Reconnaissance de l'Etat de Palestine : "cela montre la nécessité de l'ONU", souligne le général Dominique Trinquand
Emmanuel Macron doit annoncer ce soir à l’ONU la reconnaissance officielle de l’État de Palestine par la France. Geste historique, ou simple coup d'épée dans l'eau ? Pour le général Dominique Trinquand, spécialiste des relations internationales, auteur "D’un monde à l’autre" (Robert Laffont), cette reconnaissance démontre que l'ONU peut encore faire bouger des lignes, et contribuer à promouvoir la paix.
Pour le Général Dominique Trinquand, En reconnaissant officiellement l’État de Palestine devant l’Assemblée Générale des Nations Unies, la France s’apprête à franchir une étape diplomatique majeure, préparée depuis l'été.
L’ONU, un lieu où « la terre entière se parle »
"Ça avait déjà été annoncé au mois de juillet", rappelle le général Dominique Trinquand, ancien chef de la mission militaire française auprès de l’ONU. Il rappelle la genèse de cette décision d'Emmanuel Macron. "La position du président de la République est associée à l'Arabie saoudite", souligne-t-il. Une alliance de la carpe et du lapin ? « Comment parler du Moyen-Orient sans parler des pays arabes ? Ça me paraît quand même assez incongru », balaie le général.
Souvent accusée d’impuissance, l’ONU reste, aux yeux du général Dominique Trinquand, un espace unique de dialogue. « Tout le monde vous dit aujourd'hui l'ONU ne sert à rien. Voire on parle même de la disparition. Je veux bien qu'elle disparaisse, mais on remplace par quoi ? C'est 193 pays qui se réunissent », insiste-t-il. Ancien chef de la mission militaire française auprès des Nations unies, il se souvient de la force de ces rencontres : « J'ai beaucoup participé à ces réunions, je vous assure. C'est impressionnant. 193 pays. La terre entière est présente et se parle. Alors ils sont pas toujours d'accord, mais se parlent ».
Israël isolé, Netanyahou contesté
La prise de parole d’Emmanuel Macron intervient alors qu’Israël, selon le général, s’isole de plus en plus sur la scène internationale : « Le 7 octobre, tout le monde était au chevet d’Israël. Et aujourd’hui, tout le monde tourne le dos à Israël ». La France, en entraînant 142 pays dans ce vote, cherche à rappeler que la paix au Proche-Orient passe par la coexistence de deux États.
Il dénonce au passage l’alignement de Washington sur la ligne de Benyamin Netanyahou. « La politique des États-Unis est totalement inféodée à la politique de M. Netanyahou ». Et de rappeler que le Premier ministre israélien ne représente pas à lui seul l’État hébreu. « Pour moi, M. Netanyahou n'est pas Israël. C'est une partie d'Israël. Et ça n'est pas Israël ».
Une reconnaissance sous conditions
La reconnaissance par la France est toutefois conditionnée à certains engagements de l’Autorité palestinienne : organisation d’élections en 2026, réforme institutionnelle, désarmement du Hamas, réforme des manuels scolaires...
Pour le Général Trinquand, la reconnaissance de la Palestine ne revient donc pas à récompenser le terrorisme, comme l'affirme pourtant Israël. « Dans la même déclaration, on condamne le Hamas. On dit que le Hamas doit être désarmé et ne pourra pas se présenter aux élections », détaille le spécialiste des relations internationales. Des élections prévues au printemps qui, pour Dominique Trinquand, ouvrent une perspective fragile mais réelle :
« c'est un espoir, en tout cas ». L’appui financier et politique des pays arabes sera nécessaire pour reconstruire et stabiliser la région.
L’espérance au cœur de la démarche
Au-delà de la diplomatie, Dominique Trinquand insiste sur la nécessité de rendre l’espérance aux populations palestiniennes : « Ils sont dans le désespoir. Il faut qu’ils puissent surmonter ce désespoir et avoir cette vision d’espérance ». Citant Bernanos, il rappelle que la paix se construit même au cœur de la détresse.
Alors que la France prend position ce soir à l’ONU, la voix du Vatican, observateur non-membre, rappelle également l’exigence d’une solution à deux États. Le Saint-Siège a reconnu l’État de Palestine dès 2015.


Chaque matin, Pierre-Hugues Dubois reçoit une personnalité au cœur de l’actualité nationale ou internationale. Décryptage singulier de notre monde et de ses enjeux, mais aussi découverte d’un parcours, d’un engagement. Au cœur de la grande session d’information du matin, une rencontre quotidienne pour prendre de la hauteur avec bienveillance et pour donner du sens à l’information.




