Plan Bayrou : un "Elon Musk à la française" serait nécessaire, selon Denis Jacquet
Après l'annonce du plan de François Bayrou pour le budget 2026, une grogne s'élève, de la part du patronat, des syndicats et de l'opposition. Un abandon des mesures annoncées est réclamé par une intersyndicale, notamment la suppression de deux jours fériés. Pour Denis Jacquet, diplômé d'HEC, entrepreneur et conférencier, il faudrait une remise à plat des dépenses publiques.
François Bayrou à l'Elysée après le Conseil des ministres le 16 juillet © Hans Lucas / Magali CohenAvec la suppression de deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8-Mai, François Bayrou espère un gain de 4,2 milliards d'euros. Face à cette mesure, les organisations patronales expriment une inquiétude quant à la contribution qui serait demandée aux entreprises en contrepartie.
En dépit de ce mécontentement général, le Premier ministre s'est donné "deux mois" pour mettre un point final à ce plan de rigueur budgétaire, sur lequel les oppositions menacent de censurer son gouvernement.
Une "impuissance politique"
Denis Jacquet, vivant actuellement aux Etats-Unis, porte un regard critique sur la situation politique en France. "Je pense que de façon globale, hors cette situation extrême d'instabilité politique, personne n'aurait appelé François Bayrou comme Premier ministre", estime-t-il.
Il ajoute : "On est dans une impuissance politique totale, une impuissance n'a jamais permis de créer la vie, ça se saurait".
Le diplômé d'HEC pointe également une "irresponsabilité totale", tant du côté du patronat que de la classe politique. "Chacun va s'attacher à préserver des dépenses qui considèrent comme essentielles, et forcément chacun considère que ce budget est inacceptable", estime-t-il.
Un "musée des horreurs"
Les syndicats qualifient le plan Bayrou de "musée des horreurs". Sur cette remarque, Denis Jacquet commente : "Effectivement, quand on est obligé de faire des sacrifices, c'est toujours une horreur pour celui qui le fait, mais tout le monde a besoin de le faire".
L'entrepreneur juge "super courageux" que le Premier ministre et son entourage posent la question de la durée et de la valeur du travail. Il juge qu'on a "tué la valeur travail" depuis la présidence de François Mitterrand (1981-1995). L'invité de Louis Daufresne avance que 32% des cadres en retraite anticipée tombent malades après leur départ.
Des réserves sont émises sur le non-remplacement d'un fonctionnaire sur trois partant à la retraite. "On nous l'a déjà fait", affirme celui qui est aussi conférencier. Il ajoute : "On nous avait promis 150 000 fonctionnaires en moins, on a réussi péniblement à en enlever 5 000. Aujourd'hui, il faut reprendre du Claude Allègre, il faut dégraisser le mammouth (en référence à une phrase de l'homme politique en 1997, alors ministre de l'Education nationale, ndlr). Toutes ces agences de l'Etat dont on parle, il faut vraiment les supprimer pour la plupart".
Un Elon Musk à la française
Pour lui, il faut créer un "Elon Musk version française" avec une remise à zéro des finances publiques, notamment dans les dépenses sociales, pour "tout reconstruire avec une vraie stratégie". L'entrepreneur reconnait que vue de France, la politique mise en place par Donald Trump et Elon Musk parait brutale, "mais d'ici quelques années, on verra que cela aurait eu un véritable intérêt", considère-t-il.
Denis Jacquet fait la comparaison avec le Titanic : "On peut dire oui, on a réussi à fermer une pompe et puis un compartiment. Le navire, il continue à couler. Donc ça sert à rien. Ou on bloque tout, ou on bloque rien".
L'entrepreneur pointe du doigt les collectivités territoriales, estimant qu'il ne faut pas parler uniquement de l'Etat. D'après lui, "c'est ce qui coûte le plus cher à la France", suivi du budget de santé. "Ce sont des budgets qui ont pratiquement doublé sur les vingt dernières années et qui sont responsables à eux seuls de l'essentiel du déficit public aujourd'hui".


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