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Pour cette Iranienne belge, la République Islamique d'Iran « ment, manipule et l’Occident s'aveugle »

Pour cette Iranienne belge, la République Islamique d'Iran « ment, manipule et l’Occident s'aveugle »

Un article rédigé par Cédric Godart - 1RCF Belgique, le 19 juin 2025 - Modifié le 30 juin 2025
L'actualité en débatMarjan Abadie : « La République Islamique d'Iran nous ment, nous manipule et l’Occident s'aveugle ! »

Psychothérapeute installée en Belgique, Marjan Abadie est d’origine iranienne. À la croisée de son histoire personnelle et de son expertise clinique, elle partage une analyse saisissante des mécanismes mentaux à l’œuvre dans notre perception de l’actualité depuis le début des frappes israéliennes sur la République Islamique d'Iran. Et si ce que nous vivons n’était pas qu’un conflit géopolitique, mais aussi une emprise psychologique ? 

 

Marjan Abadie - Crédit photo : Herman Ameijeiras Marjan Abadie - Crédit photo : Herman Ameijeiras

Marjan Abadie est née en Iran, pays qu'elle a quitté en 1979, peu après la Révolution. Élevée en France, en Alsace, elle vit depuis de nombreuses années en Belgique. Très active sur les réseaux sociaux, notamment sur LinkedIn, elle a peu dormi depuis les premières attaques d'Israël sur le régime de Téhéran, en fin de semaine dernière.

Les pièges invisibles de notre esprit 

Il y a quelques jours, des drapeaux de la République islamique d’Iran flottaient dans des manifestations en Europe. Une image troublante pour Marjan Abadie. « Comment peut-on en arriver là ? », s’interroge-t-elle. Comment des personnes qui, hier encore, dénonçaient les crimes d’un régime autoritaire, se retrouvent aujourd’hui à le défendre — au nom de la paix ou de l’antiracisme ?

Cette confusion, Marjan la connaît bien en qualité de thérapeute, notamment lorsqu'elle a eu affaire à des victimes de relations toxiques. Car ce que nous vivons à l’échelle internationale, dit-elle, ressemble à une « forme d’emprise collective ». Une emprise qui brouille les repères, « embrouille notre boussole morale et nous empêche de penser clair ».

L'une de ses dernières interventions sur les réseaux sociaux (vous pouvez la suivre via ce compte LinkedIn) : 
 

Marjan Abadie sur LinkedIn ce 19 juin 2025

Une révolution en apparence… puis le piège

Tout commence toujours par une séduction. Dans les années 80, la République islamique d’Iran s’est présentée comme la voix des opprimés, une révolution humble contre l’impérialisme occidental. « Avec son mollah en sandales et ses slogans anti-Amérique », elle a séduit des figures majeures de la pensée occidentale.
 

Une manifestation en soutien aux femmes iraniennes. Crédit : chaîne Telegram.


Mais rapidement, derrière les promesses de justice et de réforme, le masque est tombé : pendaisons, répression, exécutions de mineurs. Un double langage permanent, où la main tendue dissimule le poing serré.

C’est la phase du ferrage : on alterne entre discours rassurants et actes violents. On entretient un stress collectif, un brouillage moral qui désoriente. Et puis vient la destruction : le moment où l’on ne sait plus qui est victime et qui est bourreau. Où des femmes iraniennes, qui dénoncent leur oppression, sont taxées d’islamophobes. Où les soutiens au mouvement « Femme, Vie, Liberté » sont invisibilisés.

Ce qui me frappe aujourd’hui, confie Marjan, c’est de voir à quel point cette manipulation mentale a dépassé les frontières de l’Iran. »

Intellectuels, journalistes, élus européens reprennent — parfois sans le savoir — les éléments de langage du régime. Pensant défendre la paix ou la cause des peuples, ils deviennent les relais involontaires d’un pouvoir qui torture, exécute et ment. Ce n’est pas un hasard. C’est le fruit d’une stratégie rodée, qui s’appuie sur des mécanismes bien connus, estime-t-elle : les biais cognitifs.

Nommer l’emprise, sortir du brouillard

Pour Marjan Abadie, il est temps de reprendre le contrôle de notre pensée. De nommer la manipulation pour ce qu’elle est. De faire la différence entre empathie et aveuglement, entre critique lucide et discours émotionnel creux.

Ce régime n’est pas réformable. Il repose sur le mensonge, la peur et le chantage affectif.

Sortir de l’emprise, c’est aussi soutenir les voix libres d’Iran. Celles des femmes, des laïcs, des dissidents, des poètes et des artistes qui risquent leur vie pour une liberté que nous tenons parfois pour acquise.

Marjan conclut avec force :

On ne négocie pas avec un manipulateur. On s’en protège. On le nomme. Et on s’en éloigne. Pour de bon.

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