“Personne ne sait ce que signifie la laïcité”, affirme le philosophe Jean-Luc Marion
Il y a 120 ans, la loi de séparation entre les Eglises et l’Etat a été adoptée. Elle fonde la République laïque et met fin au régime concordataire jusqu'alors en place. Jean-Luc Marion, philosophe et membre de l'Académie française, présente la laïcité comme un outil dont disposent les catholiques pour œuvrer à l’unité.
Place de la République, Paris ® Quentin de Groeve, Hans LucasEmmanuel Macron s’est exprimé dans une courte vidéo publiée sur ses réseaux sociaux pour célébrer le 120e anniversaire de la loi 1905. Défendant l’importance de la laïcité, il affirme que la "foi n’est pas au-dessus de la loi". Il ajoute que le texte de 1905 permet de conserver "la liberté de penser, d’exprimer ce que nous voulons, la liberté de croire comme celle de ne pas croire".
Le contexte historique
La loi de séparation des Églises et de l'État de 1905, promulguée sous le mandat d'Aristide Briand, marque un tournant dans l'histoire française en affirmant le principe fondamental de la laïcité. Cette législation, bien que n’utilisant jamais explicitement le terme "laïcité", établit la notion qu'aucune religion n'est soutenue par l'État. Selon Jean-Luc Marion, "la laïcité ne date pas de 1905 mais remonte à l'édit de Nantes". Le concept de laïcité, souvent mal compris à l'étranger, permet au philosophe d’affirmer la primauté de la France "à admettre la coexistence de plusieurs religions". Cela s’illustre notamment par la Réforme protestante au XVIe siècle.
La France n'a jamais été un pays intégralement chrétien, mais l'identité française a toujours été marquée par le catholicisme.
Le regain d'intérêt actuel pour la laïcité, est surtout influencé par "la visibilité de l'islam". Cela engendre une reconsidération des pratiques religieuses dans l'espace public et provoque des débats sur la place de la religion dans la société. "Il n'y a aucun moment dans l'histoire de France où le catholicisme n'a pas été central dans l'identité française", estime Jean-Luc Marion.
La nécessité d'une "saine laïcité"
"Le rôle des chrétiens est de rendre possible la coexistence des communautés". C’est ce qu’affirme Jean-Luc Marion, prenant notamment pour exemple le peuple libanais. Selon lui, les catholiques étant par définition "universels", ils ne sont "d’aucun parti politique". Au Liban, différentes communautés musulmanes sont parfois obligées de faire appel à des chrétiens pour réussir à communiquer entre elles. De telles situations illustrent "la cohésion entre les chrétiens et les musulmans".
L'intérêt des catholiques, c'est la promotion de l'unité.
Pour que la devise de la République française, "liberté, égalité, fraternité" soit une réalité, "l’Etat et la société civile ne suffisent pas". Selon Jean-Luc Marion, "l’esprit de communion est indispensable" et peut être amené par les catholiques, "s’ils travaillent à la fraternité dans la société". Loin d’être du prosélytisme, ce serait un moyen pour les catholiques de "vivre ce qu’ils ont à vivre, sans promouvoir leur doctrine".


Chaque matin, Pierre-Hugues Dubois reçoit une personnalité au cœur de l’actualité nationale ou internationale. Décryptage singulier de notre monde et de ses enjeux, mais aussi découverte d’un parcours, d’un engagement. Au cœur de la grande session d’information du matin, une rencontre quotidienne pour prendre de la hauteur avec bienveillance et pour donner du sens à l’information.




