Paroisses des Pays de Savoie : comment accueillir tous les catéchumènes ?

Sonnya, habitante de Saint-Julien en Genevois, a vécu une expérience très forte dans un édifice religieux : "En rentrant dans une église, j'ai connu un espèce de moment de grâce absolue, en lisant une phrase de l'Evangile de saint Luc. J'ai senti comme un appel irrésistible et j'ai cherché à y répondre". Pour William, entrepreneur chambérien, c'est un ami qui a été le déclic de sa demande de baptême : "Il m'a demandé d'être le parrain de sa fille, en me glissant que ce serait mieux si j'étais baptisé. J'étais à un moment de ma vie et de ma quête spirituelle où je me rapprochais de manière assez franche de l'Eglise. Avec notamment l'envie de renouer avec les racines chrétiennes qui s'étaient perdues dans ma famille". 

La conversion, c'est toujours une histoire personnelle

Crise Covid, quête de sens dans un monde en crise, événement heureux ou malheureux de la vie relançant des questions existentielles, témoignage de catholiques décomplexés... Les facteurs pour expliquer la hausse actuelle du nombre de catéchumènes sont divers. Et souvent, plusieurs se retrouvent dans l'histoire de chaque catéchumène : "La conversion, c'est toujours une histoire personnelle ! Chaque catéchumène a un parcours propre, singulier" rappelle Roland Lacroix, théologien haut-savoyard, spécialiste du catéchuménat. "Leur point commun à tous, c'est qu'ils sentent un appel de Dieu et franchissent la porte de l'Eglise catholique pour répondre à leur demande spirituelle". 

Il faut savoir écouter, accompagner chacun à son rythme 

Et c'est ainsi que, dans les paroisses catholiques des Pays de Savoie comme en France, les communautés s'adaptent petit à petit à ce nombre croissant d'adultes en demande de sacrement. "Nous avons appelé des paroissiens à nous rejoindre pour accompagner les catéchumènes. Nous sollicitons en général des personnes qui sont suivi des formations. Mais il faut surtout qu'ils sachent écouter, accompagner chacun à son rythme" témoignent Anne-Marie et Laurent Bardou, en responsabilité à Cognin. Car les deux ans de préparation au sacrement ne sont pas toujours un long fleuve tranquille.  "Je pense autrement, je dis des choses que je ne disais pas. Une conversion, ça bouleverse! On a besoin de se rassurer soi-même et parfois nos proches, sur ce qu'il se passe dans nos vies" souligne Sonnya. "A un moment, j'ai pris un peu de distance. J'ai été voir du côté des Evangéliques. Mon accompagnateur et le curé ont su me laisser vivre mon chemin" témoigne Renaud. 

Arriver au baptême dans la vérité de sa vie, c'est être fidèle au Christ 

Autre mission chronophage des paroisses (et d'autant plus que le nombre de catéchumènes grimpe) : réclamer des actes de naissance et autres documents, pour remplir les futurs actes de catholicité. "Les accompagnateurs trouvent cette paperasse rébarbative, inutile... Mais pourtant, avoir des renseignements justes est nécessaire. Cela garantit l'exactitude des registres, cela permet à l'évêque de discerner. Et puis, arriver au baptême dans la vérité de sa vie, y compris administrativement, c'est être fidèle au Christ !" explique  Anne Trutta, responsable de la pastorale du catéchuménat pour l'Eglise catholique en Savoie. 

De fil en aiguille, je me suis senti appartenir à la communauté

Autre enjeu, et pas des moindres, pour l'Eglise : savoir intégrer ces catéchumènes à la vie de la paroisse. La fraternité qui est souvent une clé dans leur parcours de préparation. Et qui sera aussi essentielle pour la suite de leur chemin spirituel, après le baptême. "J'ai été invité à des événements paroissiaux, on m'a aussi sollicité pour donner des coups de main. Et puis il y a ces dames qui m'avaient repéré et qui prennent de mes nouvelles quand je vais à la messe... De fil en aiguille, je me suis senti appartenir à la communauté. Et elle me manque quand je m'éloigne !" témoigne Renaud, baptisé il y a un an à Meythet. "Nous essayons de rendre très visibles les catéchumènes. Et de mettre en place un réseau d'aînés dans la foi : des paroissiens qui acceptent de prendre des nouvelles d'un catéchumène, de le voir pour des temps informels, conviviaux. Il faut que la paroisse au sens large devienne accompagnatrice" témoigne Marie-Odile Jehl, engagée dans une paroisse du bassin annécien et au service catéchuménat du diocèse d'Annecy. "Ces nouveaux baptisés sont à leur tour témoins et missionnaires. Et ils portent des charismes que la communauté n'a peut être pas. Si elle sait les écouter, les incorporer comme membres à part entière, elle se renouvellera, grâce à eux !" conclut Roland Lacroix.