Quand la retraite bouleverse tout : Amandine Scheers signe « Quelques moments heureux »

Dans Quelques moments heureux (Éditions Bande à Part), le lecteur fait la rencontre de Christian Picart, célèbre journaliste et présentateur télé, contraint de prendre sa retraite. Loin de savourer ce nouveau temps libre, il sombre rapidement dans l’ennui. Son moral au plus bas, il consulte une voyante qui lui annonce sa mort prochaine. Ce déclic le pousse à réaliser enfin ses rêves, à explorer ses désirs refoulés et à revisiter les choix de sa vie.

« Ce personnage s’est imposé à moi, jusqu’à son nom », confie Amandine Scheers. Le thème de la retraite, lui, surgit d’un seul coup.

Quand on a consacré tant de temps à son travail, qu’est-ce qu’il nous reste une fois qu’il disparaît ? 

Ni François de Brigode, ni autre… juste une coïncidence

À la lecture, difficile de ne pas penser au présentateur François de Brigode, figure familière des écrans belges. Pourtant, Scheers l’assure : aucune inspiration directe. « J’ai écrit ce roman il y a deux ans. Quand on m’a fait remarquer cette ressemblance, j’ai souri. Une pure coïncidence ! »

L’essentiel, pour l’autrice, était ailleurs : surprendre ses lecteurs, en choisissant un personnage masculin et un sujet souvent tabou, tout en bousculant les stéréotypes.

Entre humour, regrets et quête de bonheur

Si l’annonce de la voyante bouleverse Christian, elle marque surtout le début d’une remise en question profonde. Pour occuper ses journées après la retraite, Christian Picart va devenir baby-sitter, et cette expérience va le confronter de plein fouet à l’un de ses plus grands regrets : ne jamais avoir été père. 

À travers ce parcours, Amandine Scheers questionne le bonheur, les regrets et les occasions manquées. Mais elle refuse d’adhérer à l’injonction au bien-être permanent.

Aujourd’hui, il y a presque un culte du bonheur. Moi, je pense qu’on a le droit de dire que parfois, la vie n’est pas toujours heureuse 

L’art d’écrire entre deux vies

Écrire n’est pas la seule activité d’Amandine Scheers, qui conserve un emploi à mi-temps à côté. Mais lorsqu’elle se consacre à ses romans, rien ne doit la distraire. « J’écris dès 8h du matin, je vis avec mes personnages. » Pour ce nouveau livre, il lui a fallu entre quatre et six mois, de l’ébauche au premier jet, en passant par les recherches sur les métiers évoqués.

Avec Quelques moments heureux, Amandine Scheers nous offre une méditation tendre sur ce qu’il reste quand le travail s’arrête et que les rêves reprennent toute leur place. Une histoire qui nous rappelle, en filigrane, que le vrai départ à la retraite n’est peut-être pas celui du bureau, mais celui où l’on ose enfin vivre pour soi.