« On nous a imposé le contrôle technique des motos, mais ça serait bien qu’on fasse également un contrôle technique des routes »
Samedi 19 avril au matin, la Fédération Française des Motards en Colère déployait sa journée « nid-de-poule », une action visant ces creux dangereux sur la route, pour alerter les pouvoirs publics sur la dégradation des routes et le risque d'accident qui en découle pour les usagers de la route. L’action réalisée ? Un rebouchage des nids-de-poule avec de la paille…et des œufs en chocolat ! Retour sur cette action à Rouen avec deux membres de la FFMC76 : Xavier Watteel, coordinateur adjoint, et Philsen.
©Louis VINCENTComment a été mise en place cette journée « nid-de-poule » ?
C’est la quatrième édition de cette journée suite à la constatation de nombreuses routes mal entretenues, donc l’idée pour nous c’est de mettre en avant les défauts d’infrastructure pour faire réagir les gestionnaires de la voirie et qu’ils soient proactifs, avant qu’il ne soit malheureusement trop tard.
Sur cette action ciblée à Rouen, un repérage a été effectué au préalable ?
Tout à fait. Nous avons effectué plusieurs repérages pour cerner les endroits les plus accidentogènes pour les usagers de la route : motards, vélos ou trottinettes électriques. D’ailleurs, l’année dernière il y a eu deux accidents graves dans le nord de la France. Une personne a été grièvement blessée à Pecquencourt suite à une chute sur un nid-de-poule en trottinette électrique. Et un décès est à déplorer également : une jeune femme qui a perdu le contrôle avec sa trottinette sur un nid-de-poule et qui a été écrasée par un semi-remorque. »
Vous en tant que motards, ne vous mobilisez pas que pour votre cause, mais également pour celle des deux roues, et aussi de tous les usagers en général ?
Exactement, car même en voiture, ces nids de poule sont de vrais pièges, qui entrainent des frais : roues, pneus. Dernièrement, à Mont-Saint-Aignan, vingt voitures ont eu des crevaisons, des jantes abîmées suite à une tranchée qui a été faite et qui a été mal rebouchée, ce qui a créé un nid-de-poule saillant. Il y a eu une vingtaine de plaintes. Sans parler des douleurs physiques qui apparaissent : en particulier au dos, à force de prendre des chocs répétés, en deux roues ou en voiture.
C’est une journée qui a une dimension nationale ?
Oui c’est une journée nationale. Des copains sont mobilisés dans tous les départements où nous avons des antennes. C’est une journée de communication pour nous sur l’état des routes. On nous a imposé le contrôle technique des motos, mais ça serait bien qu’on fasse également un contrôle technique des routes. Au niveau chiffre, le CEREMA en 2021 avait sorti une étude montrant que 30% des accidents mortels sur la route avait au moins un facteur dû à l’état de la voirie. »
Philsen, un autre membre de la FFMC76 réagit à cette journée :
Pourquoi c’est important pour vous de vous mobiliser ?
C’est pas pour nous ! C’est pour la sécurité des usagers. Encore récemment dans le 62 (Pas-de-Calais), il y a une trottinette électrique qui s’est pris un nid-de-poule et qui est décédée. Il y en a eu un aussi à Paris. Donc ça touche bien évidemment les motards, parce qu’on est très vulnérables, on n'a pas de carrosseries, mais ça touche aussi les vélos, les trottinettes, tout ce qui concerne les déplacements pratiques, les déplacements doux qui sont menacés par un mauvais entretien des routes. Et ici, dans la métropole de Rouen, c’est monnaie courante !
À Rouen plus qu'ailleurs ?
Toutes les villes sont touchées, mais il y a des villes qui sont plus ouvertes au dialogue. Quand la FFMC demande des rendez-vous avec des représentants de la Métropole, Monsieur Mayer-Rossignol, nous répond : « on peut prendre rendez-vous mais je ne changerai pas d’avis »... c’est une fin de non-recevoir ! Donc on laisse les routes en mauvais état au dépend de la sécurité des usagers.
