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Pauvreté: "on se bat au quotidien pour ne pas sombrer" explique Maria Théron

RCF,  - Modifié le 18 octobre 2019
On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale du refus de la misère, une journée née en 1987 à l’initiative du fondateur d’ATD Quart Monde, le père Joseph Wresinsky.
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Cette journée a été officialisée par l’ONU en 1992. Cette édition est placée sous le signe de l’enfance. Maria Théron est militante du mouvement l’ONG ATD Quart Monde. La pauvreté, elle connaît. Ella grandi dans une famille pauvre. Elle fait partie de ceux et celles qui osent prendre la parole et agir pour en finir avec la grande pauvreté. Avec ATD, elle a fait partie pendant deux ans du Conseil national de lutte contre la pauvreté et l’exclusion.
 

"On est resté soudé malgré notre misère"

Être pauvre quand on est enfant, "c’est de la torture intérieure. On est face à un père absent ou à une maman qui travaille 14h par jour. On ne veut pas rajouter le mal au mal. On n’essaie de ne pas lui montrer qu’on a capté ce que l’on vit. On fait comme si de rien n’était. On n’est pas comme les autres enfants. Nos habits sentent le fioul quand on arrive à l’école. On se fait rabaisser sans cesse. On commence à être exclu très tôt. Il n’y a pas de Noël".

En dépit de cela, Maria Théron admet avoir eu une enfance heureuse. "On avait une maman qui se privait pour nous. On est resté soudés, malgré notre petite misère. Il y avait beaucoup d’amour, d’attention les uns envers les autres" lance-t-elle, expliquant tout de même avoir vécu avec la peur permanente d’être placé. "Quand il y avait un petit accident à domicile, on essayait de le cacher pour ne pas qu’on nous enlève à notre maman" lance-t-elle.
 

"On n'est pas à l'abir de tout perdre"

Maria Théron devient maman à l’âge de 17 ans. Le père est militaire. Ensemble, ils auront trois enfants. Elle va alors tout faire pour faire ne pas calquer sur eux le schéma de son enfance. "Quand il y avait des problèmes financiers à la maison, on n’en parlait pas devant eux. On avait cette force là. Mes enfants ont eu des Noëls, des anniversaires" témoigne-t-elle, déclarant avec fierté avoir pris "une revanche sur la vie" car ses enfants n’ont jamais connu la pauvreté.

Il y a neuf ans pourtant, nouveau basculement. Maria Théron se sépare de son compagnon. Débutent alors trois années de galère, sans avoir de logement propre. "Je suis hébergé chez des amis. Je me suis dit que tout recommençait. On se bat au quotidien pour ne pas sombrer. Les amis m’ont aidé à tenir, tout comme ATD Quart Monde" explique-t-elle. Aujourd’hui, sa vie reste fragile : il est difficile pour elle de partir en vacances, de faire des activités, et de manger à sa faim. "On n’est pas à l’abri de toute perdre" conclut-elle.

 

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