Sexualité et violences : le consentement au cœur du mini-livre d'une députée écologiste du Rhône
Après avoir introduit la notion de consentement dans la définition pénale du viol, une députée écologiste du Rhône nous pose finalement cette question essentielle en une trentaine de pages : Qu'est-ce que consentir ?. À la plume de cet essai publié vendredi 6 juin 2025 aux collections ALT de La Martinière Jeunesse, Marie-Charlotte Garin, députée écologiste de la 3e circonscription du Rhône. Un prolongement de l'adoption de sa proposition de loi concernant l'introduction de la notion de consentement dans la caractérisation du viol par la justice. Interview.
Marie-Charlotte Garin - © RCF LyonEssai sur le consentement : « un outil de dialogue et de pédagogie »
RCF Lyon : Vous dédiez cet essai « à une génération qui compte » à la toute première page. Un essai destiné à la jeunesse, mais aussi d'utilité publique pour les plus âgés d'entre nous ?
Marie-Charlotte Garin : Tout à fait. On a la chance, avec les travaux que nous avons menés, avec le changement de la loi, d’avoir un point de départ pour impulser un passage collectif vers la culture du consentement. Et cet essai, il en participe. On a la chance d'avoir un objet qui est à destination de la jeunesse. Et je crois que la jeunesse, c'est évidemment le point de départ de toutes les petites révolutions culturelles. Mais en réalité, la question du consentement, elle traverse tous les âges, toutes les classes sociales, la société dans son ensemble. Et on a eu une prise de conscience, un électrochoc avec le procès des agresseurs de Gisèle Pelicot, où finalement, les personnes qui, peut-être, étaient moins sensibilisées aux questions de violences sexuelles, se sont rendues compte que tout le monde était concerné. Et qu'il n'y avait pas que Gisèle Pelicot. Il y avait des millions de femmes dans ce pays qui ont connu des violences, et notamment des violences sexuelles. Et le vrai changement qu'on peut acter, c'est un changement culturel, et c'est celui de la culture du consentement.
Ce petit objet, il est à destination de la jeunesse, mais bien évidemment, il est à mettre entre toutes les mains
Et surtout, moi, je l'ai écrit en voulant être la plus pédagogique possible, en me disant que le consentement, ça pouvait être une notion qui fait peur. Mais qu'en réalité, quand on démêle les fils doucement autour de tous les préjugés qu'on peut avoir autour de cette notion, on se rend compte que c'est surtout une question de communication et de respect mutuel.
Je crois qu'il n'y a personne dans notre société aujourd'hui qui se dit que le respect et la communication, on doit s'en passer, et que ça ne peut pas être, finalement, le cœur de toutes nos interactions humaines.
RCF Lyon : Ce livre intervient deux mois après l'adoption de la notion de non-consentement dans la loi, quand il s'agit de statuer sur un viol. C'est une proposition de loi que vous avez portée. C'est un essai, finalement, en guise de service après-vente parlementaire ?
MCG : Alors, pour le coup, on est venu me chercher pour l'écrire, effectivement sur la base des travaux et de la mission parlementaire qu'on a menée. Là, ça intervient dans un cadre où, le 18 juin, le texte va passer au Sénat, donc on a encore un enjeu dessus. Cette proposition de loi, ce n'était pas une baguette magique. C'était un point de départ pour acter quelque chose de collectif. Mais en réalité, le changement, il doit être à tous les niveaux, sur toutes les échelles. Et cet objet, finalement, il participe de ce petit changement culturel. Et puis, finalement, c'est aussi un point de départ pour des conversations. « Toi, comment tu as vécu le consentement quand tu étais plus jeune ? C'était quoi tes relations ? Quels étaient les codes, les normes ? » Au final, ça a été un outil de discussion et de pédagogie. Et moi, je souhaite que ça serve à ça aussi.
Diffusion stoppée de certains sites pornographiques : une mesure protectrice pour la jeunesse
RCF Lyon : Trois sites pornographiques ont annoncé qu'ils allaient cesser de diffuser leurs contenus en France. Une réaction à la législation française qui contraint les plateformes pornographiques à une validation d'identité pour ses utilisateurs. Elle est là, la prochaine guerre parlementaire ? Celle contre le porno ?
MCG : Il y a un vrai sujet sur comment est-ce qu'on permet aux jeunes qui se construisent de se construire en toute liberté. On n'est pas libres de ces représentations, de ces schémas, de ces projections dans les relations si on a été biberonné [au porno]. Dès le plus jeune âge, les jeunes y ont accès de plus en plus tôt. Et à nouveau, il ne s'agit pas d'être moralisateurs, il s'agit simplement de donner des clés pour que les gens puissent s'émanciper.
Aujourd'hui, les jeunes sont biberonnés à des contenus qui sont violents, dégradants souvent pour les femmes, et qui ne sont pas régulés. C'est un problème parce qu'évidemment ils participent de la culture du viol
Ce ne sont pas les industries pornographiques qui vont vouloir faire leur examen de conscience pour dire « attention, il faudrait qu'on remette le consentement au cœur ». Donc oui, le législateur, le pouvoir politique doit agir là-dessus, aussi parce que c'est une question de protection des jeunes et aussi protection des adultes de demain. Je cite quelques chiffres dans le livre sur les projections, notamment chez les jeunes garçons qui se disent que finalement, une femme qui dit non, ça veut dire oui, qu'une femme aime forcément, nécessairement, des rapports qui sont violents. Tout ça, ça ne sort pas de nul part, en fait. Ça sort d'un imaginaire qui est créé par l'industrie du porno.
En réalité, je disais qu'effectivement cette semaine, les gros sites pornographiques voulaient bloquer leur accès en France, eh bien soit : à un moment donné, c'est leur choix, mais il y a des règles du jeu et il y a des lois dans ce pays. Elles sont faites pour être respectées.


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