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Pierre-Henri Chuet : "Top Gun a réussi à donner du fioul à plusieurs générations de pilotes"

Pierre-Henri Chuet : "Top Gun a réussi à donner du fioul à plusieurs générations de pilotes"

Un article rédigé par Jean-Baptiste Le Roux - RCF, le 24 mai 2022  -  Modifié le 24 mai 2022
Journal RCF Pierre-Henri Chuet : "Top Gun a réussi à donner du fioul à plusieurs générations de pilotes"

Dans Top Gun Maverick, Tom Cruise enfile une nouvelle fois sa combinaison de pilote de chasse. Une suite très attendue d’un premier opus qui a marqué plusieurs générations de pilote de chasse. L’ancien pilote de l’Aéronavale, Pierre-Henri Chuet en fait partie. Décryptage du film qui a secoué la Croisette, à Cannes.

Capture d'écran YouTube Pierre-Henri Chuet Capture d'écran YouTube Pierre-Henri Chuet

Ce qu’on voit à l’image : les catapultages, les appontages, tout cela a l’air très réaliste. Est-ce que c’est vraiment ce qui se passe sur un porte-avions ?

 

Cela a l’air très réaliste car ce sont de vraies images. Ils ont pu mettre leurs acteurs à l’arrière des F18 Super Hornet biplace. Cela ressemble vraiment à ça. Forcément, il y a ce côté hollywoodien. On voit la partie sympa. Ça passe rapidement sur la partie préparation et autres, mais cela permet de se faire une très bonne idée de ce qu’est la réalité.

 

On parle de la partie en vol. Mais il ne faut pas oublier tout le volet préparation d’une mission…

 

Exactement. 90% du succès de la mission est dans la préparation. Une chose que l’on voit un petit peu dans le premier Top Gun. Chose que l’on voit un petit peu dans Top Gun Maverick mais dans une moindre mesure. Ce sont des vols complexes. Ce sont des journées de préparation. C’est un peu moins vendeur. Mais pour ce qui est de la partie opérationnelle, le film en donne une bonne idée.

 

La mission qui est envisagée dans le film est-elle réaliste ? Cela sonne un peu "Mission impossible"…

 

C’est intéressant car avec les capacités modernes, vous avez plein de choix. Beaucoup plus de choix qu’en 1986 lorsqu’ils ont fait le premier Top Gun. Dans le premier Top Gun, on est sur de la défense aérienne. On fait décoller des avions pour protéger le porte-avions. La plupart des combats sont rapprochés. Dans Top Gun Maverick, on est sur de l’assaut, de l’Air Interdiction. On prend des avions pour les faire pénétrer en territoire ennemi, et frapper.

 

Et là le choix du F18 Super Hornet n’est pas forcément ce que la technologie actuelle nous offre de mieux, surtout pour l’US Navy. Vous avez des missiles de croisière, des drones, des avions furtifs comme le F35, mais qui sont monoplaces. Ce n’est pas forcément avec le F18 que les Américains iraient faire ce genre de mission. Si c’était l’armée française, dans ce cadre-là, on enverrait peut-être des Rafale…

 

Vous avez été pilote de l’Aéronavale sur Super Etendard et sur Rafale. Ce film Top Gun vous a-t-il donné envie de voler ? Cela fait partie du mythe ?

 

Complètement. Cela entretient un mythe. Vous avez des pilotes dans l’Armée de l’Air. La spécificité de Top Gun, c’est que ce n’est pas l’Armée de l’Air. Ce sont des officiers de marine et donc des marins. Ce sont d’abord des militaires, puis des officiers, après des marins et enfin des pilotes de l’Aéronavale. Avec le monde maritime, le porte-avions, viennent énormément de contraintes. Le métier de marin du ciel est très particulier. Cela demande beaucoup de sacrifices, même sur le plan familial. Et in fine, beaucoup de motivation. C’est absolument génial d’avoir un film comme Top Gun qui aide à nourrir cette motivation. S’il y a bien une chose que Top Gun a réussi à faire, c’est donner du fioul à plusieurs générations de pilotes…

 

Rappelez-nous : quelle est la longueur sur le Charles-de-Gaulles pour apponter ? 

 

En gros, ce sont deux terrains de tennis. Il n’y a pas trop (rires) ! C’est petit. On recherche une extrême précision pour apponter de jour comme de nuit. Dans la Marine française, nous n’avons pas d’appontage automatique comme les Américains. Donc chaque appontage est une remise en question, et un défi. On est seulement aussi bon que sa prochaine passe d’appontage. C’est un combat contre soi-même, au quotidien, même quand il n’y a pas d’adversaire.

Pour retrouver la chaîne YouTube de Pierre-Henri Chuet (ATE), c'est par ici.

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©RCF
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
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