Qui sera le huitième Premier ministre d’Emmanuel Macron ?
Après l’annonce de sa démission lundi matin, Sébastien Lecornu a eu 48 heures pour mener “d’ultimes négociations” avec tous les bords politiques. Romain Pasquier, politologue et directeur de recherche au CNRS, revient sur le profil du futur Premier ministre.
Sébastien Lecornu © DR“Une majorité absolue refuse la dissolution”, a assuré Sébastien Lecornu hier soir sur France 2. Il écarte ainsi l'hypothèse d'une dissolution. L’Elysée a confirmé la nomination d'un Premier ministre d’ici le 10 octobre au soir. Malgré cela, la paralysie politique semble se poursuivre.
Pour l’instant, la dissolution est écartée
Sébastien Lecornu, désormais Premier ministre, a pris plus de trois semaines pour former un gouvernement. Les négociations ont été tellement complexes que ce gouvernement, qui devait marquer une forme de “rupture”, était majoritairement composé de ministres déjà en poste. Pour le Premier ministre, une majorité de députés refuse la dissolution de l’Assemblée nationale. Cependant, ce refus ne permet pas d’obtenir une majorité relative. “Cela ne permettra pas au nouveau gouvernement d’être accepté par une majorité de forces politiques”, estime Romain Pasquier. “Tout va maintenant dépendre du profil du Premier ministre et de son gouvernement”, ajoute-t-il.
Jean-Louis Borloo à Matignon ?
“Il faut que le prochain Premier ministre ait un profil technique. Quelqu'un issu de la société civile, qui n'ait pas été associé au pouvoir d'Emmanuel Macron”, juge Romain Pasquier. Un nom circule depuis hier soir, relayé par le site Politico : Jean-Louis Borloo. L’ancien ministre, rappelle-t-il, “a commis un rapport sur la politique de la ville, qui n’a pas été suivi par Emmanuel Macron et il en avait d’ailleurs été meurtri ». Le politologue affirme que Jean-Louis Borloo “est capable de discuter avec tout le monde et est très ancré dans les réalités économiques. Il pourrait faire bouger quelques lignes”.
La bataille de la réforme des retraites
La suspension de la réforme des retraites empêcherait peut-être le parti socialiste de censurer le prochain gouvernement. Elle cristallise les mésententes entre les différents bords politiques : les Socialistes y tiennent plus que tout et les Républicains, eux, estiment que c’est une ligne rouge infranchissable. Mais l’universitaire reste lucide : entre la gauche qui fait de l’abrogation de la réforme des retraites un totem et la droite qui en fait une ligne rouge, “même avec un profil technique comme Jean-Louis Borloo ou un autre, la situation semble un peu bloquée”. L’enjeu principal du prochain Premier ministre sera de déposer une proposition de budget avant la fin de l’année. “La suspension de la réforme des retraites contre le vote du budget peut être un accord plus ou moins acceptable”, ajoute Romain Pasquier. Cela sera-t-il suffisant ? Rien n'est moins sûr.


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