Rapport de l'AED : la liberté religieuse toujours plus menacée

Rapport 2025 de l’AED : Deux tiers de l’humanité menacés pour leur foi
 

Publié tous les deux ans, le rapport de l’AED fait figure de baromètre mondial de la liberté religieuse dans 196 pays. L’édition 2025 met en lumière une tendance particulièrement préoccupante : les atteintes à la liberté de croire s’intensifient, portées par les conflits internationaux, les régimes autoritaires et les violences djihadistes, explique Benoît de Blanpré, directeur de l’AED France.

En raison des conflits en Israël, en Terre Sainte, en Ukraine, il y a une répercussion directe sur la liberté religieuse dans le monde. Les croyants sont directement impactés, ce qui augmente le nombre de fidèles persécutés, opprimés en raison de leur foi.

Les persécutions religieuses ne se traduisent pas uniquement par des actes violents. Le frère Olivier Poquillon est dominicain et directeur de l'école biblique et archéologique française de Jérusalem. Installé depuis deux ans dans la ville trois fois sainte, il estime que ces persécutions impactent aussi l'accès à l'emploi et à l'éducation. 

Si vous appartenez à une à une petite communauté minoritaire, vous aurez beaucoup plus de mal, si vous êtes un chrétien d'Orient, à accéder à l'emploi. Si vous n'avez pas d'emploi pour nourrir vos enfants, il est plus difficile de leur offrir une bonne éducation. 

 "Vous ne pourrez pas éduquer vos enfants dans leur propre foi. Face à ça, les gens préfèrent partir", ajoute-t-il. 

Le Sahel et l’Amérique latine, zones critiques de la persécution

L’Afrique sahélienne est aujourd’hui l’épicentre mondial du djihadisme, une évolution que l’AED qualifie de "dramatique". Mais d’autres régions du monde, parfois moins visibles médiatiquement, connaissent elles aussi des attaques croissantes contre les croyants. Au Sahel, l’insécurité liée aux groupes djihadistes vise directement les populations croyantes, avec des violences systématiques envers les communautés chrétiennes.
« Le Sahel est désormais le premier épicentre mondial du djihadisme qui vient du Moyen-Orient et qui s’est déplacé vers cette région », alerte Benoît de Blanpré.
L’Amérique latine est également citée comme zone préoccupante. Malgré sa tradition catholique, la liberté religieuse y est entravée par des pouvoirs politiques autoritaires et des groupes criminels.
« Des bandes organisées ou des gouvernements tentent de faire taire une Église qui dénonce le mensonge, la corruption, l’exploitation. Résultat : l’Église est bâillonnée, parfois même emprisonnée », poursuit-il.
L’Asie, enfin, reste un continent où le fait d’être chrétien peut signifier une vie en marge de la société, avec des droits limités et des discriminations systémiques.

En Europe aussi, la vigilance s’impose

Si l’Europe garantit dans ses textes la liberté religieuse, l’AED invite à ne pas relâcher la vigilance. Tensions communautaires, actes de profanation et dégradations de lieux de culte témoignent d’une fragilité inquiétante du droit à croire.

Nous restons attentifs à ces situations qui sont en augmentation. Souvent, la liberté religieuse est grignotée par petites touches. Dès qu’il y a une atteinte, il faut la dénoncer fermement pour éviter qu’elle ne s’installe.

L’association appelle les autorités à condamner sans ambiguïté les actes de haine visant les croyants et leurs lieux de culte. Car derrière ces gestes, c’est l’édifice même du vivre-ensemble qui est menacé.
Au terme de ce rapport, l’AED réaffirme que la liberté religieuse n’est pas un privilège, mais un droit humain fondamental. Elle est inséparable de la dignité de la personne humaine et du rôle vital que jouent les croyants dans la société.
« Défendre la liberté religieuse, c’est défendre le socle de la paix dans le monde. Les croyants sont des acteurs essentiels de l’éducation, de la santé, du pardon et de la réconciliation », conclut le directeur de l’AED France.