Pénurie de logements étudiants : ils vivent dans une maison de retraite
Face au manque de logements étudiants à Angers, la maison de retraite Roger-Salmon leur loue des chambres inoccupées depuis 2018. Il y en avait douze cette année, et elles ont toutes trouvé preneur. Reportage.
Face à la pénurie de logements à Angers, une maison de retraite héberge des étudiants. Cela fait déjà trois ans que la résidence Roger-Salmon, rue des Ponts-de-Cé, loue des chambres à des jeunes. Elle en proposait douze cette année, et elles ont toutes trouvé preneur.
Des chambres inoccupées
Construit dans les années 1970, ce foyer-logement de 112 places est en rénovation pour être mis aux normes. « L’accueil de personnes âgées dans des chambres de 15 m² n’est plus adapté, explique Carole Mathieu, son ancienne directrice. Elles ne sont pas dotées de douches adaptées, etc. »
Aujourd’hui, une quarantaine de chambres sont donc fermées. « Cela nous a permis de dégager douze chambres cette année pour héberger des étudiants. On les a rénovées, repeintes et meublées pour accueillir ces jeunes », précise l'ex-directrice.
320 euros de loyer
Une aubaine pour Maxime Marcel, accepté mi-septembre dans son master de psychologie à l’Université catholique de l’Ouest (UCO). Impossible de trouver un studio à Angers. Il a donc loué une chambre dans cette maison de retraite, à dix minutes à pied de l’UCO.
« On est quand même très autonomes, apprécie-t-il. On a la clé de l’entrée de l’immeuble, donc on rentre et on sort quand on veut. Evidemment, il ne faut pas faire trop de bruit et il faut porter le masque, puisque ce sont des personnes âgées. » Il faut aussi avoir le passe sanitaire.
« La cohabitation se passe très bien, se félicite le jeune homme. Les personnes âgées sont plutôt calmes la nuit, sauf quand il y a des crises mais bon, on a le numéro de l’infirmière de garde donc s’il y a un problème, on peut l’appeler et c’est réglé. »
Douche et cuisine partagées
Il paie 320 euros par mois, charges comprises, pour une chambre dont le balcon donne sur un parc. Seule contrainte : il partage la douche et la cuisine, à l’étage d’en-dessous, avec d’autres étudiants. Un moindre mal pour sa voisine Camille Grondin, qui vit là depuis janvier 2021.
« Le premier appartement que j’avais trouvé, c’était 15 m², cuisine et salle de bain comprise, et sous les combles, donc c’était très petit et pas du tout lumineux, se souvient cette étudiante de l’UCO. Finalement, je préfère vivre avec des personnes âgées plutôt que d’être enfermée dans un appartement minuscule. »
Une cohabitation sereine
De leur côté, les 70 résidents se sont habitués à croiser des étudiants dans les couloirs ou l’ascenseur. « On les rencontre de temps en temps, ils nous disent un petit bonjour gentiment, raconte Colette Leroy, 82 ans. Ils sont calmes, ils ne font pas de bruit, c’est impeccable. »
La direction espère que cette cohabitation débouche sur des échanges entre les jeunes et les anciens, autour d’un livre ou d’un jeu de société. Des temps de partage étaient prévus initialement, mais le Covid-19 y a mis un coup d’arrêt.
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