Les catholiques français votent de plus en plus à droite

C’est une enquête réalisée sur un échantillon important de 10 000 personnes dans le but “d’avoir une assez fine représentation des résultats selon la religion des personnes interrogées, notamment près de 1 000 catholiques pratiquants”, précise Paul Cébille. Premiers enseignements de cette étude : des estimations très polarisées pour la prochaine élection présidentielle de 2027. “De manière générale, les catholiques votent majoritairement à droite.”

L’électorat catholique s’est en effet droitisé depuis une dizaine d’années. Ils sont désormais 36% à voter pour le Rassemblement National, contre 20% seulement en 2012. Une tendance générale que l’on constate aussi dans la société. “Le RN progresse d’élection en élection et les catholiques ne font pas exception à ce constat. Ce qui est plus particulier c’est que cette proportion était plus retenue par le passé du fait des valeurs de justice et d'ouverture vers l’autre du catholicisme, et évidemment par le message de l'Institution contre les discours de repli” explique Paul Cébille. 

Aujourd’hui, les catholiques en France sont devenus minoritaires, ils ne représentent plus que 10% de la population, un statut qui accentue le sentiment de menace. “On le remarque à travers l’augmentation des dégradations d’églises et les atteintes à l’expression religieuse catholique de plus en plus importantes“ ajoute Paul Cébille. Des résultats qui ne permettent pas en revanche d’apporter des précisions quant aux intentions de vote des chrétiens orthodoxes ou protestants. 

Un catholicisme de gauche plus minoritaire 

L'électorat catholique traditionnellement plus à gauche s’est déplacé vers la droite depuis 2012 ; 35,5% de cette catégorie votait alors à gauche, ils ne sont plus que 23% en 2025. Pour Paul Cébille, là encore, “le contexte et le déplacement de certains enjeux, notamment liés aux attentats terroristes est à prendre en compte. De plus, il y a la menace, qui peut être ressentie comme telle, d’une religion nouvelle qui se développe beaucoup et est aussi visible.” Paul Cébille fait ici référence aux nombreux débats sur le port du voile ou de la burqa qui ont marqué l'actualité ces dernières années. 

Par ailleurs, ce statut devenu minoritaire du catholicisme “crée un risque identitaire chez les catholiques pratiquants” selon le rédacteur en chef, qui se traduit par “le développement d’un catholicisme plus revendicatif”.

“⅕ des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se déclarent musulmans”
 

Quant aux musulmans, ils votent majoritairement en faveur de la gauche. “⅕ des électeurs de Jean-Luc Mélenchon se déclarent musulmans”. Une tendance qui se confirme sur les dix dernières années, bien que lors de l’étude les répondants de cette confession n’étaient que 400 sur les 10 000 au total. “Contrairement aux catholiques, il n’ y a pas de différence selon la catégorie sociale” précise Paul Cébille. “Les catholiques plus aisés ont tendance à voter pour le centre, alors que les catholiques qui le sont moins votent plus en faveur du RN. Chez les musulmans, le vote ne dépend pas de la classe sociale”.

Un glissement vers la droite parmi les électeurs juifs ? 
 

Concernant le vote juif, “il a beaucoup évolué depuis les années 1980, période à laquelle les Juifs se tournaient majoritairement à gauche, pour François Mitterrand. Un glissement vers la droite s’est opéré depuis le quinquennat de Nicolas Sarkozy (2007-2012)”. Aujourd’hui, pour la première fois, le Rassemblement National arrive en tête parmi les électeurs juifs. Une constatation à confirmer pour les prochaines élections car seul 1% des répondants à cette enquête sont de confession juive. “Le phénomène est assez nouveau, mais il peut s’analyser au regard du contexte géopolitique actuel, notamment les différents attentats et actes antisémites recensés“ ajoute le rédacteur en chef de l’observatoire statistique Hexagone. 
 

Pour finir, les électeurs athées ou sans religion sont davantage représentés à gauche et chez Les Verts. Pour Paul Cébille, “ce sont des résultats assez intuitifs par rapport au positionnement de la gauche, opposé aux religions de manière générale et qui promeut une vision de la laïcité antireligieuse”. Toutefois, la moitié de l’électorat potentiel de Fabien Roussel (PCF) ou de Raphaël Glucksmann (Place publique) se déclare catholique.