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​Occupé, le théâtre Jacques Cœur reprend un peu vie
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​Occupé, le théâtre Jacques Cœur reprend un peu vie

Un article rédigé par Guillaume Martin-Deguéret - RCF en Berry,  -  Modifié le 2 avril 2021
Depuis le 23 mars, le CIP 36-18 a investi le théâtre municipal en signe de protestation. Les intermittents demandent notamment la réouverture des lieux culturels.
RCF - Le théâtre Jacques Cœur est occupé depuis le 23 mars dernier. RCF - Le théâtre Jacques Cœur est occupé depuis le 23 mars dernier.

Des mois de silence pour des endroits habitués aux échanges, à la musique et à la fête. Depuis le reconfinement à la fin du mois d'octobre 2020, les salles de spectacle ont du tirer le rideau face à une situation sanitaire difficile. Mais le 4 mars dernier, un vent de révolte est venu de Paris. Les intermittents ont pris leurs quartiers au théâtre de l'Odéon, pour demander la réouverture des lieux culturels. L'initative s'est rapidement propagée dans tout le pays. Environ une centaine de théâtres sont occupés à ce jour en France.


RCF - Quand on arrive au théâtre de Bourges, on comprend vite le message.

Le Berry, aussi dans la danse

Le mouvement a également été suivi en Berry. D'abord à Equinoxe, la Scène Nationale de Châteauroux, puis au théâtre Jacques Coeur à Bourges. Depuis le 23 mars, la coordination des intermittents et précaires du Berry (CIP 36-18) a investi le hall du monument historique. Une occupation durant la journée uniquement (10h-17h) en accord avec la mairie de Bourges.

C'est Mélanie Sharvi , membre du CIP 36-18, qui a lancé le mouvement. Metteuse en scène, elle a dû annuler pas moins de 40 dates cette saison à cause de la crise. Elle ne comprend pas la ligne de l'exécutif : "Pour nous c'est une décision politique, c'est absolument pas une décision sanitaire !" tranche l'intermittente. Et elle a ses arguments : "Les lieux de culture ne sont pas des lieux où il y a une transmission particulière du Covid-19. On ne comprend pas pourquoi on continue à nous maintenir fermé. C'est absolument inimaginable ! Il y a d'autres pays qui n'ont pas fait ce choix, comme l'Espagne..."


RCF - Les pancartes redécorent le hall du théâtre Jacques Coeur.

Un choix, des conséquences

Cette politique a bien-sûr des conséquences pour les artistes. Jean Frémiot est auteur photographe et fait partie des occupants du théâtre Jacques Coeur. Il ne possède pas le statut d'intermittent du spectacle et ne bénéficie donc pas de l'année blanche décidé l'an dernier par le gouvernement. La crise sanitaire l'a fait basculé dans la précarité : "L'essentiel de mes clients sont les événements. Vu que les événements n'ont plus cours depuis plus d'un an, je me retrouve à bientôt 50 ans, réduit à ne toucher que le RSA, sans pratiquement aucune activité". Difficile pour lui de se projeter dans le futur avec optimisme : "Je suis inquet pour mon avenir personnellement, parce que ma situation financière est catastrophique..."


RCF - Depuis un an, c'est le masque triste qui a pris le relais dans le monde de la culture.

Des revendications qui vont plus loin

Le mouvement dépasse désormais largement la sphère des artistes. Si les intermittents demandent évidemment la réouverture des lieux culturels et une prolongation de l'année blanche, leur principale revendication concerne maintenant la réforme de l'assurance chômage revenue dans l'agenda de l'exécutif ces dernières semaines et qui devrait entrer en vigueur le 1er juillet prochain, après avoir été repoussée à trois reprises à cause de la crise sanitaire. "C'est une réforme qui va diminuer les droits des chômeuses et des chômeurs qui a des critères d'accès beaucoup plus difficiles" précise Mélanie Sharvi. "En pleine période de crise sanitaire, cette réforme elle est odieuse, elle est inconcevable ! Elle amène une réflexion plus large : comment on fait aujourd'hui, vu qu'on est en période de crise, pour arrêter d'être systématiquement sur des droits attachés au contrat de travail, mais avoir des droits sociaux attachés à la personne ?"  


RCF - Une agora à quelques pas du théâtre, ouverte à tous.

Les manifestants ne restent pas dans les murs du théâtre Jacques Coeur et organisent plusieurs actions dans la ville, comme des agoras mais également des déambulations sur les marchés de Bourges et en musique, évidemment !

Reportage

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