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Palestine. "La reconnaissance ? C'est symbolique, parce que sur le terrain..."

Palestine. "La reconnaissance ? C'est symbolique, parce que sur le terrain..."

Un article rédigé par Florian PERRAY - RCF Anjou, le 23 septembre 2025 - Modifié le 24 septembre 2025
L'invité de RCF AnjouEtat de Palestine : "c'est une mesure symbolique" selon 2 Peuples 2 Etats

C'est officiel depuis lundi. Emmanuel Macron a officiellement reconnu, au nom de la France, l'Etat de Palestine lors de la 80ème Assemblée générale de l’ONU à New York. « Le temps de la paix est venu » a déclaré le président de la République français, estimant que cet acte est le moyen de parvenir à une paix totale au Moyen Orient. Une solution à deux Etats que préconise depuis de nombreuses années l'association angevine "2 Peuples, 2 Etats" et sa présidente Cécile Parent.

Cécile Parent, présidente de l'association 2 Peuples  2 Etats ©RCF Anjou 2024Cécile Parent, présidente de l'association 2 Peuples 2 Etats ©RCF Anjou 2024

RCF : Cette reconnaissance de l’Etat de Palestine, vous l’accueillez avec soulagement ?

Cécile Parent : Écoutez, je dirais que c'est un soulagement et en même temps une inquiétude parce que cette déclaration, ce discours qui était magnifique, très éloquent, très humaniste aura peut-être des répercussions qui ne seront pas immédiates. Donc, il peut y avoir des déçus et des furieux des deux côtés.

 

RCF : En France, le RN notamment a parlé d’un « cadeau fait au Hamas »….

CP : Voilà. C'est ça. On voit également l'extrême gauche qui trouve que ça ne va pas assez loin. Donc comme par hasard, les deux extrêmes se retrouvent pour critiquer cette initiative qui, pourtant, nous apparaît comme la seule perspective raisonnable d'une guerre sans fin. Parce que les autres solutions, ça serait ou bien un grand Israël, ou bien une grande Palestine de la mer à la rivière. Et il nous semble que ces deux solutions un peu totalitaires sont très injustes et très dangereuses.

 

RCF : Cette solution à deux Etats, est la seule issue possible pour sortir enfin de ce conflit ?

CP : Ça reste la seule solution. Elle est de plus en plus difficile parce que sur le terrain les choses ont changé depuis les « Accords de Genève » de 2004. Les colons sont de plus en plus nombreux et puis la haine a flambé depuis 2023 entre les deux camps et rend très difficile la nécessité de compromis avec l'adversaire qui est devenu un véritable ennemi.

 

RCF : Cette reconnaissance de la France d’un État de Palestine, c’est un acte fort ou plutôt symbolique, vu le peu de poids que la République française pèse dans cette guerre ?

CP : Je pense que c'est vraiment très symbolique. Cette déclaration ne va pas changer les choses sur le terrain, c'est certain, mais elle rappelle que ce compromis n'est pas impossible. Au fond, le cœur n'y est pas, chez aucun des deux peuples, mais c'est possible. Les plans de paix sont nombreux, et ils disent tous la même chose. Il y aura des oppositions très fortes dans le camp israélien de la part des nationalistes religieux et dans le camp de tous ceux qui soutiennent le Hamas qui veulent continuer la lutte armée.

 

RCF : Donc quand Emmanuel Macron nous dit « le temps de la paix est venu », ce n'est pas pour tout de suite ?

CP : Le temps de penser la paix est venu. On doit le répéter, on doit ouvrir des perspectives. Mais sur le terrain évidemment les choses ne vont pas changer. Au contraire, quelquefois on se dit que ça galvanise Netanyahou. Et puis le Hamas, malheureusement, prend la chose comme une grande victoire alors qu'en réalité un Etat palestinien n'est pas du tout dans les objectifs du Hamas qui est un mouvement islamiste qui envisage plutôt un grand califat musulman.

 

RCF: Si on en revient maintenant à votre association, votre but ça a été aussi de lutter contre l'importation du conflit en France, est-ce qu'aujourd'hui vous vous dites que malheureusement, c'est un peu loupé sur ce point-là ?

CP : Je crois que c'est vraiment très difficile parce que je pense que militairement le Hamas est vaincu. En revanche, politiquement, et surtout sur le plan international auprès des jeunes, il apparaît avec une aura tout à fait extraordinaire comme un mouvement de résistance qui soude au nom de l'anticolonialisme des foules. Donc évidemment, on est perçu toujours comme des centristes qui apparaissent aux yeux de certains pro-palestiniens, d'autres nous considèrent comme des pro-israéliens alors qu'en réalité on est partisan de l'existence de compromis entre deux peuples qui ont droit chacun à un État comme ça a été décidé en 1947.

 

RCF : Ça, on vous le reproche en fait d'essayer de donner la parole, d'essayer de trouver un juste milieu ?

CP : C'est ça. On nous reproche toujours de ne pas être clairs, de ne pas être assez offensifs pour la défense des Palestiniens. En réalité, nous pensons que nous sommes profondément pro-palestiniens. C'est-à-dire que nous ne voulons pas que le peuple palestinien soit entraîné dans la violence et le terrorisme et les guerres sans fin, mais plutôt qu'il se dirige vers un compromis.

 

RCF : Est-ce que le simple fait de parler de ce conflit-là, même localement, ce n'est pas déjà importer le conflit ?

CP : Absolument. C'est vrai. D'un autre côté, on ne veut pas laisser toute la place à ceux qui simplifient à outrance le conflit avec des analyses assez manichéennes où toutes les responsabilités seraient dans un camp. On ne veut pas entrer dans ce jeu-là qui consiste à mettre de l'huile sur le feu alors qu'il faudrait apaiser les tensions et ouvrir des perspectives.

 

Toute l'actualité de l'association Deux peuples, deux États est à retrouver via sa page Facebook. Une rencontre avec le politologue Samy Cohen devrait être organisée à Angers le 13 novembre prochain.

 

© RCF Anjou
Cet article est basé sur un épisode de l'émission :
L'invité de RCF Anjou
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