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Patient

RCF,  -  Modifié le 10 février 2020
C’est un fait : quel que soit notre tempérament, nous avons tous été patients, sauf cas presque miraculeux.
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Entendons qu’on ne passe pas une vie sans avoir été à un moment ou à un autre affecté par une maladie si petite soit-elle. Cela étant, nous allons constater que derrière ce mot se cache parfois des choses atroces…

En effet, mais je vais commencer par vous lire une définition, celle en vigueur sous Louis XIV et offerte par Richelet en 1680 : « Patient. Celui qui est condamné à mort & qu’on va exécuter » définition suivie par cet exemple : « On est curieux de voir passer les patients. » Voilà qui surprend, pour le moins ! On n’a pas du tout envie d’être ce type de patient ! Quant à l’exemple, il a quelque chose de sadique, voire d’indécent.

Même si la suite de l’article reflète de la compassion : « Le Confesseur ou le Ministre de l’Église n’abandonne point le patient ». Non sans encore nous effrayer avec un dernier exemple : « Exhorter un patient à mourir courageusement. » On l’a compris on ne se situe pas dans le cas du patient moderne qu’on veut au contraire guérir. C’est qu’effectivement, le patient d’alors était un justiciable, condamné à un supplice.

À vrai dire, ce premier sens transparaît dès lors qu’on réfléchit à l’origine du mot, en l’occurrence le verbe « pâtir » lui-même issu du latin pati, subir, endurer, si possible sans dire un mot. Et vient là l’autre sens du mot patient, la patience étant symbolisée par Job, donné comme modèle en la matière parce que ce personnage biblique sut endurer sans la moindre révolte l’épreuve à laquelle il avait été soumis : pauvreté complète, tout d’abord, puis mort de ses enfants et enfin altération douloureuse de sa santé. On ne s’étonne donc pas que Furetière associe aussi la patience à la « constance qui fait souffrir la douleur sans se plaindre ».

Eh bien il faut attendre le XXe siècle, et dans le Petit Larousse de 1905, le « patient » est encore le supplicié, puis celui traité par le chirurgien. Il faut attendre le millésime 1968 pour oublier définitivement ces sens et que ne soit retenue que la personne consultant un médecin. Encore un peu de temps Stéphanie et je rêve que le mot patient soit défini comme « quelqu’un qui a été malade et qui est guéri ». Patience, patience…

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