Rafle du 25 novembre 1943 : des étudiants organisent une cérémonie d'hommage parallèle

Tout est parti d'un séminaire de recherche organisé par la faculté d'histoire de Strasbourg. Les participants se sont penchés sur les étudiants strasbourgeois victimes de la rafle du 25 novembre 1943. "L'objectif était de travailler à partir de la plaque commémorative située à l'entrée du Palais Universitaire de l'Université de Strasbourg, et de réaliser la biographie des 119 noms présents", rapporte Ferouza Zemarialaie, étudiante en histoire.  

Un hommage incomplet

Au cours de ce travail de recherche, les étudiants se rendent comptent que certains noms sont mal orthographiés quand d'autres sont tout bonnement manquants. Avec le soutien d' Alexandre Sumpf, leur professeur spécialisé dans l'histoire de l'Alsace, quelques-uns décident alors de monter le projet "Mémoire gravée". En poussant leurs travaux, ils réalisent les biographies des 130 personnes déportées suite aux rafles.

Les apprentis chercheurs décident finalement d'honorer la mémoire des victimes en projetant une plaque révisée à côté de celle déjà présente sur le parvis de l'Université et ce, le jour de la commémoration du drame. Pour Ferouza Zemarialaie, il s'agit de rétablir la vérité plutôt que de contrer la cérémonie d'hommage habituelle de l'Université de Strasbourg le 25 novembre à 11h : "On veut faire cette cérémonie pour souligner et mettre en avant que certains noms ne sont pas présents sur la plaque." 

Réhabiliter la mémoire des étudiants victimes du nazisme

Autre cheval de bataille du projet : la nomination des salles. "L'an dernier, une des bibliothèques du Palais universitaire a été renommée au nom d'un des enseignants qui a été raflé, dont Paul Collomb. Je me suis dit : 'pourquoi n'y aurait pas des salles également au nom des étudiants ?' " L'idée fait son chemin et est actée par la faculté dont le doyen "soutient le projet et aime beaucoup ce qu'on fait", assure l'étudiante, ça fait plaisir !" La faculté des Sciences Historiques a donné son accord pour qu'une assemblée générale soit organisée au cours de laquelle les noms de Monique Feldstein et de Bhimo Jodjana sont votés pour deux autres salles. 

Au-delà de faire de la place pour cette réalité dans l'espace matériel de l'Université, le projet vise à faire une place aux étudiants dans l'histoire de la Seconde Guerre mondiale. "L'histoire des étudiants est souvent mise de côté et l'on préfère mettre en avant d'autres catégories."

En marge de la cérémonie commémorative du 25 novembre, les apprentis chercheurs ont réalisé le podcast Les échos de la plaque qui adapte certaines biographies de manière sonore.