Poumon de la Méditerranée, la posidonie a trouvé un second souffle
Sur le déclin pendant plusieurs décennies, les herbiers de posidonie regagnent désormais du terrain en Méditerrané grâce, selon l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée et Corse, aux actions de préservation et de dépollution menées ces dernières années.
Les herbiers de posidonie regagnent du terrain en Méditerranée. Photo TSCe qu'il faut retenir :
- 75 % de l'herbier est aujourd'hui en bonne santé
- Afin de poursuivre ces efforts, l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée et Corse prévoit d'investir 100 millions d'euros par an
- Plus de 9 000 reprises d'herbiers de posidonie ont été observées dans la rade de Marseille
Les touristes la confondent souvent avec une algue lorsqu'elle s'échoue sur les rivages. Mais la posidonie est bien une plante, indispensable à la bonne santé de la Méditerranée. Si les herbiers que forme cette dernière ont longtemps perdu du terrain "à cause de la pollution engendrée par les eaux usées, les aménagements côtiers ou la montée en puissance du yachting", le phénomène semble aujourd'hui s'inverser.
"Nous observons en effet une nette reconquête sur les dernières années de suivie", commente Pierre Boissery, en charge de l'expertise pour la mer et le littoral méditerranéen au sein de l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée et Corse.
Zone de mouillage et station d'épuration
Résultat des actions menées depuis plusieurs décennies pour améliorer le traitement des eaux usées par les stations d'épuration ou éviter la destruction de ces forêts sous-marines par les ancres de navire à travers la mise en place de Zmel, des zones de mouillage d'équipement léger, dans lesquelles les bateaux peuvent s'amarrer à des bouées. On en compte 56 aujourd'hui sur la façade méditerranéenne.
Il existe aussi de nombreux secteurs dans lesquels on peut mouiller son ancre sans détruire les habitats. Il suffit parfois de se déplacer d'une dizaine ou d'une centaine de mètres pour mouiller sur du sable. Personne ne serait d'accord de couper 3 arbres pour garer sa voiture pour se balader en forêt. C'est ce que l'on avait accepté en mer
75 % de l'herbier est en bonne santé
"Maintenant que l'on fait attention à ne plus l'abîmer, on essaie de replanter de la posidonie dans des secteurs où elle a été altérée", poursuit Pierre Boissery. Elle peut également repousser de façon spontanée. Dans la rade de Marseille par exemple, plus de 9 000 reprises d’îlots ont été observées. Selon l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée et Corse, 75 % de l'herbier est aujourd'hui en bonne santé. Deux zones demeurent en mauvais état près de Villefranche-sur-Mer, dans les Alpes-Maritimes et Porto-Vecchio, en Corse. Des zones dans lesquelles aucune progression n'a été constatée.
100 millions d'euros par an
Afin de poursuivre ses efforts, l'Agence de l'Eau Rhône Méditerranée et Corse prévoit d'investir 100 millions d'euros par an dans pour le littoral et la mer dans le cadre de son 12e programme d’interventions 2025-2030.
Ce dernier comporte 3 volets. Le premier sur la lutte contre la pollution. "Si nous avons beaucoup œuvré sur les eaux usées, nous avons un enjeu, qui n'est pas nouveau mais en terme de problématique publique qui est assez récent, à savoir les apports par temps de pluie. On travaille pour pouvoir les récupérer et si possible les traiter pour éviter qu'elles ne ruissellent chargées de contaminants et de polluants directement dans la mer". Le deuxième axe concerne la non dégradation, autrement dit le fait de ne pas abîmer le milieu naturel. Le troisième porte sur la restauration écologique.
Réchauffement climatique
Malgré ces résultats positifs, des questions se posent encore. Notamment sur les possibles effets du changement climatique. "Jusqu'à présent, nous n'avons pas contesté de mortalité d'herbier liée à l'augmentation de la température. Il faut préciser que souvent nous parlons de température de surface, qui a par exemple été très chaude en début d'été. Elle ne l'était pas tant que cela à 10 ou 15 mètres de profondeur, là où on peut trouver des herbiers", explique Pierre Boissery. "Certains scientifiques évoquent le fait qu'une hausse des températures soit même plutôt favorable à leur repousse. Vous voyez qu'il reste encore des questions techniques et scientifiques pour lesquelles nous n'avons pas la réponse. Ce qui est certain c'est que plus ils seront en bonne santé plus ils seront résilients demain s'ils doivent faire face aux effets du changement climatique".
