On fête les 100 ans de la tour Perret et de la Houille blanche à Grenoble
C’est une vieille dame qui a fêté ses 100 ans mercredi. Il y a un siècle, la tour Perret et le parc Paul Mistral étaient inaugurés à l’occasion de l’exposition internationale de la Houille Blanche et du tourisme. Focus aujourd'hui sur l'avancée du chantier de rénovation et le savoir-faire hydroélectrique.
La tour Perret a 100 ans ! (Photo : Ville de Grenoble)Il y a un siècle, la Tour Perret et l'actuel Parc Paul Mistral étaient inaugurés à l'occasion de l'exposition internationale de la houille blanche et du tourisme. C'est un édifice emblématique de la ville et la première tour en béton armé construite au monde en 1924, grâce à son architecte Auguste Perret. A cause du manque d'entretien, elle est fermée au public à partir de 1960 en raison de son délabrement. Ça ne l'empêchera pas d'être classée au titre des monuments historiques en 1998.
Voilà que depuis 10 ans, un projet de la mairie de Grenoble vise à la remettre en état afin qu'elle puisse accueillir de nouveau du public. Les travaux devaient se terminer pour les célébrations des 100 ans mais le chantier accuse du retard.
Entretien avec Claus Abfast, conseiller municipal délégué au projet de restauration de la Tour Perret.
RCF Isère : Où en sont les travaux de la tour Perret au cœur du parc Paul Mistral de Grenoble ?
Claus Habfast : Les trois-quarts du chantier sont réalisés. On a derrière nous 95 % du temps nécessaire pour ce projet qui a démarré il y a 10 ans. Il y a toute la partie haute au-dessus de la plateforme qui doit encore être rénovée, c'est un grand morceau. Mais il y a aussi l'ascenseur et après, il y a les finissions : il faut monter les portes vitrées en haut et en bas, l'électricité, les protections de sécurité... Tout ça dans un espace très contraint.
Bien sûr, on aurait voulu ouvrir pour le centenaire de la Houille blanche, cette grande exposition internationale. Mais la tour a été fermée depuis plus de 60 ans et elle va rouvrir pour des décennies, voire des siècles, donc prendre quelques semaines ou quelques mois de retard, ce n'est pas grave. Nous sommes assez certains qu'il n'y aura plus de surprises dans les travaux, le chantier s'est déroulé dans de très bonnes conditions. Il a pris quelques semaines de retard par rapport aux 26 mois qui avaient été projetés en novembre 2023 pour sa durée.
Pourquoi le chantier accuse du retard ?
C'est un chantier important, le coût des travaux avoisine les 10 millions d'euros. C'est pratiquement impossible de terminer les travaux dans le planning initial. Pour un monument historique et pour un chantier de cette ampleur, de n'avoir que quelques semaines de retard, c'est vraiment un exploit. D'autant plus que le budget est respecté, grâce au chantier test qui avait été fait dans la phase préparatoire.
À quand l'ouverture aux visiteurs ?
Il faut encore avoir les autorisations d'ouverture au public, aménager les espaces piétons, créer le jardin en contre-bas... Tout ça nécessitera quelques semaines. Je peux vous dire que ça sera en début 2026. Le nombre de visiteurs dans la tour est limité, car les lieux exigus, donc pas plus de 50 personnes à la fois dans la tour. Mais techniquement, la capacité de la tour est bien au-delà. On peut atteindre facilement les 100 000 visiteurs par an, mais on reste prudent avec une attente de minimum 50 000 pour la première année.
Grenoble, pionnière de l'énergie hydroélectrique
L'exposition internationale de la houille blanche et du tourisme est un succès à l'époque. 1,5 million de visiteurs viennent du monde entier pour visiter le parc entre mai et octobre 1925. La houille blanche est une expression créée par l'ingénieur hydraulicien Aristide Bergès, qui désigne la force hydroélectrique de l'écoulement de l'eau transformée en énergie électrique. C'est l'opposé de la houille noire, le charbon.
La région grenobloise et ses montagnes deviennent pionnières en compétences dans l'hydroélectricité. Elle est utilisée à l'époque dans la fabrication de la pâte à papier ou du ciment. Cette technologie permet même à la commune de Livet-et-Gavet, entre Vizille et le Bourg-d'Oisans, d'être la première commune de France à réussir à transporter de l'électricité.
Entretien avec Christine Gauchard, directrice générale de GEG, Gaz et Électricité de Grenoble.
RCF Isère : Fêter le centenaire de la houille blanche, c'est célébrer un savoir-faire local. Quel en est l'héritage que l'on garde aujourd'hui ?
Christine Gauchard : En fait, c'est la célébration de toute une histoire énergétique, d'un patrimoine, et des compétences autour de l'énergie, notamment hydroélectrique, de la région grenobloise. C'est une fierté parce qu'il y a tout un savoir-faire qui s'est développé. Et puis le fait qu'il y ait eu cette énergie ici dans les Alpes et autour de Grenoble, ça a permis tout un développement industriel et de connaissances aussi. On a tout un tissu d'écoles d'ingénieurs, notamment, qui sont très pointues encore aujourd'hui sur l'énergie comme Grenoble INP ENSE3. Et certainement que c'est lié à cette histoire centenaire de l'énergie et de l'hydroélectricité à Grenoble.
Et cette évolution, elle ne s'arrête pas. On est encore pionniers ici dans les Alpes sur les questions hydroélectriques. C'est une énergie d'avenir, même si c'est déjà la première des énergies renouvelables en France aujourd'hui. Il y a du potentiel pour optimiser les sites existants. Il y a encore des petites centrales qui se construisent aujourd'hui. Nous-mêmes, GEG, on développe et on construit des ouvrages hydroélectriques dans les Alpes. Et puis également sur des sujets d'avenir comme développer la flexibilité de l'électricité pour le système électrique. Au global, l'hydroélectricité peut apporter sa pierre à l'édifice avec des innovations.
C'est encore un sujet potentiel et un sujet d'avenir, l'hydroélectricité. Les ouvrages qu'on construit en ce moment, c'est dans les Hautes-Alpes, aux Orres (Hautes-Alpes), et sur la commune Les Belleville (Savoie).
Et pour célébrer le centenaire de la houille blanche, de nombreux événements sont organisés tout au long de l'année, et pour tous les publics : visites scolaires, expositions, conférences, spectacles, animations... Et encore bien d'autres que vous pouvez retrouver sur centenairehydro2025.org.


Chaque jour, une personnalité de la vie locale présente un événement ou revient sur une question d'actualité.


