Paris
Quels secrets révèlent les fouilles de Notre-Dame de Paris ?
C'est une découverte qui a fait grand bruit cette semaine. La tombe du poète Joachim Du Bellay aurait été trouvée dans la cathédrale, à la croisée du transept. Mais il n'y a pas que cette révélation, car c'est tout un chantier hors norme qui a été entrepris par les archéologues, mobilisés au chevet de Notre-Dame. À la veille des Journées du patrimoine, tour d'horizon ce matin sur ces fouilles avec Dominique Garcia, le président de l'INRAP, l'Institut national de recherches archéologiques préventives.
Au printemps 2021, deux sarcophages ont été retrouvés sous Notre-Dame de Paris. L’un a été identifié rapidement comme étant Antoine De La Porte, et la seconde sépulture vient d’être identifiée comme étant celle du poète Joachim Du Bellay.
Une multitude d’indices converge vers Joachim Du Bellay
Il y aura toujours des doutes, selon Dominique Garcia. À la suite de fouilles archéologiques effectuées sous la croisée du transept, deux sarcophages en plomb, bien conservés, ont été déplacés et amenés au CHU de Toulouse afin de faire l’objet d’une étude précise par l’institut médico-légal. L’un est simple à identifier car une petite plaque indiquait son nom. Il s’agit du chanoine Antoine De La Porte, mort en 1710.
Ce personnage présente des traces sur ses ossements d’une tuberculose osseuse et d’une méningite chronique, qui laissent des marques sur les squelettes. Cette double maladie touche entre 0 et 3 personnes sur 1 000.
Le deuxième sarcophage est celui d’un anonyme. Le président de l'INRAP fait état du faisceau d'indices qui tend vers Joachim Du Bellay : "Cette tombe est datée du XVIe siècle, la période durant laquelle a vécu Joachim Du Bellay. Ce personnage a à peu près 35 ans au moment de sa mort d’après les études menées sur les ossements. Du Bellay, né en 1522 et mort en 1560, a un peu plus de 35 ans. Enfin, ce personnage présente des traces sur ses ossements d’une tuberculose osseuse et d’une méningite chronique, qui laissent des marques sur les squelettes. Cette double maladie touche entre 0 et 3 personnes sur 1 000." Joachim Du Bellay avait le même âge et les mêmes pathologies. Ainsi, par une logique d'élimination, parmi les personnes enterrées à Notre-Dame durant cette période, Joachim Du Bellay est le candidat le plus probable. "Joachim Du Bellay avait fait l’objet d’une autopsie dont on a retrouvé des traces sur le squelette : crâne scié, et il avait été embaumé." Dominique Garcia précise qu’il restera néanmoins toujours un petit point d’interrogation.
Des fouilles menées tout au long de la reconstruction de la cathédrale
Les sarcophages ont été découverts grâce à l’action préventive des archéologues sous la croisée du transept, lors de l’établissement du grand échafaudage de plusieurs milliers de tonnes, qui a servi à la construction de la nouvelle flèche. L'INRAP réalise un travail sur le long terme, explique Dominique Garcia. "On parle beaucoup de nos opérations à propos de Joachim Du Bellay, mais les archéologues sont une cinquantaine sur le terrain depuis le lendemain de l’incendie du 15 avril 2019, dans le but de sauver le patrimoine mis en danger par la restauration de Notre-Dame. Au fur et à mesure qu’on reconstruit Notre-Dame, on en apprend plus sur son histoire et sur son patrimoine grâce à ces fouilles." Les archéologues ont ainsi découvert des milliers de fragments du jubé.
Au fur et à mesure qu’on reconstruit Notre-Dame, on en apprend plus sur son histoire et sur son patrimoine grâce à ces fouilles.
L’objectif des archéologues et anthropologues de l'INRAP est de se mettre au service de la reconstruction, précise le président de l'INRAP. "On n'est pas là de manière opportuniste, mais pour accompagner l’aménagement. Les archéologues n’ont pas fouillé plus que ce qui devait être fouillé en vue de l’aménagement. On a travaillé en même temps que les ouvriers, sans retarder les travaux, dans le but de tracer ensemble un cercle vertueux pour Notre-Dame." On appelle cela "l’archéologie préventive." Les archéologues réalisent un travail préventif sur les lieux où le maître d'œuvre a décidé de faire des travaux. Ils sauvent le patrimoine, puis ils laissent le terrain libre à l’aménagement de structures nécessaires à la reconstruction.
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- 11 septembre 2024
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