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Précarité énergétique : "90% des ménages rencontrés n'ont pas l'abonnement qui est dimensionné à leur consommation" explique Charline Lasterre

Précarité énergétique : "90% des ménages rencontrés n'ont pas l'abonnement qui est dimensionné à leur consommation" explique Charline Lasterre

Un article rédigé par Julie Rolland - RCF Côtes d'Armor, le 17 novembre 2025 - Modifié le 18 novembre 2025

Ce mardi 18 novembre, c'est la journée de lutte contre la précarité énergétique. Dans le Pays de Saint-Brieuc, l'ALEC (agence locale de l'énergie et du climat) agit concrètement pour accompagner les ménages, notamment avec des gestes simples pour faire des économies. Entretien avec Charline Lasterre, sa directrice. 

Charline Lasterre est la directrice de l'ALEC du Pays de Saint-Brieuc © Jean-Sébastien PaturelCharline Lasterre est la directrice de l'ALEC du Pays de Saint-Brieuc © Jean-Sébastien Paturel

Dans le dernier baromètre du médiateur national de l'énergie, 36% des ménages français déclarent rencontrer des difficultés pour payer leurs factures d'énergie. C'était 28% en 2024. La situation semble s'aggraver : le constatez-vous?

Charline Lasterre : "Malheureusement, ça ne va pas en s'améliorant. Une des principales raisons, c'est qu'en fait, le coût de l'énergie, quel que soit le type d'énergie, augmente plus vite que les ressources des ménages. Les salaires n'ont pas pris 40% ces dix dernières années, contrairement au coût de l'électricité, pour ne prendre que cette énergie-là.

Nous, ce qu'on voit, c'est qu'on a l'impression qu'on parle uniquement de ménages qui sont dans l'extrême pauvreté. Mais aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On a de plus en plus de ménages qui sont des travailleurs, souvent des familles monoparentales, où il n'y a qu'un seul salaire qui rentre, mais qui n'ont jamais eu de difficultés jusqu'aux trois ou quatre dernières années et qui aujourd'hui rentrent dans cette situation de précarité énergétique comme nous on l'a définie. Mais ce ne sont pas des ménages toujours précaires ou si pauvres que cela".

Vérifier que son abonnement n'est pas surdimensionné

Quand c'est la question du coût de l'énergie qui est en cause, en partie, puisqu'il y a aussi la dégradation du bâti, quels sont les leviers pour lutter contre la précarité énergétique ?

Charline Lasterre : "Dans un logement, le premier poste de consommation énergétique, c'est le chauffage. Dans la plupart des logements, plus le bâtiment est consommateur en chauffage, on appelle ça les passoires énergétiques, nécessairement, il y a un coût pour le chauffage qui va être important.

Il y a ce sujet du bâtiment qu'il faut rénover, c'est une évidence, et on a un gros enjeu à l'échelle nationale mais aussi à l'échelle locale. Mais il y a aussi besoin d'accompagnement sur plein d'autres sujets qui peuvent être d'abord d'avoir le bon abonnement qui correspond effectivement à mes besoins : c'est un énorme sujet. 

Nous, dans la pratique, on se rend compte que plus de 90% des ménages qu'on rencontre n'ont pas l'abonnement qui est dimensionné à leur consommation, ce qui fait qu'ils ont un coût d'abonnement qui est trop cher et ou un coût de kilowattheure qui est trop cher. Simplement en ajustant l'abonnement, on arrive à faire des économies sans baisser la consommation.

Mais les autres sujets, c'est aussi le recours au droit, le recours au chèque énergie, recours au fonds de solidarité pour le logement (FSL) qui est distribué par les départements ; des aides financières qui permettent, soit de payer tout ou partie des factures, soit parfois de remplacer de l'électroménager qui est très consommateur parce que très ancien". 

Recréer le lien entre propriétaire et locataire

À vous entendre, il y a besoin de faire un effort de pédagogie. Mais depuis
des années, c'est la rénovation énergétique qui a été mise en avant. Est-ce que l'on est passé à côté, peut-être de choses plus basiques, plus accessibles depuis longtemps ou alors ce discours est porté maintenant parce que les aides à la rénovation ont été bouleversées?

Charline Lasterre : "Nous, en tout cas, c'est toujours un discours qu'on a tenu. Nous n'avons pas tous la capacité d'investir dans des travaux de rénovation. Et typiquement, si je suis locataire, je n'ai pas forcément cette possibilité là. Il y a toujours quelque chose qu'on peut faire et c'est d'abord cette porte d'entrée qu'on va essayer de mobiliser : je peux rappeler mon fournisseur d'énergie, je peux optimiser mes usages, je peux faire des petites installations, des petits équipements qui vont me permettre de faire des économies. Ça, c'est ce que tout le monde peut faire chez soi : ça ne révolutionne pas mais ces petits gestes ne font pas diminuer de moitié la consommation d'énergie. Mais si on arrive à gagner 5, 10, 15%, c'est déjà une victoire. 

Et puis l'étape d'après, effectivement, il y a la question du bâti et là on entre sur un autre volet. Mais même pour les locataires du coup, qu'on peut rencontrer dans le cadre de nos visites aux Eau/Énergie, on va aussi faire le lien avec les propriétaires bailleurs qui sont parfois pas si au courant que cela de la situation qui est vécue
par leurs locataires ou qui ne s'en rendent pas compte.

Parfois juste de recréer ce lien, cela peut dénouer des situations. C'est aussi notre rôle de pouvoir faire la jonction entre les locataires et les propriétaires, parfois de remettre aussi les rôles et responsabilités de chacun".

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