Patrizio Fiorilli : « Sauver Hitler », un dilemme moral

Patrizio Fiorilli a grandi dans un coin tranquille de Bruxelles, au cœur d’une famille modeste, « pas riche mais on ne s’en rend pas compte quand on est enfant », confie-t-il. Le quartier, rural, rythmé par les parties de foot, les virées à vélo, les cabanes bricolées dans les bois, forge une enfance simple et joyeuse. 

À l’école, Patrizio n’a jamais été un élève brillant. « Moyenne basse », dit-il sans détour, autant en primaire qu’en secondaire. Les études ne sont pas une passion. À la fin du secondaire, il entame des études de professeur, sans réelle conviction, dont il sera malheureusement viré après une année. Puis un jour, par pur hasard, il tombe sur une brochure qui recense les cursus disponibles en Belgique. Une description attire son regard : les études de journalisme. Il y va sans grande ambition. Ce sera son premier virage.

Un coup de poker qui le mène à la BBC

Les tournants, chez Patrizio Fiorilli, arrivent souvent par surprise. Lors de sa dernière année en journalisme, il tombe sur une offre de bourse pour aller étudier aux États-Unis. Il hésite et hésite encore… puis la chance lui passe sous le nez. Cette nonchalance sera un déclic. Il se promet alors de ne plus jamais laisser passer une opportunité. Le lendemain, il aperçoit une affiche de la BBC sur un panneau de son école. Cette fois, il envoie une lettre. Quelques mois plus tard, la réponse tombe : un concours d’entrée est organisé, il est invité à y participer. Il termine deuxième. Pas retenu, d’abord. Mais la chance veille encore. Un poste se libère finalement et il intègre la rédaction.

Il y restera douze ans. Douze années intenses où il forge sa rigueur, son style, sa manière de poser les bonnes questions. Le journalisme devient un outil pour comprendre le monde, mais aussi pour observer ses failles.

De la BBC à la plume : écrire l’histoire autrement

Aujourd’hui, Patrizio Fiorilli n’est plus journaliste. Il est communicant mais aussi et surtout écrivain. Avec ses livres : La mort des Gaules, Au commencement était le mal, et désormais Sauver Hitler – il donne libre cours à ses deux grandes passions : la littérature et l’histoire. Il y joue avec les faits et avec des questions que l’on se pose rarement. Pour lui, la littérature historique n’est pas un refuge : c’est un miroir. Elle permet de tendre un reflet à notre époque, de provoquer la réflexion sans avoir besoin de la forcer.

Un « micro-roman » pour un dilemme immense

Sauver Hitler est un micro-roman. Par la taille, pas par la portée. Tout commence dans les montagnes autrichiennes, en 1982. Deux frères, Sam et Jo, sont piégés par une avalanche. Sauvés in extremis, ils se retrouvent « magiquement » propulsés en 1936, en plein cœur de l’Allemagne nazie au sein d’un village dans lequel Adolf Hitler est amené à passer. Le voyage temporel n’est pas ici un gadget narratif. Il sert à poser une question vertigineuse : si vous aviez la possibilité d’assassiner Hitler avant qu’il ne devienne le tyran que l’on connaît… le feriez-vous ? Mais ce que Fiorilli propose n’est pas une aventure de science-fiction, ni un récit de super-héros. C’est un dilemme moral. Est-ce que supprimer un mal ne risque pas de libérer un mal pire encore ? 

On peut résumer ce roman à une seule phrase : et toi, à sa place, qu’aurais-tu fait ?