Pape François, préserver la vie au milieu de la “troisième guerre mondiale en morceau”
François s’est éteint au milieu d’un monde en guerre, un monde où le nombre de conflits n’a jamais été aussi élevé depuis la fin de la Guerre Froide. Face à ce constat, le souverain pontife mettait un point d’ordre à préserver le maximum de vie humaine. Investi dans la défense des migrants en Méditerranée, il mettait aussi un point d’ordre à rentrer en contact chaque soir avec la communauté catholique à Gaza. Mgr Antoine de Romanet, évêque aux Armées françaises, revient sur la politique diplomatique de François.
Le Pape François au téléphone avec Gaza, comme chaque soir © Vatican Media Media Les funérailles de François réuniront les dirigeants du monde entier à Rome. Parmi les personnalités attendues, Donald Trump, Volodymyr Zelensky mais aussi Emmanuel Macron. Un rappel que, en plus d’avoir réfléchi sur l’écologie, l’immigration, la famille, le Pape s’est aussi positionné avec l’Eglise sur les différents conflits qui ont marqué son pontificat. François évoquait une “troisième guerre mondiale en morceau” au sein de laquelle sa priorité était de privilégier la dignité de la vie humaine.
Un Pape bouleversé par la guerre
Chaque année sous le pontificat de François, le nombre de conflits dans le monde augmentait. François a également assisté au déclenchement des guerres en Ukraine et au Proche-Orient, conflits dont il a appelé à prier pour les victimes. Mgr Antoine de Romanet, évêque aux Armées françaises, nommé par François en 2017, rappelle que le contexte dans lequel François a exercé en tant que souverain pontife était très particulier. “On est en train d'assister à une situation de bouleversement des réalités internationales très frappante puisqu’on voit un affaissement des règles de droit, des capacités des organisations internationales à agir sur les grands sujets, et en parallèle un usage de la force de manière totalement désinhibée.” Face à cela François a de nombreuses fois pris position. “Le pape François a poussé un cri prophétique, insistant sur le drame absolu que représente toute guerre.” Le 25 février 2022, moins d’un jour après le début de l’invasion russe en Ukraine, il s’était rendu à l’ambassade de Russie à Rome pour exprimer son inquiétude. De même pour la situation à Gaza, le Pape appelait chaque soir la communauté catholique coincée dans la Bande.
Continuons à prier pour l'Ukraine martyrisée, où des hôpitaux et d'autres bâtiments civils sont également touchés. Prions pour la Palestine, Israël, le Liban, la Birmanie et le Soudan. Prions pour la paix dans le monde.
— Apostolica Sedes Vacans (@Pontifex_fr) November 10, 2024
François partait d’un principe simple “toute guerre est une défaite”, il n’y a pas de guerre juste. Dans cette logique, le souverain pontife œuvrait à promouvoir la paix. Mgr de Romanet se souvient de la manière dont le pape à réussi à négocier la déclaration d’Abou Dhabi, document sur la fraternité humaine cosigné par François et l’imam d’Al-Azhar Ahmed el-Tayeb. “ L'imam d'Al-Azhar était invité depuis longtemps au Vatican, mais il était extrêmement ratissant et il ne voulait surtout voir personne en dehors du pape. On lui aménage un parcours au sein du palais pontifical pour qu'il ne rencontre personne d'autre que le pape lui-même. Ils se rencontrent pendant une demi-heure, la durée prévue, et à la fin de l'entretien, le pape lui dit, mais au fond, qu'est-ce que vous faites pour déjeuner ? Et alors ils restent déjeuner ensemble. La conversation se prolonge jusqu'à 15 heures. Et c'est de ce déjeuner que va naître la déclaration d'Abu Dhabi.”
Défendre la vie humaine
Si le Pape François était aussi attaché à l’idée de paix, c’est sûrement parce qu’il l’était encore plus à l’idée de la dignité de la vie humaine. Pour Monseigneur Antoine de Romanet “l'histoire retiendra d'une manière absolument magnifique la manière dont le pape François, de façon prophétique, aura mis l'homme au centre de toute chose, voulant sortir de cet aspect strictement de puissance, de domination, cet aspect individualiste et matérialiste qui marque notre époque et que le pape dénonce à juste raison, à la suite de l'évangile, comme potentiellement mortifère.” Cette défense de la dignité humaine, certains la trouvent aussi dans le combat du pape contre l’avortement et l’euthanasie, pour la vie des migrants et des personnes âgées.
Décédé un Lundi de Pâques, après trois jours de cessez-le-feu en Ukraine, François n'aura pas eu à revoir la reprise des tirs et des assauts en Ukraine, alors qu'aucun accord de paix n'est encore envisagé.


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