Qui est ce Toulonnais qui sera béatifié ce samedi ?
Arrêté le 10 mars 1944 et guillotiné le 6 décembre de la même année, Joël Anglès d’Auriac fait partie des 50 "martyrs de l’apostolat" qui seront béatifiés à l'occasion d'une messe célébrée samedi 13 décembre en la Cathédrale Notre-Dame de Paris.
Joël Anglès d’Auriac avant son intégration au STO. Photo transmise par la familleCe qu'il faut retenir :
- Joël Anglès d’Auriac avait fondé la patrouille de scouts-routiers "Notre Dame de l’Espérance"
- Une messe d'action de grâces sera célébrée dimanche 14 décembre à 15h à l'église Saint-Louis, dans laquelle il a été baptisé le 2 mars 1922
Ils étaient prêtres, séminaristes ou laïcs. 50 martyrs catholiques seront béatifiés samedi 13 décembre lors d'une messe célébrée en la Cathédrale Notre-Dame de Paris après la signature le 20 juin dernier par le pape Léon XIV d'un décret du dicastère des Causes des Saints reconnaissant le martyre de 50 Français morts "par haine de leur foi" sous le régime nazi en 1944 et 1945. Cette procédure ouvre la voie à leur béatification sans qu’un miracle ne soit requis.
Parmi ces futurs bienheureux figure un Toulonnais : Joël Anglès d’Auriac. "Il s'est au cours de sa vie réfugié au Maroc où pendant six mois il a été accueilli par deux familles successivement. Le père de l'une d'elles a commencé à lui parler du scoutisme. Et Joël le dit, ce mot a résonné en lui", raconte Philippe Anglès d’Auriac, son neveu.
Il fonde la patrouille de scouts-routiers "Notre Dame de l’Espérance"
Son oncle fait sa promesse scoute le 23 mars 1941, à 19 ans. Il effectue deux retraites au Couvent des Dominicains à Saint-Maximin-la Sainte-Baume pour se préparer à son départ routier, le 16 mai 1943.
Le 12 juillet de la même année, il est contraint d'intégrer le Service du Travail Obligatoire ( STO ). "Joël a refusé à deux reprises mais il s'est rendu compte qu'il mettait en danger sa famille. Il s'est donc présenté à la caserne de Toulon".
En Allemagne, le jeune varois fonde la patrouille de scouts-routiers "Notre Dame de l’Espérance" pour se mettre au service de la communauté des Français déportés de l'autre côté de la frontière. "Avec sa patrouille, il fait une quête de cigarettes, d'alimentation qu'il remet aux malades français dans les hôpitaux. Les visites se déroulaient tous les dimanches", relate Philippe Anglès d’Auriac.
Une messe dimanche en l'église Saint-Louis
Dénoncé par deux autres déportés, Joël est arrêté le 10 mars 1944 pour "intelligence avec l'ennemi" puis guillotiné le 6 décembre. "Surtout, on lui reprochait de promouvoir une action d'apostolat catholique", estime son neveu.
Quelques heures avant sa mort, Joël Anglès d’Auriac prononce ces mots, rapportés par l’aumônier allemand de la prison de Dresde :
Je suis tout tranquille ; je peux dire : je me réjouis de la mort, car je vais à Jésus-Christ, Il m’a si bien conduit. Je le remercie de tout mon cœur. Je n’ai qu’un seul souci, c’est celui de ma famille
"C'est une figure à faire connaître dans tous les groupes de jeunes, dans les écoles, les paroisses, les groupes scouts de différentes branches. Un beau modèle pour tous les Toulonnais", insiste le Père Jean-Michel Roussel, assistant épiscopal de Monseigneur Touvet. L'évêque du diocèse de Fréjus-Toulon qui célèbrera une messe d'action de grâces dimanche 14 décembre à 15h à l'église Saint-Louis, dans laquelle Joël Anglès d’Auriac a été baptisé le 2 mars 1922. La messe sera suivie d’une procession de reliques, insignes scouts et lettres, jusqu’au monument aux morts, place Gabriel Péri, où un temps de mémoire sera proposé.
Dates clés :
• Né le 25 février 1922 à Toulon (domicile avenue Vauban)
• Baptisé le 2 mars 1922 à l’église Saint-Louis
• Études primaires et secondaires chez les Pères Maristes (à l’époque à l’angle de la place de la liberté)
• Confirmation le 3 avril 1930 (chapelle de l’externat Saint-Joseph)
• "Corniche" au lycée Peiresc en 1941-1942
• Promesse scoute le 23 mars 1941
• Départ routier le 16 mai 1943
• Départ au STO le 12 juillet 1943 (Tetschen sur Elbe)
• Fonde la patrouille de scouts-routiers "Notre Dame de l’Espérance" pour être au service "de la communauté des Français déportés en Allemagne", vers novembre 1943
• Arrestation le 10 mars 1944 pour "intelligence avec l’ennemi"
• Guillotiné le 6 décembre 1944 à Dresde
• Reconnu "mort pour la France" en 1946
• Béatifié à Paris le 13 décembre 2025 avec 49 autres "martyrs de l’apostolat"
