psychique. « On peut se rétablir de n’importe quel trouble psychique », assure le docteur Arnaud Poissier, établissant le parallèle avec les maladies chroniques. « Il s’agit de redonner espoir aux usagers. Quand on pose un diagnostic, certains se sentent abandonnés, ont l’impression que leur vie est foutue. Alors qu’on peut, par un accompagnement familial, professionnel, psychiatrique, vivre une vie tout à fait satisfaisante, une vie pleine de sens. »


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