Réactiver la démocratie
Les Verts, appuyés le plus souvent sur des alliances à gauche, remportent de nombreuses grandes villes, Les Républicains confirment leur emprise territoriale (près de 60% des communes de plus de 9.000 habitants) et La République en marche ne réussit vraiment pas s’implanter dans le paysage municipal. Mais surtout, trois mois après un premier tour déjà chahuté par la crise du coronavirus, le second a lui aussi été marqué par un effondrement de la participation (entre 40% et 41% contre 62,1% en 2014 soit plus de 20 points).
La crise sanitaire a certes jeté une ombre sur ce scrutin. On a tenté de corriger les effets par des précautions sanitaires exceptionnelles. Mais la crainte du virus qui demeurait ne suffit pas à expliquer l’ampleur de la désaffection d’une majorité significative des 16,5 millions d'électeurs appelés aux urnes dimanche dernier dans 4.820 communes. Pour une fois, prêtons attention aux déclarations de Jean-Luc Mélenchon qui voit là "une forme d'insurrection froide". Cette abstention massive a aussi provoqué la "préoccupation" d'Emmanuel Macron.
Quand six électeurs sur 10 ne se rendent pas aux urnes, il y a en effet de sérieuses raisons de s’inquiéter. Au niveau municipal comme national, cette indifférence massive est devenue un défi pour la suite. Les nouveaux maires, après avoir légitimement célébré leur victoire, devront s’attacher à retisser ce lien perdu, traduction d’une lassitude de grande ampleur devant le fonctionnement de la vie politique en France. Cette abstention comme la poussée des écologistes sont la traduction d’un désir profond de renouvellement des pratiques. Ceux qui ont été élus aux municipales devront entendre ce message. L’exécutif en place aussi.
Contrairement à une idée qui semble dominer aujourd’hui, la seule prise en compte des défis environnementaux ne suffira à fournir une réponse à la hauteur du défi dans une France qui commence à être sérieusement confrontée aux conséquences économiques de la crise sanitaire sur la vie des entreprises et donc sur l’emploi. Le malaise dans le pays est beaucoup plus profond, mélange de peur de l’avenir et de repli accentué sur son pré carré.
L’arbitrage ne sera pas vraiment simple quand le président de la République dévoilera dans les jours qui viennent l’axe central de sa politique pour les deux dernières années de son mandat. Voire pour la décennie à venir comme il l’ambitionne. Emmanuel Macron sait très bien, il l’a déjà dit à plusieurs reprises, que désormais une rupture s’impose avec la politique très déséquilibrée conduite depuis 2017. Les alliances passées avec Les Républicains à l’occasion de ces municipales, bien qu’elles se soient traduites presque toujours par des échecs retentissants, l’ont en outre installé dans un carcan. Il devient urgent pour lui, s’il veut espérer rassembler les Français, de cesser d’être, à l’opposé de ses promesses de campagne, le champion de la droite. Ces municipales ont amplement démontré que c’était une impasse. Les attentes du pays sont tout autres.
RCF vit grâce à vos dons
RCF est une radio associative et professionnelle.
Pour préserver la qualité de ses programmes et son indépendance, RCF compte sur la mobilisation de tous ses auditeurs. Vous aussi participez à son financement !