Page, suivez les mots !
Page, voilà un mot qui en cache deux, un au masculin, un page, et l’autre au féminin, une page. Aucun rapport entre eux, même si ce sont des homonymes. Celui qui nous intéresse est bien sûr celui que l’on décline au féminin. Eh bien on risque d’être surpris si l’on cherche à quelle famille étymologique il appartient…
Il appartient à la famille de ce mot si symbolique, la paix, a i x, pas la paie, a i e, encore que là aussi ce soit la même famille… Chercher l’origine du mot paix dans nos dictionnaires renvoie en effet au latin pax, pacis, la tranquillité. En fait ce mot paix lui-même ne manque pas d’ancrage dans la nuit des temps puisqu’il vient d’une racine indo-européenne, pak, pag, qui voulait dire enfoncer et faisant référence au fait de « fixer » quelque chose avec un pieu ». De là est née l’idée de fixer un accord par une convention. D’où l’idée ensuite de pacification et aussi comme l’un des moyens de ramener la paix, depuis des siècles a consisté à donner de l’argent, de là est issu le verbe payer.
Alors d’où vient la page. En fait, du pieu indo-européen, et de l’idée de fixer quelque chose on est passé en latin au mot pagina qui a désigné originellement une « rangée de vignes plantée en formant un rectangle », issue du verbe pangere désignant le fait de mettre des bornes, des pieux, et en l’occurrence planter des vignes de coteaux, en rectangle. C’est par comparaison de forme qu’est venu le sens d’une colonne d’écriture. Au départ, dans le fond, la page n’est autre en termes concrets qu’une tablette d’argile, déjà numérotée. Ce que l’on sait moins, c’est que ces tablettes étaient rondes pour un texte d’ordre économique, carrée pour un texte littéraire, et en forme de foie humain pour une lecture divinatoire.
Puis est venu le papyrus, on collait en long rouleau des feuilles de papyrus, constituant un volumen, d’où le mot volume pour un livre, et la pagina, la page, représentant la colonne d’écriture d’environ six à huit centimètres de largeur sur une hauteur de 25 à 45 lignes, avec bien sûr des variantes. On écrivait alors que d’un côté, puis ce fut le principe de pages reliées comme nos cahiers, le codex, où l’on écrivait de chaque côté de la feuille, d’où la page recto et la page verso. La grande aventure du livre commençait. Page, « unité de volume » disent les verbicrucistes. Et voilà bien sûr que je pense bien sûr aux volumes d’un dictionnaire !
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