Parrainage des candidats aux présidentielles : comment ça marche ?
Depuis quelques jours, la course aux parrainages est lancée. Objectif : obtenir les 500 signatures qui permettent d'être officiellement candidat à l'élection présidentielle. Tractage, choix des élus, validation et publication... Comment ça marche ? Illustration dans le Morbihan.
Par mail, par téléphone... Depuis quelques jours, dans les permanences ou dans les mairies, les élus sont sollicités. La demande ? Un soutien en vue de l'élection présidentielle. Et le système n'est pas nouveau. Il date de 1962 et permet d'éviter la multiplication des candidatures.
Jusqu'à l'élection de 1974, il suffisait d'obtenir 100 parrainages... contre 500 aujourd'hui. Officiellement, les élus présentent un candidat à titre individuel et de façon autonome sans qu’il ne soit nécessaire que la personne présentée ait d’abord manifesté son intention de se porter candidate. Dans les faits, ce sont les "candidats à la candidature" qui sollicitent des signatures.
42 000 élus peuvent parrainer
En France, plus de 42 000 élus sont habilités à parrainer. Le dispositif concerne les députés, sénateurs, maires, élus régionaux et départementaux, les conseillers de Paris et de la métropole de Lyon... La procédure, placée sous le contrôle du Conseil constitutionnel est très codifiée. Pour éviter les candidatures liées à la défense d’intérêts purement locaux, la loi de 1962 prévoit une clause de représentativité nationale : les parrainages doivent émaner d’élus d’au moins 30 départements ou collectivités d’outre-mer différents, sans dépasser un dixième, soit 50 pour un même département ou une même collectivité.
Sur le terrain, la collecte mobilise candidats et militants. William Lajeanne, est co-porte parole Europe Ecologie les Verts Bretagne et référent parrainage dans les Côtes d'Armor. Les militants s'appuient sur leurs élus en poste pour approcher des confrères susceptibles d'apporter un parrainage au candidat Yannick Jadot. Si le militant reconnaît avoir plus de facilités cette année, grâce notamment à un plus grand nombre d'élus EELV, une difficulté perdure : «De nombreux maires préfèrent ne pas prendre position par peur d'être mis en difficulté au sein des conseils municipaux. » Un constat que William Lajeanne fait dans les petites municipalités non-encartées comme dans les grandes, où différentes formations politiques cohabitent. La publication des parrainages reste donc un frein pour certains élus.
Consultation publique
Si certains élus préfèrent s'abstenir, d'autres ont fait le choix de consulter leurs administrés. Dans le Morbihan, c'est le cas, par exemple, du maire de Guémené-sur-Scorff. « Au départ j'étais parti pour ne parrainer personne, explique René le Mouellec. Face au nombre de sollicitations que nous avons pour apporter notre parrainage parfois à des personnes que nous ne connaissons pas et dont nous ne connaissons pas les valeurs, face aussi à l'abstention grandissante, je me suis dis que je pouvais peut-être faire quelque chose pour susciter le débat. » Mais la question de la légalité de cette démarche se pose. La préfecture du Var a, par exemple, jugé la consultation de Sainte-Anastasie-sur-Issole illégale. Dans un communiqué de presse, elle s’appuie sur des articles du code général des collectivités territoriales pour expliquer qu’une consultation ne peut porter : « que sur une demande d’avis et que la mairie ne peut sélectionner son parrainage en fonction du choix des habitants.»
Sans retour de la Préfecture, le maire de Guémené-sur-Scorff ne prévoit pas d'annuler la consultation. Le 18 février, les habitants de sa commune seront amenés à choisir entre une dizaine de noms.
Fin des parrainages le 4 mars
Des élus donc, qui font le choix de ne pas se prononcer, d'autres de consulter la population et d'autres qui assument parfaitement leur choix. Yves Bleunven, le maire de Grand-Champ et Président de l'association des maires du Morbihan apporte son soutien au Président sortant, Emmanuel Macron. Pour lui la démarche reste essentielle. «Nous pouvons ne pas être d'accord mais selon moi, sans ce système, nous allons nous retrouver avec 150 candidats et pas forcément les plus intelligents. » Quant à la publication des parrainages : «Nous vivons dans un monde qui demande cette transparence. Il faut assumer. Celui qui ne veut pas parrainer n'est pas obligé de le faire.» Une chose est sûre, certains candidats ne manquent pas d'imagination pour convaincre : «A la mairie de Grand-Champ, nous avons reçu un paquet de chips produit dans la commune d'un candidat », s'amuse Yves Bleunven.
Les élus ont jusqu'au 4 mars 18 h pour envoyer leurs formulaires au Conseil Constitutionnel. La liste officielle des candidats qui auront validé au moins 500 parrainages sera publiée le 7 mars.
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