Pourquoi le scoutisme a la cote chez les jeunes ? Entretien avec François Bonnet, chef de groupe des SUF du Puy-en-Velay
Ils étaient 171 000 scouts à avoir fait leur rentrée en 2024. Un chiffre en constante augmentation et qui devrait encore être dépassé en ce mois de septembre 2025. Chaque année les effectifs des Scouts Unitaires de France (SUF) de la région Auvergne progressent de près de 5% obligeant les chefs de groupes à mettre en place des listes d’attente. François Bonnet, chef du groupe du Puy en Velay en Haute-Loire était l’invité de Stéphane Longin pour RCF.
François Bonnet partage avec sa femme Alix la responsabilité de chef de groupe des SUF du Puy en Velay @RCF 2025Stéphane Longin : Le scoutisme a la cote avec de plus en plus de jeunes qui veulent se lancer dans cette aventure. Pourquoi ?
François Bonnet : Parce qu’on leur offre un véritable espace de déconnexion ! Ca fait plaisir au parents et parfois grincer les dents des enfants au début mais finalement quand ils reviennent de leurs sorties ou de leurs camps avec des étoiles dans les yeux. C’est que la déconnexion à bien fonctionné.
SL : Qui sont les jeunes qui choisissent de devenir scout ?
FB : Nous avons deux publics, même si je n’aime pas bien ce terme là. Mais on a ceux qui sont catholiques habitués et éduqués dans la religion, avec souvent une tradition familiale qui se perpétue parce que chacun y voit des vertus dans ce scoutisme. D'ailleurs dans les mariages catholiques il n’est pas rare de voir des prières scout à la fin de la messe donc ça montre que ce n’est pas que du scoutisme et que ça dépasse tout cela. Et on a aussi un jeune public qui apporte beaucoup de fraîcheur, des convertis, des jeunes qui se posent des questions, des copains de copains qui en parlent entre eux et qui se disent que ça semble bien cette histoire et qui tombent un peu dedans avec passion. Puis on a aussi des jeunes un peu plus grands qui poussent le mouvement en redonnant aux plus petits ce qu’ils ont, eux, reçu quand ils avaient soif.
Notre but c'est de pousser les enfants dans leurs talents, les faire grandir
SL : Qu’est ce que ça veut dire être scout ?
FB : Être scout c’est une sorte de trépied entre les chefs scout, les enfants et leurs parents. On parle de co-éducation entre les parents et les chefs et cela sur la base du volontariat. Car le scoutisme ne correspond pas à tout le monde. Si certains veulent être champion de judo ou de course à pied, il y a pas de problème, mais ce sera pas chez nous. Et on peut pas forcer les enfants à faire ce qu'il n'aime pas parce que notre but est de les pousser dans leurs talents, les faire progresser en fonction de leur âge et de leurs envies. Nous, on promet de s’appuyer sur l'un des fondements qui est la pédagogie du grand frère ou de la grande sœur, la protection du plus petit par le plus grand, le plus expérimenté qui apprend au plus jeune.
SL : Mais que font les jeunes concrètement ? Ils apprennent quoi ?
FB : Par exemple, ils apprennent la Nature. En Auvergne on a des jeunes aux profils très variés qui viennent des villes et d’autres de la campagne. En Haute-Loire, ils sont du bassin du Puy en Velay mais aussi de Monistrol sur Loire et parfois des départements limitrophes comme l’Ardèche et la Lozère. Et ils apprennent un rapport à la nature différent, ils apprennent aussi un rapport à la communauté parce que certains peuvent être dans des familles avec peu d'enfants, d'autres avec peu de cousins et que tout le monde n'a pas forcément la même richesse familiale. L’expérience des camps, de vivre en communauté en dehors de chez eux c’est une chance incroyable notamment pour ceux qui n’ont pas l'opportunité de partir souvent. Car il faut le dire mais on a aussi des jeunes de tous les milieux sociaux.
SL : Vous dites ça pour casser les idées reçues ? Et particulièrement celle que les Scouts Unitaires de France seraient issues de milieux favorisés ?
FB : Oui car en pensant ça on se trompe totalement ! Parlons un peu d’argent. Un camp scout sur une semaine c’est 80€. Alors pour une activité qui est censé concerné des milieux favorisés je pense qu’il est difficile de trouver moins cher pour occuper son fils ou sa fille, avec des activités incroyables.
SL : Les jeunes font quoi pendant les camps ?
FB : Le moment qu’ils préfèrent c’est le montage du camp de toutes les installations. Mais toute la pédagogie est basée ensuite sur le jeu car la meilleure façon de faire passer des messages c’est de jouer tous ensemble, dans le respect, en étant fairplay, en prenant soin des autres.. C’est à chaque fois l’occasion de transmettre les valeurs du scoutisme. Par exemple il y a des concours de cuisine, ou d’autres activités. Les enfants peuvent décrocher des badges qui valident des compétences et que les enfants inscrivent dans un petit carnet. Certains vont préférés être liturgistes car nous sommes une association catholique et que notre rapport à Dieu est fondamental, mais d’autres se sentent plus bricoleurs.. L’idée est de pousser les jeunes à s’épanouir en développant leurs talents.
Pour adhérer au scoutisme il faut avoir cette fibre chrétienne. Ou avoir envie de s'engager sur le chemin du baptême
SL : Être une association catholique, qu’est ce que cela veut dire dans votre fonctionnement ?
FB : Chaque unité est composée de deux chefs de groupe, donc Alix mon épouse et moi-même, pour une mission de 3 ans sur le Puy mais aussi d’un aumônier qui est le Père Pierre Besson qui fait un travail incroyable à nos côtés. Et, effectivement, pour adhérer au scoutisme il faut avoir cette fibre catholique ou l'intention de la développer. Si le jeune n'est pas baptisé, il faut avoir cette envie d’aller sur le chemin du baptême. Concrètement, on propose des moments d'enseignement, des prières, des confessions, des adorations. Et pour la communauté des aînés, qui rassemble tous les chefs, on les reçoit avec mon épouse à peu près une fois par mois et on leur propose des enseignements un peu plus poussés.
SL : A quoi s’engagent les parents et les enfants qui se lancent dans le scoutisme ?
FB : A venir, généralement une fois par mois ou toutes les 3 semaines. C’est le week-end et le mot engagement est très important pour nous. On est pas dans une salle de sport où on paye une adhésion et on vient quand on veut. Il y a beaucoup de bénévoles, des jeunes et des adultes, qui prennent du temps pour tout organiser et encadrer les petits. Donc être SUF c’est déjà se lever et honorer l’engagement que l’on prend. Après, en fonction des âges, ils se retrouvent en petits groupes et pour des grands weekend, souvent au début et à la fin de l’année. L’idée est de se voir régulièrement pour nourrir cette vie de groupe et de continuer à partager cette joie.


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