Plus chaud que le climat

Chaque vendredi des lycéens et des étudiants manifestent pour le climat. Et c'est une photo de cette manifestation devant le ministère de l'écologie que vous avez retenu. 
 
Vous savez, Stéphanie, combien on aime à Phosphore les jeunes qui se bougent, qui s’engagent. Et sur cette image, on est servi, ce sont des dizaines de lycéens qui sont assis au premier plan, avec des hauts parleurs, des pancartes en carton. Derrière eux, d’autres jeunes sont debout. Une jeune fille blonde tient une pancarte "halte au massacre". Une autre, brune avec un pull autour de la taille, tient un dessin : un sablier où à la place du sable, c’est la Terre qui semble fondre. Un garçon se tient aussi débonnaire en jogging Adidas. Une fille, avec un foulard de scout brandit un slogan "l’écologie avant l’économie". C’est « Chercher Charlie », on passe de visage en visage, on découvre toutes les facettes de cette jeunesse qui interpelle les adultes, qui les presse d’agir pour le climat. Tous se tiennent d’ailleurs devant une double porte majestueuse, celle du ministère de l’écologie à Paris – qui incarne à la perfection le monde de l’institutionnel, des responsabilités, du pouvoir politique.

Il y a aussi une pancarte enorme, un slogan qui saute aux yeux et dont vous ne parlez pas. En lettres colorées "De Rugy Macron agissez pour le climat".
 
Ah oui, je n’en parle pas, car ça m’agace… Cet homme caché sous une capuche de jeune, c’est un récidiviste. C’est Jean-Baptiste Reddé, dit Voltuan. C’est un homme de 61 ans, qui est de TOUTES les manifs. Il se présente comme un « activiste international ». Et depuis les grèves de 1995 – ça date ! - il est de toutes les révoltes. Il a posté 45000 photos et vidéos de lui sur son compte Twitter. Rien que cette semaine, il a réussi à apparaître sur les photos de la place de la République à Paris, brandissant en lettres colorées "tous unis contre l'antisémitisme et le racisme".

Il a brandit une pancarte « barbouzes à l'elysée, macrongate » quand le Sénat a rendu son rapport sur Alexandre Benalla. On le voit avec une affiche « peuple exploité debout avec les gilets jaunes » lors des manifestations du samedi, « soutenons mediapart, medias libres » lors de la tentative de perquisition de la rédaction. Il manifeste pour Notre Dame des Landes, contre le débat télévisé de Marlène Schiappa et Cyril Hanouna, pour l'allocation de adultes handicapés, pour la suppression du  Sénat, contre les paradis fiscaux. C’est l’auberge espagnole. Il est sur toutes les photos car il connaît les tics des journaux. Il se glisse dans le champ, et sait rendre sa pancarte photogénique : bien blanche, avec des lettres bien dessinées, de couleurs différentes, pour donner un peu de vie à des photos de manifs monotones.
 
Et à 61 ans il se glisse dans les manifestations d'étudiants ?

Bah oui, il est prêt à éclipser les autres pour une action devenue très égocentrique. On espère qu’à midi, les photographes sauront l’éviter. Et photographier Greta Thunberg, la jeune Suédoise de 16 ans, qui sera à Paris, place de la République, à la rencontre des jeunes Français. C’est elle qui a lancé ce beau mouvement en passant l’été assise devant le parlement de son pays, la Suède. Depuis la rentrée, elle ne manifeste que le vendredi. Mais elle n’est plus seule ! A sa suite, les Belges, les Australiens, les Allemands, et maintenant les Français. Des jeunes du monde entier appellent à un réveil des consciences. C’est une raison magnifique d’espérer. D’avoir de belles photos. Mais surtout en un monde qui s’engagerait enfin dans la transition écologique.