Il faut dire que le texte adopté par les sénateurs en commission le 8 janvier dernier va sur certains aspects beaucoup plus loin que le texte adopté à l’Assemblée. Après un vote en première lecture à l’Assemblée nationale, le projet de loi bioéthique va être débattu au Palais du Luxembourg. Il y a à peine 15 jours, les 7 et 8 janvier dernier, la commission spéciale du Sénat s’est penchée sur le texte.
Elle a examiné en moins de deux jours les 267 amendements déposés. Les sénateurs ont donné leur feu vert à la PMA pour toutes après un vote serré. Dix huit voix contre quatorze. Mais ils ont surtout repoussé certaines barrières laissées par les députés. Ils ont en effet décidé d’allonger les délais d’expérimentation sur les embryons ou encore d’étendre le diagnostic préimplantatoire aux anomalies chromosomiques. Yves Daudigny, sénateur socialiste de l’Aisne, membre de la Commission spéciale est satisfait de cette nouvelle mouture du texte qu’il qualifie de progrès.
Les sénateurs ont autorisé la pratique du "bébé médicament", qui avait été, à la surprise générale, interdite, début octobre, à l’Assemblée nationale. Ils ont élargi à 21 jours, contre 14 aujourd’hui, la limite fixée pour la culture d’embryons humains à des fins de recherche. Les sénateurs ont également autorisé les diagnostics préimplantatoires, visant à trier les embryons porteurs de trisomie 21 ou d’une autre anomalie génétique. Une autorisation que les députés avaient pourtant écarté au terme de débats passionnés. Ces nouvelles perspectives inquiètent les opposants à ce projet de loi qui craignent de nouvelles dérives. Les explications de Caroline Roux déléguée générale adjointe d'Alliance Vita. Alliance Vita qui fait partie du collectif Marchons enfants qui a organisé hier une grande manifestation à Paris.
Des dizaines de milliers de personnes ont défilé hier dans les rues de la capitale pour exprimer leurs craintes sur ce projet de loi. Des craintes que le sénateur républicain Alain Milon, jugent infondées. Le président de la commission spéciale du sénat sur ce projet de loi bioéthique estime que ces inquiétudes sont liées à l’ignorance.
Et alors que le président de la commission du sénat oppose le camp des savants à ceux des ignorants, les évêques de France rappellent de leur côté "qu’aucun être humain ne peut en traiter un autre comme un objet". Dans un communiqué, ils ont encouragé les citoyens inquiets à faire connaître leurs réserves et à exprimer leurs points de vue. L’archevêque de Paris a même vivement réagi la semaine dernière après les modifications apportées au projet de loi bioéthique par les sénateurs. Mgr Michel Aupetit, ancien médecin, regrette que les sénateurs ne prennent pas la mesure des enjeux de cette loi sur la bioéthique. Il appelle à une prise de conscience urgente.
Parmi les points qui ont plus particulièrement retenu l’attention de l’archevêque de Paris, l’article qui atténue la clause de conscience des médecins pour l’interruption médicale de grossesse. Avoir une vraie réflexion anthropologique, mettre l’homme au coeur de la réflexion, voilà le voeu formulé par l’archevêque de Paris qui avait appelé les opposants à manifester leur désaccord y compris en descendant dans la rue dimanche. Des mises en garde destinées à interpeller les sénateurs alors qu’ils s’apprêtent à examiner le texte.
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