Programme EVARS : entre luttes et inquiétudes
L'école a repris pour 12 millions d'élèves. Cette rentrée est marquée par quelques nouveautés, notamment l'interdiction du téléphone portable au collège et le très controversé programme EVARS, l'éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle. Pascale Morinière, présidente des Associations familiales catholiques et médecin généraliste, a décrypté pour nous le contenu de ce programme.
Pacale Morinière, présidente des AFC © RCF - Radio Notre DameDans un sondage de l’IFOP sur les Français et l’enseignement catholique, réalisé pour Famille chrétienne et RCF-Radio Notre-Dame, seuls 29 % des Français estiment justifié le fait d’adapter le programme EVARS dans l’enseignement catholique. Parmi eux, 72 % des parents ayant un enfant scolarisé dans un établissement catholique trouvent cette mesure justifiée.
Un programme de lutte
Le programme EVARS, nouveauté de cette rentrée, a été présenté par Élisabeth Borne l’hiver dernier. Ce programme décrit cinq objectifs principaux : lutte contre les discriminations, lutte contre l’inégalité homme-femme, dépistage de l’inceste, apprentissage du consentement, et développement d’une culture de l’égalité et du respect mutuel. Pascale Morinière souligne le terme de "lutte", employé à de très nombreuses reprises dans le programme, et qui selon elle traduit une dimension négative d’opposition.
Au-delà des émotions, l’école, qui est le lieu où l’on forme l’intelligence, le cartésianisme, la raison, devrait passer au-delà des émotions.
Ces objectifs reposent, selon la présidente des AFC, sur les peurs actuelles des adultes. "Aujourd'hui, les peurs, ce sont les abus, les discriminations, l’inégalité, et donc c’est focalisé sur ces sujets-là." Pascale Morinière souligne l’importance de l’éducation au consentement, mais dénonce un programme trop flou et insuffisant sur les modalités d’enseignement. Celui-ci repose sur l’écoute des émotions, en omettant un recours à l’intelligence et à la volonté. "Au-delà des émotions, l’école, qui est le lieu où l’on forme l’intelligence, le cartésianisme, la raison, devrait passer au-delà des émotions."
Impliquer les parents
Les cours du programme EVARS seront dispensés par des professeurs ainsi que par des associations agréées par l’Éducation nationale. La présidente des AFC invite les parents à poser des questions dès les réunions de rentrée. "Qu’est-ce qui va se passer dans l’école ? Qui intervient ? Qu’est-ce qui va être transmis à nos enfants ? Est-ce qu’on pourrait savoir à quel moment ça va être transmis ?" En fonction de ces réponses, les parents sont en capacité d’intervenir en amont auprès de leurs enfants pour préparer ces sujets.
Plus les parents disent les choses avec leurs mots suffisamment tôt, plus l’enfant a un socle solide.
"Mieux vaut trop tôt que trop tard et mieux vaut trop tard que jamais", prévient Pascale Morinière. Les discussions doivent débuter dès 4-5 ans, par de petites choses. Puis, dès 6, 7, 8 ans, les parents doivent commencer à expliquer à leurs enfants ce qu’est une relation sexuelle et ce que signifie être un garçon ou une fille, explique la présidente des AFC. "Plus les parents disent les choses avec leurs mots suffisamment tôt, plus l’enfant a un socle solide et ce qui vient après est référé à ce qu’ont dit papa ou maman."


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