Violences sexistes et sexuelles dans le sport : quel bilan pour le plan de lutte de la ville de Grenoble ?
Depuis février 2024, la ville de Grenoble a lancé un vaste plan de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le sport. L'objectif de ce plan est d'outiller les clubs et agents municipaux face à un phénomène encore largement sous-estimé, alors que un sportive sur cinq déclare avoir été victime de violence sexiste ou sexuelle. Formations obligatoires, référents dédiés, appuis concrets : 84 clubs ont déjà été formés. Céline Mennétrier, adjointe aux sports à la mairie de Grenoble, et Yvan Gillet, directeur sportif et référent VSS du Grenoble Volley Université Club, témoignent d’un engagement qui prend désormais racine sur le terrain.
Céline Mennetrier, Adjointe aux Sports, Yvan Gillet, Directeur Sportif et Référent VSS au Grenoble Volley Université Club, Justine Duval, Trésorière d’Alpine Skate Culture, et Laura Pfister, Adjointe à l’égalité des droitsEn février 2024, la ville de Grenoble a adopté un plan de prévention et de lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) dans le monde sportif. Tous les clubs bénéficiant d’une subvention municipale doivent désormais obligatoirement suivre des formations spécifiques. Une contrainte nécessaire selon Céline Mennetrier, adjointe aux sports : « Il était essentiel de travailler sur ces violences dans le sport, d’autant plus que nous sommes les premières collectivités à financer le sport. »
La ville a fait le compte : 84 clubs subventionnés ont été formés, avec 176 dirigeants et encadrants ayant suivi des sessions de formation. L’objectif est de sensibiliser et outiller les associations sportives, mais aussi les agents municipaux en lien avec le public, comme les éducateurs ou les agents d'entretien. Une approche collective visant à stopper les violences, tout en garantissant un accompagnement constant à travers les référents VSS présents dans chaque club.
“Un levier financier pour ne pas contraindre”
Le plan de lutte s’appuie sur une obligation de formation conditionnée à l’obtention des subventions municipales. Mais Céline Mennetrier se défend de contraindre les clubs : « On a utilisé le levier financier pour ne pas contraindre, puisque si elles ne veulent pas de subvention, elles ne sont pas obligées de suivre la formation. »
Ces formations, d’une durée de trois à quatre heures, permettent de sensibiliser les membres des clubs tout en leur fournissant des outils pratiques et théoriques pour prévenir et lutter contre les VSS. La mise en place de référents VSS dans chaque club, ainsi que de bilans collectifs, permet d’assurer une mobilisation continue sur la question.
Notre enjeu est aussi de communiquer, et dans les équipements sportifs apparaîtront des affiches qui donnent les numéros d'alerte en cas de violences sexuelles et sexistes.
Un plan de prévention nécessaire pour Grenoble
Un an après le lancement, le bilan est positif selon Céline Mennetrier :
Tout le monde a répondu présent, et les retours ont été très positifs.
Au-delà de la formation, l’enjeu est également de favoriser les échanges entre les clubs pour partager les bonnes pratiques. Des conférences et des temps de rencontre permettent aux associations de discuter de leurs besoins particuliers : certaines se concentrent sur les violences sexistes et sexuelles envers les femmes, d’autres sur celles commises envers les enfants.
Désormais, la municipalité souhaite aller plus loin en invitant les clubs sportifs non subventionnés à suivre les formations gratuites, ce qui représente 70 associations. Le plan se poursuivra jusqu’en 2027, avec des sessions régulières de formation et un suivi constant.
Un engagement visible, vigilant et formateur
Parmi les clubs formés, le Grenoble Volley Université Club (GVUC), l’un des plus grands clubs de la région avec plus de 700 licenciés. Yvan Gillet, directeur sportif et référent VSS du club, détaille les actions mises en place pour répondre à ce plan :
Nous avons créé des espaces d’échanges où les entraîneurs peuvent être sensibilisés et formés, et où les jeunes peuvent apprendre les bons réflexes à avoir en cas de problème.
Le club a également développé des supports ludiques, comme des quiz pendant les stages sportifs pour enseigner aux jeunes les numéros d’urgence en cas de VSS. Ces petites actions permettent à la fois de sensibiliser et de créer un environnement sûr pour les sportifs. « Le risque zéro n’existe pas, mais on met tout en œuvre pour éviter que cela se produise dans notre club », ajoute Yvan Gillet.
Le gymnase Malherbe, actuellement en rénovation, sera également un lieu d’exposition pour sensibiliser les jeunes aux violences sexistes et sexuelles. Yvan Gillet et son équipe ont imaginé un partenariat avec le GDOS (Groupement pour le Droit à l’Orientation Sociale) pour afficher des expositions qui abordent la question des discriminations de manière plus large. « Ce gymnase deviendra un lieu d’échange, d’information, mais aussi de prévention visuelle », précise-t-il.
Le rôle clé de l'accompagnement à long terme
Au-delà des formations, le travail de prévention des violences sexistes et sexuelles dans le sport implique un véritable accompagnement à long terme. Il est essentiel que les acteurs du sport soient constamment formés et soutenus pour réagir de manière appropriée face à toute situation. « Ce qui est important, c’est d’avoir des personnes de confiance à qui se tourner lorsqu’une alerte est donnée. Nous faisons de notre mieux pour être prêts à accompagner nos adhérents, qu’ils soient jeunes ou adultes », résume Yvan Gillet.
Le plan de lutte de Grenoble, à travers ses formations et ses mesures de prévention, cherche donc à créer un environnement sportif sûr et respectueux, où chacun et chacune peut évoluer sans crainte. Un travail de fond pour que les violences sexistes et sexuelles deviennent des sujets de moins en moins tabous, et de plus en plus pris en charge.
Besoin d’aide ou de parler ?
En cas de violences sexistes, sexuelles ou de harcèlement dans le cadre sportif (ou ailleurs), que vous soyez victime, témoin, parent, encadrant ou simplement en besoin de conseils, plusieurs dispositifs existent :
- 15 – Samu
- 17 – Police Secours en cas d’urgence
- 3919 – Violences Femmes Info : écoute, orientation et accompagnement (gratuit, anonyme, 24h/24, 7j/7)
- 119 – Allô Enfance en Danger : pour signaler une situation de maltraitance ou de danger
- 114 – Numéro d’urgence par SMS, accessible aux personnes en situation de handicap (ou à parole réduite sous menace)
- 116 006 – France Victimes : soutien psychologique, juridique et social
- 3018 – Numéro national contre les violences numériques (cyberharcèlement, sextorsion…)
- CIDFF Isère – Centre d’information sur les droits des femmes et des familles : aide juridique, sociale et psychologique (https://www.cidff38.fr)
- SDJES – Service départemental à la jeunesse, à l’engagement et aux sports : pour toute situation relevant d’un encadrement sportif (signal-sports@sports.gouv.fr)
Ces numéros sont également affichés dans les équipements sportifs de la ville de Grenoble, pour que chacun·e sache vers qui se tourner.


Chaque jour, une personnalité de la vie locale présente un événement ou revient sur une question d'actualité.
