"Faire un effort de 40 milliards n’a rien d’impossible, c’est une question de volonté" pour le sénateur LR Jean-François Husson
Lundi après-midi, lors de sa conférence de presse, le Premier ministre a annoncé demander aux députés de renouveler leur confiance envers son gouvernement. Un pari plus que risqué étant donné le contexte. Le vote est fixé au 8 septembre, deux jours avant la date annoncée du blocage du pays. Un “acte de courage” ou “une dernière chance de convaincre” en 15 jours ? Pour en parler, Jean-François Husson, sénateur LR de Meurthe-et-Moselle, rapporteur général de la commission des finances est l’invité de la matinale de RCF, Radio Notre-Dame.
Conférence de presse de François Bayrou le lundi 25 août 2025 à Paris, France. © Hans Lucas"Une clarification est nécessaire dans un moment décisif" a déclaré François Bayrou, ce lundi 25 août, qualifiant la situation budgétaire de “critique”. Le Premier ministre a lourdement insisté sur “le danger de la dette” pour notre pays “au bord du surendettement”. Il rappelle la nécessité de trouver 44 milliards d’euros d’économies et estime que les Français n’ont pas saisi l’urgence de la situation.
Pour Jean-François Husson, le diagnostic a déjà été posé par le Sénat. “Nous l’avons clarifié en 2024, après ses années de folles dépenses.” Le sénateur LR fait ici référence à la proposition de la majorité sénatoriale, alors dans l’opposition, qui suggérait de trouver 7 milliards d’euros d’économie. “Mais le gouvernement de Gabriel Attal nous avait rétorqué qu’il s’agissait d’une provocation” précise Jean-François Husson qui invite, à ce titre, “les Français à regarder les choses en face, dans un moment de vérité. Nous n’avons plus le choix, il faut se ressaisir et remettre la France dans le rail des pays qui continuent de compter” ajoute-t-il.
Faire un effort même de 40 milliards n’a rien d’impossible, c’est une question de volonté.
En cause notamment pour Jean-François Husson, le “quoi qu’il en coûte” lancé par Emmanuel Macron durant la crise Covid-19. “Cette mesure a cessé bien trop tardivement et n’a fait qu’empirer la situation. [...] Par ailleurs, ce “quoi qu’il en coûte” a agi comme une forme de drogue pour les Français qui ont du mal à accepter la nécessité d’un effort collectif.” Mais si le rapporteur général de la Commission des finances concède au président une situation délicate depuis des décennies, il ne peut s’empêcher de faire remarquer qu’elle s’est aggravée depuis son arrivée au pouvoir en 2017. “La dette a augmenté de plus de 1 000 milliards, donc de 100%. On peut s’endetter pour s’enrichir, mais ça n’a pas vraiment été le cas.”
La dissolution était une décision funeste dont on paie encore le prix, puisque l’Assemblée nationale n’a aucune majorité
Pour Jean-François Husson, tout le monde doit participer à l’effort demandé par le Premier ministre. “Si l’on regarde le montant de nos budgets, celui de l’Etat et celui de la Sécurité sociale, on est autour de 1 700 milliards, on peut donc se dire que faire un effort même de 40 milliards n’a rien d’impossible, c’est une question de volonté. Je préfère faire partie de ceux qui refusent la résignation” , poursuit-il. En effet, le projet de loi de finance devrait être examiné le 14 octobre par l’Assemblée Nationale, puis le 24 novembre au Sénat. En l’état, avec le risque d’un vote de défiance des députés, c’est quasiment mission impossible pour François Bayrou. Tout le calendrier parlementaire serait bouleversé. Selon le sénateur LR, “ce n’est que la conséquence de la dissolution” dont il “continue encore aujourd’hui à chercher le sens. C’était une décision funeste dont on paye encore le prix puisque l’Assemblée nationale n’a aucune majorité” regrette-t-il.
Le Premier ministre a joué son va-tout, au risque de tout perdre
En réalité, “aucune formation politique n’a intérêt à la censure du gouvernement, mais à quelques mois des élections municipales, beaucoup dans l’opposition préfèrent la politique du pire et du chaos” déplore Jean-François Husson. Pour le sénateur LR de Meurthe-et-Moselle, Les Républicains agiront certainement “en responsabilité” et voteront la confiance au gouvernement. Ce ne sera pas le cas de La France Insoumise qui voit même dans cet appel, “un cadeau” puisqu’elle prévoyait de voter la censure avant les annonces de François Bayrou. Le Rassemblement National, le Parti communiste et le PS ont eux annoncé, lundi soir, qu’ils ne voteraient pas la confiance.
Quel avenir pour le gouvernement Bayrou ?
Si le gouvernement Bayrou tombe, le 8 septembre, Emmanuel Macron devra à nouveau changer de Premier ministre. On garde en mémoire les précédents renouvellements ministériels accompagnés de longues sélections afin de procéder à toutes les vérifications. Mais ce qui se joue surtout, c'est la validation du budget. la France sera à nouveau dans l’attente d’un projet de loi en ce sens. “Plus la situation se dégradera, plus il faudra prendre des mesures, quel que soit celui ou celle qui sera au gouvernement. Je ne veux ni chaos ni bordel, il y a besoin de trouver une ligne, une direction, celle de l’effort collectif et national” conclut le rapporteur général de la Commission des finances.


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